Déconfinement : la réouverture des auto-écoles finalement entérinée

Dans l'Hérault comme ailleurs, les auto-écoles pensaient rouvrir lundi, puis mercredi. Après une dernière négociation houleuse mardi, l'autorisation remise en cause semble enfin entérinée par le gouvernement. 

Il faut avoir un moral d'acier pour se préparer au déconfinement avec ces incertitudes. Dans un premier temps, la Direction de la Sécurité Routière avait annoncé aux auto-écoles que seules les leçons pour les deux-roues reprendraient le 11 mai....


Ouvriront, n'ouvriront pas ?


Puis l'autorisation a été étendue à tous les véhicules des auto-écoles pour le 11 mai. Aux dernières nouvelles, la reprise était repoussée à demain mercredi 13 mai, mais le gouvernement n'avait pas encore signé le protocole de reprise.

Finalement, deux décrets parus ce mardi 12 mai interdissaient la réouverture des établissements recevant du public de catégorie R.

Les auto-écoles ne seraient donc pas autorisées à rouvrir, au grand dam des professionnels qui préparaient le déconfinement en s'équipant pour répondre aux normes de sécurité sanitaire.
 

Dernier rebondissement en fin de journée


On a appris vers 20h ce mardi de source syndicale qu'après de nombreuses discussions des organisations professionnelles, la réouverture serait finalement reprogrammée pour les auto-écoles dès demain. D'après le gouvernement, le décret pris mardi aurait mal été interprété...ou mal écrit. En tout cas l'exécutif se serait engagé à revoir sa rédaction.  L'autorisation d'ouvrir pour les auto-écoles n'est pas si simple et serait conditionnée par l'application de mesures de protections contre la contagion.


Le coup de gueule des responsables des auto-écoles


Sur le plan national, à la lecture mardi après-midi du décret peu clair remettant en cause l'ouverture, le président des Ecoles de Conduite de France et le président des CER (qui regroupe 500 auto-écoles) se fendent d'un communiqué commun et très énervé pour dénoncer ces altermoiements :
 

"Incompétence ou réelle volonté politique ?" s'interrogent Bruno Garancher et Patrick Crespo. "Alors que le Ministère de l’intérieur et la Délégation à la Sécurité Routière ont annoncé à grand renfort de trompettes le réouverture des auto-écoles et la reprise des examens du permis de conduire, deux décrets parus coup sur coup interdisent la réouverture des établissements recevant du public de catégorie R à l’exception des Centres de Formation d’Apprentis. Les auto-écoles, et plus globalement tous les lieux de formation (hors les écoles et collèges) sont donc fermés… jusqu’à nouvel ordre.
Alors, incompétence des rédacteurs des décrets, méconnaissance de la réglementation sur les ERP, ou souhait, pour des raisons sanitaires de différer l’ouverture de ces établissements ? La question reste entière", conclut le communiqué national, "tant les discours sont contradictoires en fonction des interlocuteurs contactés par la profession".


Le feu passant très vite du vert au rouge pour revenir au orange et finalement au vert, les auto-écoles de l'Hérault comme de l'ensemble de l'Occitanie ont peaufiné leurs installations pour recevoir le public avec un maximum de sécurité, que ce soit à l'intérieur des locaux ou à l'intérieur des véhicules.
 

Deux à l'avant d'une voiture : le challenge sanitaire des leçons de conduite


Pour l'accueil et les leçons de code, les mesures barrières que les auto-écoles mettent en place sont sensiblement les mêmes que pour l'ensemble des professions recevant du public dans des locaux : masques pour les sécrétaires et moniteurs en contact avec les candidats au permis de conduire, espace délimité pour chacun et public limité dans les couloirs et dans les salles réservées aux leçons de code. Plus du gel hydroalcoolique à disposition.
 


Et pour les leçons de conduite des deux-roues, la pratique en plein air limite considérablement les risques de contagion du coronavirus, surtout quand on porte le masque et... pourquoi pas, le casque intégral!

En revanche, c'est plus délicat pour les leçons de conduite en voiture. Par définition, le moniteur et l'élève sont forcément assis l'un à côté de l'autre à l'avant du véhicule, pour que le professionnel ait accès à la double commande des pédales.
 

 

"Dans les voitures, chacun aura un masque et une visière" explique Gérald Blanco, responsable de 4 auto-écoles dans le Biterrois. La conduite devra se faire fenêtres ouvertes, sans climatisation. Entre deux élèves, le véhicule sera désinfecté et la housse de siège jetable changée".
 

D'après Gérald Blanco, qui est aussi le représentant héraultais du syndicat Union nationale des indépendants de la conduite (UNIC),  les inspecteurs du permis de conduire (qui portent le nombre d'occupants du véhicule à 3 lorsqu'ils inspectent) auraient préconisé une cloison mobile entre l'élève et son moniteur. 

Une cloison rigide, en plexiglass, c'est exclu, commente Gérald Blanco, car l'inspecteur doit pouvoir intervenir à tout moment sur la conduite en cas d'imprévu. Quant à une cloison un peu souple, se déboitant au moindre geste d'urgence du moniteur, elle peut être source d'accident plus qu'autre chose".
 

Le coût de la sécurité sanitaire


Pour l'auto-école bitteroise qui a 4 ancrages (2 à Béziers, 1 à Sérignan et 1 à Magalas) la commande du matériel de sécurité pour la douzaine de salariés s'élève à 800 euros  pour 10 à 15 jours d'activité. Avec ce dispositif, Gérald Blanco espérait pouvoir reprendre l'activité totalement arrêtée avec le confinement. Il tablait sur une reprise aux 2/3, histoire de se familiariser avec les nouveaux processes. Quant à l'heure de conduite, elle serait forcément un peu écourtée puisque le moniteur devra procéder à la désinfection du véhicule entre deux élèves. 
 

Des incertitudes pour l'avenir 


Pour l'instant, les auto-écoles ne savent pas quand elle pourront rouvrir. Les premiers examens pour le code devaient démarrer dès lundi prochain. Quant aux annulations de charges promises par le gouvernement pour la période de confinement, elles seraient d'après les dernières annonces du gouvernment limitées aux TPE (très petites entreprises) de 10 salariés maximum.
 

A Béziers, l'entreprise de Gérald Blanco avec ses 12 salariés ne pourrait donc pas en bénéficier. Aucune marge non plus à attendre des banques puisque le prêt garanti débloqué par l'Etat pour le confinement a déjà été consommé.

D'après le responsable héraultais de l'UNIC, aucune faillite parmi ses adhérents pour l'instant. Toutes les auto-écoles héraultaises seraient prêtes à reprendre mercredi mais certaines seraient dans une situation critique et auraient déjà été contactées par des plates-formes numériques pour en devenir salariés.

 

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