Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à Échirolles (Isère), ce mardi 26 novembre, pour exiger la mise en place d'un commissariat de plein exercice. Une revendication pour lutter contre le trafic de stupéfiants, soutenue par Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français (PCF).
Les visages étaient fermés devant la mairie d'Échirolles, en Isère. Et pour cause, la détermination est sans égale. Ce mardi 26 novembre, entre 200 et 300 personnes se sont mobilisées pour réaffirmer leur sentiment d'insécurité et revendiquer un commissariat de plein exercice sur la commune.
En proie à une "guerre des gangs" sur fond de trafic de stupéfiants, la ville d'Échirolles alerte depuis plusieurs mois sur le manque d'effectifs de police sur l'agglomération grenobloise. Un message une nouvelle fois martelé sur le parvis de la mairie : "Nous n'en pouvons plus du deal et de ses conséquences, qui pourrissent la vie des habitants", a déclaré Amandine Demore, maire communiste de la commune.
Le trafic de stupéfiants omniprésent
Actuellement, la ville d'Échirolles, d'environ 37 000 habitants, dispose d'un petit poste de police permettant seulement le recueil de plaintes, sur les jours ouvrés et en journée. Pour le reste des interventions, les forces de l'ordre sont envoyées depuis Grenoble.
Mais depuis le début de l'année, l'agglomération est le théâtre de plusieurs dizaines de fusillades. Une recrudescence de violences par armes à feu liée au trafic de stupéfiants qui inonde notamment la commune d'Échirolles. "Les habitants ont peur et n'osent plus sortir", raconte Pascale, 60 ans. "On entend des coups de feu même en journée", ajoute cette formatrice et habitante du quartier du Gâtinais où un homme a été retrouvé mort mi-novembre à proximité d'un point de deal.
Pourtant, plusieurs opérations "place nette" ont été menées ces derniers mois sur l’agglomération. Et depuis début novembre, 28 policiers ont renforcé les rangs de la police nationale à Grenoble. "Les opérations coup de poing déstabilisent, mais elles ne règlent pas les choses en profondeur", a commenté Amandine Demore. "L'installation d'un commissariat à Échirolles, ce n'est pas qu'un enjeu local, c'est un enjeu d'agglomération, qui traverse les quartiers, les villes. Cela transcende les étiquettes politiques", a-t-elle ajouté.
L'État sommé d'agir
Ce combat pour un commissariat de plein exercice, la ville d'Échirolles le mène depuis des décennies mais s'est vu refusé la demande à plusieurs reprises. La dernière réponse du gouvernement date de mi-novembre. Un courrier dans lequel Emmanuel Macron balaye l'idée d'implanter de tels moyens dans le sud-grenoblois.
"Je pense à tous ces maires qui se trouvent confrontés à des trafics qui grandissent dans leur commune. Ils n'ont pas les moyens de l'État pour pouvoir agir. L'État recule, les services publics reculent. Il y a de moins en moins de policiers dans nos communes, parfois de gendarmes", a déclaré Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, venu soutenir l'édile d'Échirolles.
À Échirolles, la municipalité a été contrainte de fermer l'immeuble "Le Carrare". Une résidence qui servait de point de deal et dans laquelle plusieurs appartements étaient squattés par les dealers. Pour des raisons de sécurité et de "danger de mort", Amandine Demore avait ordonné l'évacuation des habitants. Certains sont encore aujourd'hui logés à l'hôtel.
Il est plus facile de trouver un dealer qu'un docteur. C'est donc un problème de société profond. Il faut le réparer et ça ne peut pas reposer sur les communes, sur une police municipale ou de la vidéosurveillance.
Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français
Le patron du PCF demande aujourd'hui à l'État de prendre ses responsabilités : "Ces maires investissent déjà sur ces moyens de sécurité communale. Mais ça ne suffira pas, il faut des moyens d'enquête, de la police de proximité mais aussi des douaniers pour contrôler des frontières pour empêcher la drogue de rentrer dans nos ports, dans nos aéroports. C'est à l'État de mener ce combat et aujourd'hui, il n'y met pas les moyens."
À l’issue du rassemblement de ce mardi, les élus ont dévoilé une première pierre symbole de ce commissariat de plein exercice tant attendu. Après avoir sollicité de nouveau le ministère de l'Intérieur, ils seront reçus place Beauveau par Bruno Retailleau début janvier.