Confinement : témoignage d'une propriétaire de centre équestre au bord de la faillite dans l'Hérault

Une trésorerie dans le rouge, des annonces de sortie de confinement floues, les centres équestres traversent une crise sans précédent. Installée au bord du lac du Salagou dans l’Hérault, Madline Cherbonnel doute de pouvoir sauver son activité.

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« L’Attrape Rêve » est situé en bordure du lac du Salagou. Le paradis que la jeune femme a façonné avec la force de son travail ces dix dernières années pourrait bien disparaître.
Le centre équestre héberge 7 chevaux en pension et 16 autres en propriété. Aujourd’hui elle ne peut plus s’en sortir.

J’ai une surcharge de travail phénoménale, les chevaux ont besoin de manger, d’être brossés, il faut nettoyer les parcs,  les chevaux hébergés chez moi sont entièrement à ma charge aussi. En temps normal, ce sont les cavaliers propriétaires qui s’en occupe. Je suis à bout physiquement et moralement, affirme Madline Cherbonnel.

Depuis  le début du confinement, la jeune propriétaire ne compte plus ses heures. Le centre a beau être à l’arrêt complet, le travail auprès des animaux lui, ne s’arrête jamais. 


Presque pas de rentrée d’argent


Madline enregistre une perte de 85 % sur le mois d’avril. Les mesures de confinement ont coupé l’essentiel de ses recettes. 

Il n’y a plus de cours d’équitation, plus de stages, plus de balades autour du lac, habituellement les vacances de pâques, c’est une période pleine pour nous et là c’est la catastrophe, confie la jeune femme.

La source des revenus est tarie alors que les charges continuent à courir. 
"Les seules exonérations de charge qu’on a pu obtenir, ce sont les charges sociales mais on paye les charges de location, charges d’assurances, la TVA plein pot. Les primes annoncées sont dérisoires et en plus on ne les a pas touchées."
 

"Des promesses non tenues"


"Aucune entreprise ne fermera, nous vous soutiendrons jusqu’au bout " nous ont-ils dit, martèle Madline, en parlant du gouvernement. "Mais c’est faux. Ma situation est celle de très nombreux centres équestres. Et c’est pire encore pour ceux, qui comme moi, sommes liés aux flux touristiques".

La perte du mois d’avril, les pertes des ponts des 1er et 8 mai, un trou dans la trésorerie impossible à rattraper. La jeune cavalière ne peut plus faire face.

Je ne pourrai pas remonter ma trésorerie, je n’y crois plus. C’est important d’avoir d’avoir un fond de roulement , c’est ce que j’avais avant l’épidémie mais ça a fondu comme neige au soleil.

Dans un communiqué, le comité régional d'équitation d'Occitanie par la voix de son président Jacob Legros décrit "une crise sans précédent pour l'équitation".
« Il y a trois semaines, on a reçu un  communiqué du ministère permettant l’accès au centre pour nos cavaliers qui ont leurs chevaux en pension, et le lendemain un contre communiqué nous menaçait de sanctions pénales si l’accueil était fait dans de mauvaises conditions sanitaires. Du coup, je n’ai pas ouvert.  On n’a même pas de désinfectants homologués ici à Lodève, en pharmacie et en supermarché je n’en trouve toujours pas, explique Madline Cherbonnel.


Un déconfinement partiel


Le 11 mai l’accès au lac du Salagou sera autorisé aux pêcheurs et aux promeneurs mais les centres équestres sont toujours dans le flou.

«  Nous avons reçu une information indiquant la réouverture des activité sportives pour des groupes de moins de dix personnes. Mais si on peut organiser des circuits différents pour chaque groupe, on ne peut pas tenir les distances lors de la préparation des chevaux. On attend toujours des fiches techniques et on ne voit toujours rien venir ». 


Un avenir sombre

Madline envisage désormais de mettre la clé sous la porte cet été. « On n’a aucune certitude d’ activités estivales, perdre aussi juillet et août ce serait notre arrêt de mort. Qui va pouvoir venir en vacances dans la vallée du Salagou cet été? C’est un grand point d’interrogation. » 

La propriétaire de "l’Attrape Rêve" assure seule la gestion de son centre équestre. Pour la soulager un peu, sa mère lui donne un coup de main depuis mi-mars.
Madline attend la reprise, indispensable dit-elle mais à bout de force et la trésorerie en fin de course, elle voit l’avenir très incertain.

"10 années de travail acharné pour finir comme ça c’est dur, je m’accroche à une pauvre branche, peut- être qu’on y arrivera mais faut attendre", conclue t-elle.
 
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