Confinement oblige, les mariages doivent être reportés. Mairies et lieux de culte n'assurent plus les cérémonies. Mais ces événements se préparent souvent longtemps à l'avance. Entre déception, réalisme et organisation, comment les couples concernés et les prestataires réagissent-ils dans l'Hérault?
La salle de réception, les plans de table, le traiteur, le fleuriste…A quelques jours de leur mariage, tous les détails étaient réglés.
Mais le jeudi 12 mars, alors que le Président de la République s’exprime devant les Français, à Béziers, Paula et Guillaume sentent qu’ils ne pourront pas célébrer leur union comme prévu 9 jours plus tard, le 21 mars.
Le jour tant attendu…attendra
Emmanuel Macron annonce la fermeture des écoles pour le début de semaine, les rassemblements de plus de 1 000 personnes sont déjà interdits.Guillaume et Paula comprennent que la France est en train de prendre des mesures drastiques contre le coronavirus. Leur mariage attendra.
« On est forcément déçu. Ce sont beaucoup de préparatifs. La première nuit, on a du mal à digérer la pilule mais quand on prend un peu de recul, on se dit que la situation sanitaire est très grave. On relativise. Ce n’est qu’un mariage après tout » raconte Paula.
Dès le soir de l'annonce présidentielle, ils décrochent leur téléphone pour prévenir leurs 300 invités. Ils doivent venir de Belgique, de Corse, de Limoges ou encore de Rouen.On est forcément déçu mais on relativise
« Emmanuel Macron n’avait pas encore annoncé le confinement mais les consignes de distanciation sociale circulaient déjà. Nous n’avions pas envie de nous marier dans ces conditions. Les gens auraient pensé à l’épidémie, ils se seraient tenus à l’écart les uns des autres et auraient eu peur d’être contaminé. Ce n’était vraiment pas l’idéal. Finalement c’était un soulagement de repousser notre mariage. Je ne me voyais pas passer la bague au doigt de Paula avec des gants ! » ajoute Guillaume
Les invités prévenus, les futurs mariés doivent essayer de caler une nouvelle date.Je ne me voyais pas passer la bague au doigt avec des gants
La priorité c’est le lieu de réception. Ils ont réservé un château. La chance leur sourit. Il reste une date de libre, le 24 octobre. Un samedi !
« Dans le Sud il fait encore très beau à l’automne. Cette date nous convient très bien. On nous a proposé au départ le 2 mai. Nous avons refusé. En plus, les invités vont pouvoir garder les tenues qu’ils avaient prévu » conclut Paula.
Le casse tête des prestataires
Au château de Malmont dans l’Hérault où Paula et Guillaume devaient se marier, c’est en revanche la grise mine. Sur l’agenda de la propriétaire du domaine, 11 mariages étaient programmés entre le mois de mars et celui de mai.« C’est terrible. Nous étions complet jusqu’à la mi-novembre. Les clients qui ont des mariages prévus au printemps veulent reporter mais en 2021 nous sommes quasiment complet. C’est très difficile de trouver des dates d’autant plus que l’on ne sait pas comment le déconfinement va se passer. Il va se faire par étape mais c’est encore flou. Nous n’avons pas de date de reprise d’activité. C’est très compliqué à gérer » explique Frédérique Beauclair, la propriétaire du domaine.
Trouver des solutions pour ses clients est un véritable casse-tête mais ces reports sont aussi une perte d’exploitation pour ce lieu de réception.Nous n'avons pas de date de reprise d'activité
Car un mariage décalé prendra la place d’un autre mariage qui aurait pu être organisé à cette date. Frédérique Beauclair est inquiète. « Nous avons investi 4,5 millions d’euros dans la réfection complète du château. Aucune trésorerie ne rentre en ce moment. Notre situation financière est plus que délicate » affirme t-elle.
Difficile pour le moment de chiffrer ses pertes mais un mariage est facturé en moyenne 8 000 euros.
Travailler ensemble
Chez ce traiteur, on a déjà fait les comptes : 632 000 euros de chiffre d’affaire perdu en un mois.Mariages, congrès, séminaires…tout a été annulé et la plupart des week end de 2021 sont déjà saturés.
« Il nous faut travailler avec tous les prestataires, en équipe, afin de trouver la meilleure solution pour nos clients. Il n’y a que 52 samedi par an, il faut être plus souple et envisager des mariages et autres événements en semaine. Nous limiterons ainsi la casse et pourrons envisager une reprise positive » résume Bernard Cabiron, restaurateur et traiteur sur Montpellier.
Des oeufs de Pâques pour limiter la casse
Seule compensation à l’approche de Pâques, vendre des oeufs et autres poules en chocolat.Bernard Cabiron a rappelé 2 de ses 26 employés pour emballer les préparations fabriquées depuis février.
Mais avant de les mettre en vente, il doit les mettre en boîte. Séance photo obligatoire pour les cloches et autres cocottes. Elles seront ensuite mis en ligne. « Cela nous permettra d’avoir des commandes à distance. Nous allons mettre en place un système de drive pour que les clients puissent récupérer sans contact leurs marchandises et puissent profiter de Pâques, la fête du renouveau et de l’espérance » précise Bernard Cabiron.
Alors faute de mariage, Guillaume et Paula pourront toujours se rabattre sur les chocolats. Il paraît que c’est bon pour le moral.