L'antenne française du centre universitaire portugais Fernando-Pessoa, qui forme notamment des chirurgiens-dentistes à Toulon et Béziers, a gagné un premier round face aux syndicats professionnels qui viennent d'être déboutés par le tribunal de Toulon de leur demande de fermeture de ces sites.
"On va faire appel de cette décision" rendue le 27 février, a indiqué, mercredi, à l'AFP, Patrick Soléra, président de la Fédération des syndicats dentaires libéraux (FSDL) à la tête d'un front des dentistes et des étudiants contre une formation qu'ils estiment "sans garantie" sur la qualité de l'enseignement et qui, selon eux, ne vise qu'à contourner le numerus clausus limitant le nombre d'étudiants dans les formations de santé.
Une manifestation nationale le 14 mars à Paris
Les protestataires ne comptent pas en rester là et ont prévu de manifester le 14 mars à Paris sous les fenêtres de la ministre de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, à qui ils reprochent de ne pas les avoir suffisamment protégés.
En juillet, un amendement à la loi relative à l'Enseignement Supérieur et à la Recherche (dite loi Fioraso) visait à limiter l'implantation d'établissements de formation médicale privés, en renforçant les procédures nécessaires à leur ouverture, exigeant notamment un rattachement à un établissement hospitalo-universitaire français.
Cependant ces dispositions non rétroactives n'ont pu être invoquées dans le jugement toulonnais, déplore M. Soléra.
Du côté de la direction de l'antenne française de l'université portugaise, dénommée aujourd'hui Clesi (centre libre d'enseignement supérieur international), on insiste sur la conformité des formations proposées avec la réglementation européenne.
"L'Europe, depuis longtemps, a estimé que tous les diplômes européens, s'agissant des professions de médecin, de dentiste, de pharmacien, sont équivalents, et a donc consacré la reconnaissance de ces diplômes", a déclaré à l'AFP, son président, Bruno Ravaz.
Le CLESI veut ouvrir de nouveaux cursus en septembre 2014
Les antennes de l'université portugaise de La Garde, près de Toulon, et de Béziers dispensent actuellement des formations diplômantes en pharmacie, odontologie, psychomotricité, orthophonie, kinésithérapie et envisagent d'ouvrir à la rentrée prochaine des cursus en architecture et en criminologie.
Selon Bruno Ravaz, le Clesi est une réponse à un système de sélection français "dans le cadre du numerus clausus (qui) est horriblement contraignant". "Aujourd'hui environ un quart des praticiens français sont formés à l'étranger. Nous, on intervient pour que certains de ces Français qui ont échoué dans l'université française puissent accomplir leur vocation sans être obligés de passer cinq ans à l'étranger, en Belgique ou en Roumanie", affirme M. Ravaz, précisant que les cursus comportent deux années de cours en France, suivies de trois années au Portugal.
Une information judiciaire pour "tromperie sur les qualités substantielles d'une prestation" est actuellement en cours d'instruction, mais n'a débouché pour le moment sur aucune mise en examen, a souligné le président du Clesi.