Un ensemble d'immeuble de luxe devrait bientôt remplacer le casino de Valras-Plage en bord de mer, au sud de Béziers, dans l'Hérault. Ce projet privé, approuvé par la mairie, n'est pas du goût de tous. Des opposants tentent de casser les permis de construire.
Le vieux casino de Valras-Plage, près de Béziers, vit peut-être son dernier été : à l'automne, ce bâtiment centenaire devrait être détruit pour céder la place à des immeubles de luxe. Si sur le principe, nombre de valrassiens sont plutôt d’accord sur la nécessité de réhabiliter le quartier, en revanche le choix acté par la municipalité en dérange plus d'un.
L'an dernier, la mairie a validé un projet privé nommé "Archipel". Proposé par des promoteurs immobiliers locaux, il se compose de 3 immeubles :
- un premier bâtiment en front de mer avec 28 appartements répartis sur 4 niveaux,
- un immeuble haut de 9 étages, avec 50 appartements,
- une résidence sénior de 121 appartements haut de gamme s'élève sur 6 niveaux.
Des commerces doivent également s'installer au rez-de-chaussée de ces résidences.
Devant le fait accompli
Nombre d'habitants de cette station balnéaire ont découvert le projet au printemps dernier, lorsque les panneaux d'affichage et de publicité ont été installés sur le site.
C'est le cas de Brigitte Banegas, championne d'apnée valrassienne, qui est vent debout contre ces futures constructions. Cette habitante de la station balnéaire, qui fait partie d'un collectif de sauvegarde du littoral de Valras-Sérignan-Vendres, regrette que la municipalité ait choisi de "bétonniser" encore plus le littoral.
Cela fait 45 ans qu’à Valras, on est sur des bâtiments de un à trois étages maximum et là, on va passer à des immeuble de 10 étages comme ça, sans concertation, on demande rien à la population !
Le plus haut des bâtiments devrait culminer à 35 mètres, soit 10 mètres de plus que le vieux casino. Les riverains qui vivent derrière le futur chantier ont la désagréable impression de ne pas avoir eu leur mot à dire.
"Je juge le projet complètement opaque" affirme une habitante dont le jardin donne sur le parking en construction. "On n'a pas été prévenu du tout de ce projet qui est complètement disproportionné par rapport à l’architecture globale de la ville de Valras !".
Le non-respect de la loi littoral ?
Après avoir déposé deux recours gracieux auprès de la mairie, les opposants se tournent désormais vers la justice. Ils ont mandaté un avocat toulousain qui a déposé un recours devant le tribunal administratif de Montpellier le 2 juillet dernier.
Maître Frédéric Balaguer compte attaquer les permis de construire par le biais d'un défaut d'affichage légal et estime que "la loi littoral n'a pas été respectée" lors de l'élaboration du projet.
La commune au clair avec la loi
Des arguments et des attaques que le maire de cette station balnéaire de près de 4300 habitants réfute en bloc :
Concernant l'absence de concertation, il affirmait déjà en printemps dernier : "C’est un projet privé, donc je n’ai pas de concertation à faire ! Nous, ce qu’on y voit, c’est que ce projet va amener 1400 mètres carrés de surface commerciale, ce qui va drainer une certaine économie pour ce quartier qui en a besoin ".
Sur le plan de la légalité, Daniel Ballester -élu au premier tour en mars 2020- affirme que ce projet a été "instruit avec toute l’expertise et la neutralité de chacun des services instructeurs qu’ils soient municipaux ou de l’Etat."
En tant que maire, j’ai veillé à ce que toutes les règles soient respectées pour ce projet, comme pour les autres, sans exception. Ce projet entièrement privé peut plaire ou déplaire, mais en aucun cas, il ne s’affranchit des règles.
Pas d'irrégularités selon la DDTM
De leur coté, les services de l’État confirment qu'aucune irrégularité n'a été relevée dans les permis de construire, et qu'ils ne sont pas en contradiction avec le nouveau Plan de Prévention des Risques Inondations (PPRI), approuvé par arrêté préfectoral en date du 22 juin 2020.
Par ailleurs, la proximité des futurs immeubles avec la plage ne pose pas de problème au regard de la loi. D'une part parce que depuis la loi Allure, les communes peuvent construire dans "les dents creuses" (parcelle de terrain vierge, d’une superficie relativement modeste, entourée de constructions sur ses côtés) et d'autre part, parce qu' à Valras, la loi littoral ne peut pas s’appliquer.
Si les constructions ou installations sont bien interdites sur une bande littorale des cent mètres, en zone urbanisée, comme à Valras, cette loi littoral ne s’applique pas.
En attendant, le premier coup de pioche de ce vaste chantier immobilier est prévu pour septembre. Si la justice ne s'oppose pas à leur construction, les appartements devraient être livrés en 2023.
La plupart d'entre eux, vendus sur plans, aurait déjà trouvé acquéreur, même à 5000 € le mètre carré.