C'est la dignité des victimes qui aura marqué ses trois jours. Elles ont parlé peu au milieu de débats techniques sur la responsabilité des militaires et la notion de risque. Mais la haine et la colère semblent apaisées. Trois jours d'une intense émotion. Délibéré le 13 mai.
A l'abri des regards dans un coin de la salle des pas perdus du tribunal de Montpellier, ils échangent leurs adresses, les paras du 3 impliqués dans le drame du 29 juin 2008 et les victimes. Un échange impensable il y a quelques jours. Mais il y a eu ces trois jours de procès d'une tenue exceptionnelle près de cinq ans après les faits.
Juste après les plaidoiries des avocats de la défense, chacun des 5 prévenus s'est exprimé une dernière fois.
Et c'est le colonel de Vignaux en offrant aux victimes sa souffrance puis en s'adressant aux jeunes en les invitant à lui poser toutes leurs questions qui a en partie provoqué cet échange à la sortie de l'audience.
Lui qui a quitté armée et famille juste après le drame.
Le sergent Vizioz, l'auteur des tirs à balles réelles qui a toujours reconnu sa faute a remercié avec émotion tous ceux qui l'ont considéré avec respect " cela n'a pas toujours été le cas" glisse-t-il en faisant référence à son éviction du 3 ème RPIMa.
Le lieutenant Allard a rappellé qu'ils étaient entraînés à tout sauf à tirer sur des civils, victimes innocentes.
Le colonel Peyre les larmes aux yeux a assuré aux victimes que leur sort est désormais lié.
De la prison ferme pour Vizioz
Le procureur de la République a requis 2 ans de prison dont 18 mois avec sursis à l'encontre du principal auteur des blessures, le sergent Vizioz. il a demandé des peines de prison avec sursis pour ses supérieurs et le capitaine en charge de l'organisation de la démonstration.
Pendant trois jours on a beaucoup parlé de ces stocks de munitions irréguliers, des opérations qui nécessitaient cet entraînement au réflexe conditionné. On a décrit ce GCP groupement commando qui dépendait de la 11 ième brigade de Toulouse mais aussi du régiment parachutiste de Carcassonne. Cette vingtaine d'hommes, tireurs d'élite qui inspirait admiration mais jalousie. Ils ont détourné des munitions en toute illégalité entre 5 000 et 15 000 selon les versions de quoi entraîner tout le régiment pendant une semaine.
Des victimes dignes
Derrière eux au fond de la salle, les victimes. Seize blessés, des mères de familles, des enfants devenus adolescents ou jeunes adultes et des hommes qui ont perdu leur travail. Ils ont pu s'exprimer un cours moment à l'audience pour dire la douleur " Vous dites que vous vivez avec, nous on le vit." a lancé l'une d'elle.
La mère du petit garçon Gabriel gravement touché au bras a expliqué aux paras du 3 "Gabriel ne sera jamais pompier, il n'aura pas les bras du sergent Vizioz. Il a perdu confiance dans les hommes depuis le drame alors il faut que ce tribunal lui redonne confiance"
Des femmes, des hommes qui garderont à vie dans leur chair la marque de ses balles tiré en rafale dans leur direction ce dimanche 29 juin 2008.
Les victimes sont restés particulièrement dignes.
Est-ce à cause de la proximité de toujours entre civils et militaires dans cette ville de Carcassonne ? Est-ce parce qu'elles ont mis un visage sur ces hommes masqués qui étaient acteurs de cette démonstration dramatique ? est-ce que parce que chacun a peu se rendre compte de la souffrance de l'autre ?
Quelqu'uns ont réussi à échanger leurs coordonnées après l'audience de ce vendredi après-midi.
"L'impensable, l'inimaginable est survenu. Mais le code pénal parle de prévisible." disait Me Dassa
Le jugement du tribunal correctionnel chargé des affaires militaires sera rendu à Montpellier le 13 mai à 14 h 00.
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