Covid-19 : les producteurs d'huîtres de l'étang de Thau inquiets à l'approche des fêtes de fin d'année

Déjà ébranlés par le premier confinement, les 500 ostréiculteurs du bassin de Thau dans l'Hérault sont très inquiets à l'approche des fêtes, période où ils réalisent 70 % de leurs chiffres d'affaires. Les commandes tardent et les huîtres risquent d'être perdues. 

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" C'est le flou le plus total, on ne sait pas où on va !  Les marchés de Noël où l'on vend plusieurs tonnes d'huîtres en novembre et décembre sont annulés. Et nous n 'avons pas de commandes pour Noël. Nous avons tout de même embauché car il faut cueillir les huîtres maintenant", explique Romain Dupuy, ostréiculteur à Bouzigues. 

Romain Dupuy est éleveur d'huîtres nées en mer, il possède 8 tables qui génèrent 30 tonnes d'huîtres par an. Il vient de recruter 4 personnes pour préparer la saison des fêtes, sans réelle visiblité : " Je vends des huîtres en gros et en vrac, pour l'Atlantique, la  Bretagne, Arcachon. Je travaille avec 4 ou 5 gros marayeurs qui revendent ensuite, là les carnets de commandes sont à zéro. " 

Sans repas de famille, fêtes de comités d'entreprise, repas de fin d'année des associations, marchés de Noël pour cause de confinement, le marché de l'huître et des coquillage est au point mort. De novembre au réveillon du jour de l'an, les ostréiculteurs estiment  réaliser 70 à 80 % de leur chiffre d'affaires. Déjà éreintés par le premier confinement et malgré une bonne saison estivale, ils redoutent le pire. 
 

Le coquillage, c'est le côté festif. Si à Noël, il n y a pas de fêtes, je crains le pire pour la profession. 

Jean-Christophe Cabrol, vice-président du comité régional des conchylicultueurs


Pour l'heure, selon le comité régional des conchyliculteurs, seuls les petits producteurs qui peuvent faire les marchés tirent une petite épingle du jeu. Ceux qui vendent en gros aux restaurants ont vu leurs activités stopper net, certains arrivent tout de même à  fournir les grandes surfaces mais moins qu'avant la crise du coronavirus. Quand à ceux qui travaillent à l'exportation, c'est un très net ralentissement : " On exporte plus vers l'Espagne depuis le mois de mars, la Chine et l'Asie c'est quasiment zéro, seule l' Italie achète encore un peu nos huîtres", explique Jean-Christophe Cabrol.

" Tout est suspendu aux décisions du gouvernement pour la période des fêtes, et les plus impactées sont les petites entreprises familiales, " confirme Patrice Laffont, président du Comité Régional des Conchyliculteurs. 
  

Des stocks et des huîtres qui grossissent

Si Romain Dupuy à embaucher du personnel pour deux mois, c'est qu'il est temps de vendanger les huîtres. Des huîtres qui faute d'être vendues grossissent de jours en jours. 

"Pendant le premier confinement, on a eu des stocks sur les bras, on a laissé pousser les huîtres. Tout n'est pas écoulé malgré la mortalité que nous avons subie. Aujourd'hui, nous avons des huîtres trop grosses, des numéros 1 ou 0,  beaucoup moins vendables. Je suis donc obligé de récolter, mais on ne sait pas si on va vendre à Noël. Si ce n 'est pas le cas, je mettrai tout le monde au chômage partiel", explique l'ostréiculteur de Bouzigues. 
 


Au-delà d'un certains calibre, les huîtres ne peuvent plus être vendues et elles sont perdues. Certains bassins producteurs, dans le nord de la France ou au sein de l'Union Européenne, comme l'Irlande,  vendent de gros volume à moindre prix. ce qui inquiète Jean-Christophe Cabrol : " J'ai 12 tonnes d'huitres stockées. Je suis en train de chercher de nouveaux marchés, sans trop d'espoir. Certains ostréiculteurs bradent leurs huitres trop grosses, je m y refuse, je ne veux pas casser les prix et le marché , " explique-t-il à son tour. " Si je ne vends pas ces huitres devenues trops grosses, je ne sais pas ce que nous allons en faire..." 
 

Des aides nécessaires

Outre le dispositif national d'aide commun aux entreprises, pendant le premier confinement, les ostréiculteurs ont perçu une aide de 1 000 euros par table. Depuis le mois de septembre, la Région Occitanie, le département de l'Hérault et Sète Agglopôle ont mis en place un dispositif d'aides d'urgence. Les conchyliculteurs n'ont pas hésité à solliciter cette aide spéciale Covid. Selon le conseil départemental de l'Hérault, 370 entreprises, soit 80% des professionnels héraultais avaient déjà déposé un dossier au mois de septembre.  

Pour ce deuxième confinement, la bouffée d'oxygène pourrait venir de l'Europe : " Des aides nationales pourrait venir sur des crédits européens, des aides avec des critères spécifiques et proportionnelles aux pertes de chiffres d'affaires. Mais pas avant début 2021, il faut l'inscrire dans les textes européens, puis français, cela risque d'être long", conclut Patrice Laffont. 
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