Michel Rocard est mort samedi à l'âge de 85 ans. Il était venu plusieurs fois dans l'Hérault. En 1988, avec François Mitterrand, ils avaient grimpé le pic Saint-Loup. André Vézinhet, ex président du conseil général de l'Hérault, et Philippe Saurel, maire de Montpellier lui rendent hommage.
Quantité de politiques à gauche, mais aussi plusieurs figures de droite et du centre, ont salué dès samedi soir et l'annonce de son décès un socialiste "au parler vrai", réformateur mêlant "réalisme" et "inventivité", "scout moderne", "Européen convaincu", devenu "une grande figure de la République et de la gauche".
Père de la deuxième gauche
Né à Courbevoie, près de Paris, le 23 août 1930 dans une famille de la bourgeoisie, Michel Rocard a été Premier ministre de 1988 à 1991 de François Mitterrand, avec lequel il a toujours eu des relations conflictuelles, avant de diriger le PS en 1993 et 1994.
En 1980, il avait annoncé sa candidature à la candidature du PS pour la présidentielle de 1981 mais dut s'effacer devant François Mitterrand.
Une fois la gauche au pouvoir, il fut nommé ministre, notamment de l'Agriculture, avant de démissionner en 1985, en pleine nuit, par hostilité à la proportionnelle aux législatives de 1986.
A Matignon en 1988, il pratiqua l'ouverture, ramena la paix en Nouvelle-Calédonie et instaura le RMI. En mai 1991, M. Mitterrand lui demanda de démissionner. En 1993, il devint brièvement premier secrétaire du PS. Mais, à nouveau, il ne parvint pas à se mettre en position favorable pour représenter le parti à la présidentielle de 1995.
Père de la "deuxième gauche", il voulait incarner une vision rénovée de la gauche, prenant en compte "les contraintes de l'économie mondialisée" sans "renoncer aux ambitions sociales".
Les réactions de la classe politique
Le président François Hollande a salué l'incarnation d'"un socialisme conciliant utopie et modernité" par un "rêveur réaliste".
Manuel Valls, issu du rocardisme et ayant travaillé à Matignon auprès de Michel Rocard, a jugé que l'homme à l'origine de son engagement politique incarnait "la modernisation de la gauche et l'exigence de dire la vérité".
Il demeure pour moi l'exemple du militant résolument optimiste pour l'humanité.
a déclaré dimanche matin Philippe Saurel, le maire de Montpellier
André Vézinhet, l'ancien président du Département de l'Hérault, a fait part de sa profonde tristesse par téléphone à notre rédaction. Rocard était son maître à penser politique. Il apprécait aussi beaucoup l'homme qui "traitait les hommes politiques locaux avec la même courtoisie que les grands de ce monde".
Carole Delga, présidente de la Région Occitanie Pyrenées Méditerranée, a notamment déclaré : "J'apprends avec beaucoup d'émotions le décès de Michel Rocard. Gardons le souvenir d'un grand homme d'Etat, militant socialiste et européen convaincu et convaincant. Je salue la rigueur intellectuelle d'un esprit libre à la pensée stimulante et un fervent défenseur de la décentralisation.
Nous lui devons beaucoup" (Carole Delga)
En 2007, Michel Rocard avait été victime d'une grave hémorragie cérébrale lors d'un voyage en Inde.
En visite à Stockholm en mars 2012, il avait été hospitalisé cinq jours à la suite d'un malaise et les médecins avaient dû résorber un caillot sur la partie droite du cerveau.
Dans un entretien la semaine dernière au Point, il fustigeait la gauche française, "la plus rétrograde d'Europe" à ses yeux.
On devrait connaître dans la journée la date de l'hommage national qui lui sera rendu.