Coronavirus Camargue : les grandes vacances pour les chevaux de centres équestres

Si les quelque 700 centres équestres d'Occitanie tendent le dos en attendant la fin de la crise sanitaire, le coronavirus rime avec grandes vacances pour les chevaux. Certains équidés goûtent ce retour à la vie en troupeau, dans les près. Exemple près de Nîmes, dans le Gard.

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Pour les chevaux du Mas du Muria, à Saint Laurent d'Aigouze dans le Gard, l'école est finie depuis le premier jour du printemps !
Voila deux semaines que Poney Shetland, Camargue ou Selle français ont retrouvé l'herbe fraîche et la vie en troupeau.

Ces chevaux ont l'habitude de vivre au grand air toute l'année, mais ce qui change avec le confinement des humains, c'est que tous  -chevaux d'élevage, de club, ou de propriétaire- sont logés à la même enseigne, dans la même prairie où ils évoluent désormais sans mors dans la bouche, ni selle sur le dos. 

Vivre à l'herbe, découvrir un nouveau pré, pour eux c'est le bonheur ! explique Virginie Barcelo.

En manque de caresses


La jeune femme s'occupe des cours d'équitation au sein du domaine; elle habite sur place avec ses enfants, son frère et sa femme et les grands-parents.

Une vie en autarcie avec trois palefreniers depuis que le confinement a été décrété et que la Fédération Française d'Équitation a demandé à tous les centres d'équitation de fermer leurs portes aux clients.

Depuis lors, tous les chevaux ont été mis à l'herbe, dans les prés. Pour eux, l'humain n'est pas devenu un étranger à fuir, bien au contraire !  A notre arrivée sur place, curieux, ils viennent se frotter à nous, humer caméra et micro.

"Ils sont un peu en manque, car quand on vient au pré, ils viennent tous nous voir, nous coller. Il y a un manque d'enfants, ils cherchent les ados, les cavaliers, ils ont envie qu'on les touche, qu'on les caresse",  explique Virginie Barcelo.

Pour preuve, Heidi, jument de trois ans élevée au biberon par la famille Barcelo après avoir perdu ma maman très jeune, ne nous lâche pas d'un sabot!

Elle perturbe discussions et interview en nous soufflant doucement dans le cou ou les oreilles, frotte son museau et sa tête sur les épaules, mordille la taille. Il faut souvent la repousser car elle peut devenir envahissante.

Ici, on l'appelle tendrement le pot de colle. A découvrir dans ce reportage signé I.Bris et E.Silvero :
 

Quatre naissances en mars

Le printemps, c'est aussi la saison des naissances dans les élevages de chevaux.

La crise sanitaire du coronavirus n'a pas bouleversé ce cycle naturel : quatre poulains sont nés il ya quelque jours au Mas de Muria.
 

C'est Matthieu, le frère de Virginie qui gère l'activité élevage avec sa femme dans ce domaine camarguais.

Même si son chiffre d'affaire est en chute libre, il se veut résolument optimiste, d'autant que la situation pourrait être pire.

L'un des atouts de notre centre, c’est de disposer de prairies, cela réduit dépenses mais au niveau des activités, on est comme tout le monde, à l’arrêt complet.


"J'en profite pour faire un petit clin d’œil à tous les cavaliers et à tous les pros qui sont dans le même cas que nous, on se revoit bientôt car tout va redémarrer, que ce soit les concours, les activités ! C’est vrai il fait beau, on a tous envie de monter à cheval mais soyons patients !" affirme l'agriculteur gardois.

En attendant, on ne chôme pas dans l'exploitation car il ya toujours des travaux agricoles à effectuer sans oublier d'entraîner les chevaux de sport en pension que les propriétaires n'ont pas pu rapatrier à domicile.

Ces "bêtes de course" n'ont pas l'habitude de batifoler en troupeau dans les prés et risqueraient de s'y blesser.
 
 

Les ventes très perturbées


Constance, la femme de Matthieu semble un peu plus inquiète que son mari. Elle fait travailler les chevaux destinés être vendus à des cavaliers, évalue leurs aptitudes.

"Avec les cours supprimés depuis début mars, les stages des vacances de Pâques annulés, il n'y a pas de rentrée d’argent. Les ventes de chevaux sont très perturbées car les éventuels acheteurs ne peuvent pas venir voir les chevaux sur place. Nous avons raté six ventes en mars. D'autre part, les chevaux perdent de la valeur en l'absence de concours..."

Alors ceux qui n’ont que les cours d'équitation pour vivre et qui louent leur centre équestre, je leur souhaite bon courage !!! résume -t-elle

 

"Une catastrophe économique"


C'est le terme employé par la Fédération Française d'Équitation :  "les clubs n’ont pas ou peu, de trésorerie et ne gênèrent aucune recette. Les charges d’entretien des structures, des chevaux, des poneys, la masse salariale, les frais liés aux équidés sont maintenus et souvent amplifiés. Pour l’heure, c’est une catastrophe économique pour l’ensemble de notre filière sportive." écrivait le 30 mars 
Serge Lecomte, le président de la FFE.

Le chiffre d’affaires annuel de l’équitation en France est estimé à 1,1 milliard d’euros. La FFE a fait ses compte : la perte de chiffre d’affaires collective pourrait s'élever à 100 millions d’euros par mois.


Cette équation très sévère sur le plan économique est mortifère pour la filière cheval.



L'Occitanie compte 700 centres équestres.

Comme partout ailleurs en France, depuis que la FFE a pris la décision de fermer toutes les structures hormis pour les gérants et personnels le 21 mars dernier, le travail est considérable car il faut sortir les chevaux et les nourrir, sans aucune rentrée financière.

Exemple à Nîmes, dans le Gard, au centre équestre des Costières avec ce reportage de Stéphane Taponier et Christelle Chabaud
 


Chiffres clés

 
  • La France compte 1,2 million de chevaux
  • L'équitation est le premier employeur sportif privé
  • La Fédération Française d'Equitation compte 9 000 adhérents : poney-clubs, centres équestres, organisateurs d’activités équestres et l’ensemble de leurs pratiquants.
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