Il y a tout juste un an, une première expertise de la vidéo du match concluait à "une carence volontaire indéniable du niveau de jeu". Mais fin novembre 2013, elle était annulée pour vice de procédure. Les 2 experts nommés en février 2014 parlent eux de "curiosités ne pouvant être innocentes".
Un nouveau pré-rapport d'expertise accrédite les soupçons de trucage du match de championnat de France de handball Cesson-Montpellier du 12 mai 2012, révèle mardi le journal L'Equipe.
Selon ce pré-rapport, dont seules les conclusions ont pour l'instant été transmises aux parties, "nombre d'indices, données statistiques ou comportementales apparaissent pour le moins originaux, curieux, atypiques" et "interpellent" les auteurs.
Invité du 12/13 de France 3 Languedoc-Roussillon, ce mardi midi, Rémy Levy, le président du MAHB a refusé de commenter les conclusions du pré-rapport publiées aujourd'hui. Pour lui et pour le club, "il faut tourner le page de cette affaire et aller le plus vite possible vers la manifestation de la vérité. Il est temps que la justice donne un verdict".
Selon nos confrères de lequipe.fr, l'hypothèse d'un match raté n'est pas à exclure, mais...
Ce rapport, s’il se montre moins définitif que le premier, annulé à la suite d’un vice de forme, et souligne que l’hypothèse d’un match raté du MAHB n’est pas à exclure, note cependant des "curiosités".
«nombre de d’indices, données statistiques ou comportementales apparaissent pour le moins originaux, curieux, atypiques et à ce titre nous interpellent», disent les experts. «Il en est ainsi de la distribution des pertes de balles nombreuses et exclusives sur la première mi-temps, leur signification vis-à-vis de moments que nous avons qualifiés de curieux, la faiblesse du nombre de contre-attaques et à l’inverse le nombre important de Long Position Attack, l’attitude différentielle des gardiens entre les deux mi-temps concernant la relance ou certaines attitudes peu duellistes, une certaine naïveté voire passivité en défense.».
Et les 2 experts de conclure :
«En conséquence, notre intime conviction est qu’une telle convergence d’indicateurs anormaux, une telle différence d’engagement, de vitesse dans le jeu notamment entre la première et la deuxième mi-temps du match expertisé est trop curieuse pour être innocente et conjoncturelle.».
La nouvelle expertise penche vers le trucage
Les experts évoquent notamment à l'appui de leurs conclusions "la distribution des pertes de balle nombreuses et exclusives sur la première mi-temps, leur signification vis-à-vis de moments que nous avons qualifiés de curieux, la faiblesse du nombre de contre-attaques", ainsi que "l'attitude différentielle des gardiens entre les deux mi-temps" ou encore "une certaine naïveté voire passivité en défense", d'après L'Equipe, qui cite le pré-rapport.
Ce document, sur lequel les parties ont un mois pour émettre leurs observations, a été écrit par un ancien arbitre international, Nordine Laazar, et le formateur en analyse vidéo dans la pratique sportive de haut niveau Johann Rage.
"Le principe même d'une expertise dans ce domaine est complètement absurde et illustre le fait que la justice essaie d'étayer l'accusation car le dossier est bien léger", a réagi auprès de l'AFP Me Mickaël Corbier, l'un des défenseurs de Nikola Karabatic et de son frère Luka, mis en examen dans le dossier mais qui n'ont pas joué le match en question.
Dans cette affaire, 17 personnes, soupçonnées d'avoir parié quelque 88.000 euros sur le score à la mi-temps (15-12) du match, sont mises en examen, dont huit joueurs de Montpellier à l'époque.
"Si on commence à vouloir qualifier des contre-performances sportives, on va trouver curieux telle ou telle défaite forcément, à partir du moment où elle est inhabituelle, a-t-il souligné, évoquant dans ce cas "tout simplement un match mal joué par Montpellier".
Il s'agit du deuxième rapport demandé par la justice. Le premier, rédigé par l'expert comportementaliste Pierre Sallet, avait également conclu à "une carence volontaire indéniable du niveau de jeu", avant d'être annulé en novembre 2013 par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Montpellier.