Il s'était retiré dans l'Hérault après une vie militante hors du commun. Roland Leroy, résistant, député PC et longtemps directeur de l'Humanité est mort dimanche dernier à 92 ans. Clermont-l'Hérault et ses camarades de combat lui rendront un dernier hommage jeudi 28 février au stade de l'Estagnol.
C'est une figure emblématique du communisme français qui s'est éteinte dimanche à Clermont-L'Hérault. Roland Leroy, normand d'origine et directeur de l'Humanité pendant 20 ans, a fini ses jours dans l'arrière-pays en compagnie de sa femme Danièle, héraultaise rencontrée lors d'une réunion de cellule.
" Au début, l'idée du stade m'a choquée "
Pour son épouse Danièle, militante elle-aussi, comme pour de nombreux communistes, l'idée même du stade rappelle de bien mauvais souvenirs. Du Vel d'Hiv au stade de Santiago du Chili, ces lieux de sports transformés à l'occasion en lieux de persécussion et de torture ont des relents nauséeux.
Mais Clermont-L'Hérault ne possède pas de salle assez grande pour accueillir tous les anciens compagnons de route de Roland Leroy et les générations suivantes qui perpétuent sa lutte.
"Mais Roland militait sur les terrains de foot pendant la résistance"
C'est finalement ce souvenir du premier engagement de Roland Leroy, entré dans la Résistance dès l'âge de 15 ans, qui va persuader sa veuve d'accepter cet hommage au stade de l'Estagnol.
Et puis, même si c'est anecdotique, Roland Leroy adorait le vert des champs, nous confie sa femme. Et la pelouse du stade Estagnol a actuellement la couleur du bocage cher au député normand..."Quand il était dans la résistance, Roland faisait des coups : il arrivait dans les bals populaires, sur les terrains de foot, il faisait un discours, distribuait des tracs et repartait aussitôt."
Le parcours inlassable de l'ami d'Aragon
Engagé dans la Résistance à 15 ans durant la seconde guerre mondiale, Roland Leroy, ami du poète Louis Aragon, est ensuite devenu une figure du communisme français, en étant élu député de Seine-Maritime entre 1956 et 1958, puis entre 1967 et 1981, et enfin de 1986 à 1988.
Autodidacte, Roland Leroy a été responsable de la culture et des intellectuels pour le PCF et a écrit plusieurs ouvrages dont "Les Communistes et la création artistique" et "Lénine et l'art vivant".
Né le 4 mai 1926, à Saint-Aubin-les-Elbeuf (Seine-Maritime), d'un père cheminot et d'une mère ouvrière du textile, Roland Leroy a été employé à la SNCF jusqu'en 1947 avant de gravir progressivement les échelons au PCF.
France 3 Languedoc-Roussillon a eu la chance de rencontrer une dernière fois Roland Leroy il y a 4 mois, en octobre 2018, dans sa maison de Clermont-l'Hérault.
Témoin de son temps avec L'Humanité
C'est Fabien Roussel, le secrétaire national actuel du Parti Communiste Français qui a rendu hommage dès lundi à l'oeuvre de Roland Leroy à la tête de l'Humanité :
"Il s'incarnera parallèlement avec l'Humanité, journal qu'il dirigea durant 20 ans, en lui faisant franchir les transformations indispensables, en lui permettant d'ouvrir ses colonnes à des personnalités de premier plan à l'échelle planétaire, à l'image des grands entretiens qu'il mena avec Houari Boumédiène, Rajiv Gandhi, Fidel Castro ou encore Mikhaël Gorbatchev"
Pour ce grand témoin de l'histoire de notre temps, un autre hommage est organisé mardi 05 mars, à 16h30 au cimetière du Père Lachaise, devant ce mur des Fédérés où 147 combattants ont été fusillés lors de la Commune de Paris en 1871.