La Grande Guerre et ses compositeurs seront à l'honneur du Festival de Radio France et Montpellier, dont le coup d'envoi coïncide avec la finale de la Coupe du monde de foot, occasion d'un concert reprenant les "tubes" des champions historiques, de Bizet pour la France à Villa Lobos pour le Brésil.
Que les mélomanes amateurs de foot se rassurent: ce concert d'ouverture, le 13 juillet, débutera exceptionnellement à 18H30 (au lieu de 20H00) et se terminera à temps pour le coup d'envoi du match, ont souligné mercredi les organisateurs du festival.
Le concert de l'orchestre symphonique de Barcelone avec Pablo Gonzalez à la baguette et la soprano franco-nigériane Omo Bello sera retransmis sur écran géant Place de la Comédie.
Le plus grand festival classique de France, avec 180 concerts (90% gratuits, et pour la plupart retransmis en direct sur France Musique), rend particulièrement hommage à Maurice Ravel.
Cet humaniste, qui refusa d'adhérer à l'anti-germanisme primaire dans lequel avaient sombré un Saint-Saëns ou un Debussy lors de la Grande Guerre, chercha désespérément à s'engager dans l'aviation militaire mais fut recalé du fait de son petit gabarit.
Il réussit finalement à se faire enrôler en 1916 comme conducteur de camion, et c'est depuis le front qu'il refusa, au risque de voir ses oeuvres bannies, de prendre part à la "Ligue nationale pour la défense de la musique française" qui interdisait la diffusion des oeuvres allemandes et austro-hongroises.
Une soirée lui est consacrée le 18 juillet à 20H00, avec notamment "Le Tombeau de Couperin", ensemble d'oeuvres dédiées à ses amis tombés au front.
L'orchestre national de Lille donnera aussi le 21 juillet, parmi plusieurs oeuvres, le "Concerto pour piano et orchestre en ré Majeur pour la main gauche" composé pour le pianiste autrichien Paul Wittgenstein, amputé du bras droit pendant la guerre. Plusieurs concerts "autour de 14" permettront de redécouvrir Louis Vierne, Joseph Boulnois, Gustave Samazeuilh, ou la sonate pour piano d'André Devaere, fauché à 24 ans.
Le festival dédie deux concerts aux "compositrices pionnières", de Hildegard von Bingen, abbesse de l'abbaye bénédictine de Disibodenberg au XIIè siècle et auteur de 77 pièces, et Hélène de Montgeroult, première femme professeur au tout nouveau Conservatoire en 1795, à Clara Schumann et Fanny Mendelssohn.
Parmi les opéras méconnus seront donnés cette année "Zingari" (Les Tsiganes), un opéra du vériste Leoncavallo créé en 1912 à Londres, et "Caterina Cornaro", le seul grand échec de Donizetti, en raison semble-t-il d'une erreur de distribution.
Le jeune chef Raphaël Pichon donnera "Castor et Pollux" dans la deuxième version écrite par Rameau en 1754, avec une distribution alléchante (Stéphane Degout, Sabine Devieilhe). Natalie Dessay donnera un récital de mélodies françaises avec son époux Laurent Naouri, le 20 juillet.
Retrouvez le site du festival de Radio France et Montpellier.