Ville bloquée à Carcassonne, la DDT murée à Mende, vieilles souches déversées devant la préfecture de Perpignan : les agriculteurs de la région multiplient les actions en ce jour de manifestation nationale.
Les agriculteurs se sentent incompris, accablés par les contrôles et les réglementations.
Ils comptent bien le faire savoir ce mercredi, les organisateurs craignant des débordements malvenus après la mort d'un militant écologiste sur le barrage de Sivens.
Le syndicat majoritaire FNSEA et les Jeunes Agriculteurs avaient appelé dès septembre à cette mobilisation. Depuis les Chambres d'agriculture, qui ont vu leur budget amputé par l'État, se sont greffées à l'action.
Et surtout, entretemps, le barrage de Sivens a ravivé l'exaspération, les agriculteurs de la FNSEA défendant un projet légitime selon eux et destiné à irriguer des terres agricoles.
Les actions en Languedoc-Roussillon
A Mende, 100 à 150 agriculteurs ont muré mardi soir les locaux de la direction départementale
du territoire (DDT) de Lozère.
Les manifestants se sont rendus vers 21H30 devant le siège de la DDT, dont ils ont entrepris de murer toutes les issues avec de grands morceaux de contreplaqué qu'ils découpaient sur place avec des tronçonneuses.
En présence de la présidente de la chambre d'agriculture, ils ont également enrubanné tout le bâtiment avec du ruban agricole utilisé habituellement pour faire des bottes de paille.
"Ce qu'on veut dire, c'est que la DDT, qui est le représentant de l'Etat et du gouvernement, est clairement un frein à l'agriculture. Notre slogan, c'est DDT
murée, agriculture libérée", a expliqué Julien Tuffery, président des Jeunes agriculteurs de Lozère.
"Les agriculteurs souffrent atrocement des prédations du loup", a aussi déploré Olivier Boulat, président de la FDSEA de Lozère, évoquant
un plan loup "jamais réalisé" en France.
A Carcassonne (Aude), vignerons et céréaliers ambitionnent de bloquer la ville jusqu'à 17H00.
L'appel à manifester dans le calme
Depuis septembre, le gouvernement a tenté de donner des gages aux agriculteurs.
L'écotaxe a été enterrée, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a procédé au versement fin octobre par anticipation de 3,4 milliards d'euros d'aides de la Politique agricole commune (PAC). Et encore mardi, il a promis un guide pour favoriser l'achat de produits alimentaires français dans les marchés publics.
Mais la mobilisation a été maintenue car l'inquiétude demeure. Et surtout depuis l'incendie d'un centre des impôts et de la Mutualité agricole à Morlaix dans le Finistère, la FNSEA craint d'être dépassée par sa base et veut reprendre l'initiative.
"Pour canaliser" la tension sur le terrain, le syndicat "a compris qu'il fallait des actions de masse comme celle d'aujourd'hui", analyse le sociologue François
Purseigle, qui parle lui d'une "crise de reproduction sociale" d'une profession qui a de plus en plus de mal à transmettre l'outil de production.
Craignant que les manifestations ne dégénèrent, les responsables syndicaux ont d'ailleurs multiplié les appels au calme.
"J'appelle à ce que cela se passe bien (pour que) les événements douloureux des derniers jours ne laissent pas la place à des débordements", insiste Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA.