En Football, handball ou encore rugby , Montpellier gagne son pari sportif.
Avec un club de football en passe de devenir pour la première fois de champion de France, des handballeurs qui gagnent tout sur leur passage et des rugbymen à nouveau qualifiés pour les phases finales du Top 14, Montpellier, 8e ville de France, brille au plus haut niveau
Le plus médiatisé, le club de football porté par son président Louis Nicollin, est idéalement placé pour remporter le championnat de Ligue 1. Il ne manque plus qu'un point à l'équipe de l'international Olivier Giroud qu'elle devra aller chercher à Auxerre dimanche lors de la dernière journée.
Les handballeurs, dont la star Nikola Karabatic, sont eux encore champions de France, pour la 14e fois. Le climat clément et la jeunesse de la cité de 255.000 habitants (pour 60. 000 étudiants) n'expliquent pas à eux seuls une telle réussite nationale. Les principales
clés de lecture résident davantage dans une volonté politique de longue date et la prime à la formation.
Le sport comme outil de marketing territorial et de lien social a été développé par Georges Frêche, maire de Montpellier (jusqu'en 2004, décédé en 2010) dès sa première élection à la mairie, en 1977.
"Frêche a encouragé les conditions pour que le sport se développe dans la ville, notamment à travers les infrastructures. Aujourd'hui, ça donne ce résultat", analyse Mohed Altrad, président et actionnaire majoritaire du Montpellier Rugby Club (MHRC).
"Les politiques publiques successives ont permis de tisser un réseau d'associations sportives très dense", poursuit Jean-Pierre Massines, président du directoire du MHRC.
Priorité à la formation
Au fil des ans, la ville s'est dotée de plusieurs joyaux et continue de le faire. Montpellier Agglomération va ainsi investir 50 millions d'euros d'ici à 2016 pour moderniser le stade de football de la Mosson (33.000 places).
Le stade Yves du Manoir, dédié au rugby, est volontairement plus exigu (14.000
places), pour favoriser "l'effet chaudron".
Autre réalisation, la toute récente "Park&Suites Arena" (salle couverte de 14.000
places), seule du genre en province, draine des têtes d'affiche musicales maisaussi des compétitions sportives, dont les matches européens du club de handball.
Autres ingrédients de la potion magique, des managers de très haut niveau avec Fabien Galthié pour le rugby, Patrice Canayer en handball et René Girard pour le foot. "Ils ne se la jouent pas, et ont une vision de la formation des jeunes", observe Jean-Pierre Moure, président de Montpellier Agglomération, qui investit massivement pour soutenir 22 disciplines sportives.
Aux pétrodollars qatari du Paris SG, Louis Nicollin, président, actionnaire et fondateur du MHSC en 1974, accessoirement "roi des poubelles" avec son entreprise de nettoiement, oppose une gestion de bon père de famille.
Autre élément déterminant, la formation. "Les clubs favorisent la montée progressive de joueurs cadres issus du centre de formation, souligne Jean-Pierre Massines. Les exemples de jeunes arrivés à maturité sont légion: Belhanda, Saihi et Yanga-Mbiwa (présélectionné pour l'Euro 2012) au foot, Trinh-Duc et Ouedraougo au rugby, Nikola Karabatic au handball.
Reste un maillon faible: les clubs peinent à attirer les gros annonceurs nationaux, dans une région certes en forte croissance démographique, mais faiblement industrialisée, où le taux de chômage flirte avec les 15%.
"Le hand a franchi un palier, en sachant s'imposer comme une référence au niveau européen, souligne Jean-Paul Volle, géographe montpelliérain et père de l'ancien international de hand Frédéric Volle. Le foot et le rugby n'y sont pas encore. Certes, les partenaires publics et institutionnels sont tous là. Mais pour franchir un palier, il faut une reconnaissance nationale qui permettrait à des grandes entreprises nationales et internationales de cibler Montpellier".