L'affaire est délicate puisqu'elle implique 2 agents secrets français. Ils sont décédés en 2009 à Espira-de-L'Agly dans les Pyrénées-Orientales, lors d'un entraînement. Un accident du travail peu banal.
Un instructeur est jugé, mercredi, à Montpellier, pour homicides involontaires, deux agents du service action de la DGSE ont trouvé la mort à l’entraînement, le 30 mars 2009 à Opoul-Périllos dans les Pyrénées-Orientales.
"Imprudence", "laxisme", "force de l'habitude" sont au centre du procès d'un sergent qui comparaît mercredi devant le tribunal correctionnel de Montpellier
pour homicides involontaires après la mort de deux militaires de la DGSE lors d'un exercice en 2009 vers Espira-de-L'Agly dans les Pyrénées-Orientales.
L'adjudant Nicolas Poinot, un formateur de 35 ans, et le soldat de 1re classe Guillaume Gras, un stagiaire de 22 ans, sont morts le 30 mars 2009 dans l'explosion d'une voiture pendant un exercice de sensibilisation aux effets des charges d'explosif lors d'un stage de formation sur les techniques de protection rapprochée.
Ils appartenaient au Centre parachutiste d'instruction spécialisé de Perpignan (CPIS), l'un des trois centres - avec Cercottes et Quelern - de formation du service action de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), les services de renseignements français.
Egalement membre du CPIS, le sergent Thomas Bouffard, bientôt 39 ans, militaire depuis 17 ans et bien noté, est soupçonné d'avoir procédé à une mise en oeuvre trop précipitée de l'explosif, sans ordre de son chef et sans s'être préalablement assuré de la mise à l'abri des participants.
Un non-lieu a, en revanche, été accordé à M. Bouffard pour "violation de consigne par militaire", chef de mise de mise en examen qui avait été retenu à son encontre en même temps qu'homicides involontaires, a précisé une source judiciaire.
Deux autres militaires, un lieutenant-colonel et un commandant, témoins assistés pendant l'instruction, ont bénéficié d'un non lieu dans ce dossier.
10 kg d'explosif
L'accident s'est produit au CPIS sur le champ de tir d'Opoul. Après trois premières explosions sans incident avec de faibles charges (15 grammes, 100 grammes et 200 grammes), une quatrième avec 10 kg d'explosif a été préparée près du véhicule.
Selon les enquêteurs, tandis que Nicolas Poinot est resté avec Guillaume Gras, Thomas Bouffard accompagné d'autres stagiaires a regagné l'abri, sans visibilité sur le véhicule.
Le sergent a raconté qu'il avait attendu environ une minute, avait ensuite demandé "si tout le monde était là", qu'il avait entendu "oui c'est bon", avait alors entamé un bref compte à rebours (de 3 à 0) avant de déclencher la mise à feu.
Toutefois, selon les investigations, si les deux instructeurs étaient "expérimentés, spécialisés en explosifs et disposaient des qualifications requises", des erreurs ont été commises par des hommes qui "s'étaient liés d'amitié et avaient l'habitude de travailler ensemble en totale confiance".
Pour sa défense, le sergent Bouffard, arrivé au CPIS en 2005 et qui a reçu un blâme après l'accident, a parlé du "laxisme d'un commandement qui se repose beaucoup" sur les subordonnés. Il a également mis en exergue "un climat d'excès de confiance dans ce service d'élite".
Mais pour la justice, ces allégations de laisser-aller ne doivent être prises en considération que pour apprécier l'étendue de la responsabilité d'un prévenu
"trahi par la force de l'habitude", "l'imprudence" et "l'inattention".