Depuis une vingtaine d'années, la ressourcerie de Bédarieux, la seule des hauts cantons de l'Hérault, ne cesse de s'agrandir. Une véritable caverne d'Ali Baba où travaillent sept salariés, très prisée des habitants qui s'y pressent toujours plus nombreux. À l'occasion des Journées nationales de la réparation, qui nous incitent à ne plus jeter nos vieux objets, France 3 Occitanie a passé une journée dans ce lieu à l'ambiance unique pour comprendre les raisons de son succès.
Avec le nouveau gouvernement, l'économie sociale et solidaire retrouve un ministère spécifique, mais amputé de 25% de son budget pour 2025. Une reconnaissance en demi-teinte, donc pour ce secteur qui, on le sait peu, représente 15% des emplois privés en France. Et il a le vent en poupe depuis que l'inflation grève nos porte-monnaie et que les Français cherchent à consommer moins et mieux. Témoin le succès de la Ressourcerie des hauts cantons de l'Hérault à Bédarieux. En près de 20 ans d'existence, elle s'est imposée comme un acteur incontournable du tissu local.
Vu de l'extérieur, le lieu a l'air modeste. Mais une fois passée la porte, une véritable caverne d'Ali Baba se révèle sous nos yeux. On vient ici de tous les hauts cantons de l'Hérault.
On repart rarement sans un vêtement, de la vaisselle, un jouet, ou un meuble, à l'instar de Franck Sellier. Ce client fidèle vient en compagnie de sa femme toutes les semaines. Cette fois, il repart avec un fauteuil presque neuf.
Il est nickel ! Pas besoin de le restaurer : ce fauteuil-ci est vraiment quasiment en état neuf. Franchement, pour 15 euros, c'est indiscutable : c'est une superbe affaire.
Franck SellierClient fidèle
Des objets qu'on ne trouve nulle part ailleurs
En moyenne, 200 personnes viennent chaque jour à la ressourcerie de Bédarieux pour déposer des objets ou en acheter, à prix toujours modique. Pour comprendre ce succès, il faut aller dans l'arrière-boutique, où travaille par exemple Johnny Mendes. Cet électricien a été embauché il y a un an pour tester les appareils donnés, avant leur mise en rayon. Il nous montre par exemple un téléphone très vintage, encore dans son emballage. Le combiné est en forme de... banane !
C'est typiquement le genre d'objets insolite que les clients adorent dénicher : "on a vraiment des objets qu'on ne trouve pas du tout dans le quotidien, qui sont un peu insolites, mais qui se vendent malgré tout. Tout se vend à la ressourcerie !"
Marie Pastor est une habituée. Elle vient chaque semaine de Saint-Gervais-sur-Mare, à 17 kilomètres de là. Et elle ne repart jamais sans rien : "je recherche ce qui me manque : de la vaisselle, des ustensiles, des vêtements, des chaussures, des couvertures. Je trouve toujours ce qu'il me faut, alors que si je devais aller en boutique, il faudrait que j'en fasse plusieurs. Ici, tout est réuni dans un même lieu".
Chiner, économiser et tisser du lien
Réaliser un gain de temps et d'argent, c'est ce qui séduit les adeptes de la ressourcerie de Bédarieux. Ce modèle économique fonctionne depuis près de 20 ans. Aujourd'hui, cette structure associative est à l'équilibre, avec un budget de 250 000 euros annuels. Elle emploie 7 salariés, en CDI ou en remplacement, comme Stéphane, enchanté de faire un métier qui, pour lui, a du sens.
J'adore l'ambiance. Presque chaque jour, je découvre quelque chose. Souvent, je ne sais pas du tout à quoi peuvent servir les objets et appareils qu'on nous amène. Ce sont les clients qui me renseignent et ça crée du lien.
StéphaneSalarié de la Ressourcerie des hauts cantons
L'indispensable soutien des bénévoles
Tisser du lien social, c'est l'autre mission que s'est donnée la ressourcerie. Pour ça, l'équipe de direction multiplie les partenariats avec les acteurs locaux pour des actions de solidarité, de développement durable, ou d'insertion.
Nous voulons montrer qu'on est locaux. On ne veut pas vendre sur internet, ça nous est égal de faire du chiffre pour faire du chiffre. Ce qu'on veut, c'est que la réutilisation des apports se fasse localement. C'est pour avoir ce maillage qu'on multiplie les actions avec les associations locales.
Bernard BascoulPrésident de l'association de la Ressourcerie des hauts cantons
Pour ça, on peut compter sur la douzaine de bénévoles au dévouement sans faille. Certains, comme Marie-Hélène Lavastre, alimentent la page Facebook de la ressourcerie pour informer le public des actions à venir ou des derniers arrivages.
Économie circulaire, sociale et solidaire
D'autres, comme Patrick Lefèvre, s'activent dans l'ombre. Ce passionné de deux-roues règne sur l'atelier de réparation vélo depuis la fondation du lieu. Sans ces bénévoles, avec pour seule subvention les 800 euros annuels alloués par la mairie, la structure ne serait pas viable.
Je suis assez écolo. Le gâchis, ça m'insupporte. Par ailleurs, en réparant ces vélos, on favorise les déplacements doux, non polluants. Et en plus, on fait une oeuvre sociale en les vendant très bon marché. Pour moi, tout est cohérent !
Patrick LefèvreBénévole de la Ressourcerie des hauts cantons
Sociale, solidaire et écologique : c'est la vocation de la Ressourcerie des hauts cantons. Ce qui n'est pas vendu sur place est recyclé par des entreprises locales spécialisées. Sur les 150 tonnes d'objets qui arrivent chaque année, seules 10 sont jetés. Alors en ces Journées nationales de la réparation, qui nous incitent à réutiliser nos vieux objets plutôt qu'à les mettre à la poubelle, allez donc faire un tour à Bédarieux.