Marc Leplongeon est le co-auteur du livre " Le chaudron français" (éditions Grasset) sur le départ en Syrie de jeunes de Lunel. Via Messenger, en 2016, il a eu une longue discussion avec Yassine, jihadiste, qui souhaite rentrer chez lui: "je peux vous égorger avec le sourire. Sale chien, mécréant.".

Les menaces : 

"Il a dit à certaines de nos sources qu'il voulait revenir en France. A d'autres qu'il voulait carrément commettre des exactions. Et à nous qu'il nous menaçait clairement. "Vous ne savez rien sur moi et que vous ne saurez rien à part que je peux vous égorger avec le sourire. Sale chien, mécréant." 

Les sources que l'on avait pu rencontrer à Lunel nous avaient que c'était quelqu'un d'instable. Un jihadiste lunellois, sur écoute téléphonique qui parle de lui comme quelqu'un d'un peu "taré" et certains évoquent des traits squizofrénes. Ce sont des impressions, ce qu'ont pu nous confier ses proches à l'époque." 


Que sait-on de Yassine ?

On sait très peu de chose car contrairement à certains de ces amis qui sont partis de Lunel, la DGSI avait pu intercepter certaines conversations téléphoniques qu'ils avaient avec leurs proches à Lunel. Ils ont évoqué certaines exactions qu'ils ont commises, certaines lapidations, etc.

Dans le cas de Yassine, c'est plus particulier car il n'était pas dans cette filière. Il est parti un peu en marge. il avait peu de contact avec les gens qui étaient le noeud de ce réseau. Ce qui fait qu'il est passé un peu sous les radars. On ne sait pas grand chose de ce qu'il a fait sur place. Il dit "je n'ai pas participé à des combats." et ça, selon nos informations, les autorités françaises ne sont pas en mesure de le confirmer ou l'infirmer.

Sur France 2, il se déclare comme une victime collatérale de tout ça. C'est à dire qu'il est parti là-bas, il a fait venir son épouse avec qui il a eu un enfant mais il précise que "je n'ai rien à voir avec tout ça." Nous, quand il nous a répondu sur Facebook, il avait des propos où il adhérait entièrement à l'idéologie de l'Etat islamiste, il n'y a pas de doute là dessus. 


Marc Leplongeon est le co-auteur avec Jean-Michel Décugis du livre "Le chaudron français" (édition Grasset). Sur les jihadistes partis de Lunel. Yassine vient d'être arrêté par les Kurdes et veut rentrer en France.


Un petit délinquant


A Lunel, c'était un petit délinquant, puisque son père dira à la police au moment où il est parti, qu'il devait l'accompagner au commissariat pour une petite affaire de violence. Il était très proche de son frère, très peu radicalisé. D'après ses proches, il ne faisait pas du tout la prière. Il avait des facettes de personnalités différentes selon les gens auxquels il s'adressait. 
 

Un retour en France ?


Bon nombre d'experts disent qu'il faudrait le faire revenir. En France, au moins, on serait maître de son destin. Une fois qu'il serait en détention provisoire et éventuellement condamné par la justice française, il serait en prison. Et donc, on saurait où il est.

Par contre, s'il devait être jugé sur place, c'est une zone politique instable, et on ne sait pas trop ce qu'il adviendrait de lui, ce qui pourrait être plus dangereux pour la France que si on le détenait sur notre territoire.
 

Pourquoi Lunel ?

C'est Trappes qui détient le record. Simplement, à Lunel, il y a eu un phénomène incroyable puisqu'on se retrouve avec une petite ville de campagne, entre Nîmes et Montpellier et qui ne répondait pas, a priori, aux codes des banlieues françaises. Et en fait, on a vu qu'il y avait un terreau très fertile à l'islamisme, à la radicalisation, depuis la fin des années 90.

Selon certaines notes des Renseignements généraux que l'on s'est procurées, on nous disait que le noyau de Lunel était le plus radical de France à cette époque là. Donc, ces jihadistes ne sont pas tombés de nulle part. C'est issu d'une véritable tradition religieuse avec une mosquée qui a été pendant des années hors de contrôle.

Ensuite, on a eu un rejet de ces populations musulmanes et ça s'est transformé en un véritable apartheid social au sein de Lunel."

 

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