A Combaillaux dans le nord-ouest de Montpellier, une collaboration écologique entre un viticulteur et une coopérative a donné une idée originale : recycler l'urine humaine comme engrais pour les vignobles. Un procédé qui devrait porter ses fruits.
Quand eau et urine forment un tandem inattendu dans le monde de viticulture. Dans le domaine de Combaillaux à moins d'une demie heure de Montpellier, l'irrigation au goutte à goutte des vignes se fait grâce à un mélange novateur. En effet, de l'urine est ajoutée à la traditionnelle eau pour rendre la vigne plus fertile.
Économique, écologique et efficace
Un technicien vient apporter l'urine pour la déverse sur les parcelles du viticulteur qui a accepté de jouer le cobaye pour le bien de l'environnement.
"On a mis des fumiers pendant des années pollués par des micro-polluants même bio. On est sur avec l'urine que la présence de micro-polluants est minime. C'est juste un problème d'acceptation sociétale. Le pipi-caca reste un sujet qui prête à discussion. Ca me pose aucun problème car ce sont des pratiques ancestrales. Pourquoi pas revenir à la simplicité de ce qui se faisait avant" explique Bruno Le Breton viticulteur à Combaillaux.
Le procédé permettrait de fertiliser au mieux les grappes de raisin du viticulteur.
Le fruit d'un partenariat de proximité
Bruno est en partenariat avec la coopérative montpelliéraine Ecosec.
La SCOP est dans une démarche de perennité et de projet à long terme. Elle construit et propose à ses clients des toilettes sans eau et des composteurs urbains dans une perspective éco-citoyenne.
On utilise un tiers de notre consommation d'eau pour évacuer nos urines qui sont des fertilisants. Elles finissent dans des stations d'épuration. Le retraitement de cette urine coûte une énergie considérable. Ce fertilisant peut être directement utilisé détaille Benjamin Clouet co-fondateur coopérative Ecosec.
Avec leurs toilettes sèches, il n'est plus nécessaire de passer par ce circuit très gourmand en énergie.
Il est possible de récupérer l'engrais jaune directement depuis la cuve.
Un moyen de dynamiser des échanges écologiques de proximité entre deux acteurs héraultais soucieux de laisser une empreinte écologique positive.
Sensibiliser la ville à ce type de pratiques
La petite entreprise a vendu 45 toilettes sèches dont une grande partie à Paris qui mène un travail de sensibilisation sur les usages écoresponsables.
Du côté de Montpellier, la ville joue la sourde oreille.
A Montpellier, Ecosec avait proposé d'installer des cabines pendant les Estivales afin de récupérer l'urine. Une proposition restée vaine.
Après le parvis de la @MairieDeParis75, Ecosec sur les Champs Elysées hier pour l'arrivée du tour de France!
— Ecosec (@EcosecFr) 30 juillet 2018
Boudés à @montpellier_, nos concepts raisonnent dans les municipalités réellement engagées dans l’écologie.@poleREALIS @Saurel_P @lucalbernhe @janninsteph @Rabii_Youssous pic.twitter.com/hjkZYSmnaa
La petite société a cependant pu installer ses quartiers au festival FNAC Live du 5 au 7 juillet sur le parvis de l'hôtel de ville de Paris.
Après @WeLoveGreen et @Solidays, @EcosecFr à la @MairieDeParis75 pour le FNAC Live, du coup on n'était pas à @montpellier_ pour les Estivales !
— Ecosec (@EcosecFr) 7 juillet 2018
Merci à @Anne_Hidalgo pour promouvoir l'écologie dans sa ville !@Saurel_P @lucalbernhe @poleREALIS @MontpellierNow @janninsteph pic.twitter.com/PgXtrhdtk1
Lorsque l'on sait que l'être humain produit quotidiennement entre 1 à 2 litres d'urine, cette collaboration n'aura pas de mal à durer dans le futur, pour le bien de la planète et de la qualité du produit viticole.
Au total, déjà 300 litres ont été versés sur la vigne et ce chiffre ne demande qu'à augmenter, comme ce type d'initiatives écoresponsables.
Le reportage de Florent Hertmann et Nicolas Chatail dans le vignoble de Combaillaux