Vincent Autin et son compagnon Bruno, en couple depuis bientôt sept ans, se diront oui à Montpellier, Un mariage public ouvert à tous.
La porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem l'avait promis en septembre à la maire (PS) Hélène Mandroux, très en pointe sur cette question: c'est à Montpellier que sera célébré le premier mariage gay.
Bruno et Vincent
Et cette union, ce sera celle de Vincent Autin, 40 ans, président de l'association Lesbian and Gay Pride Montpellier Languedoc-Roussillon, avec Bruno, bientôt 30 ans, fonctionnaire d'État, qui préfère ne pas donner son nom.
"On va se dire oui par amour", expliquent en écho les deux hommes, bien décidés à fonder une famille, à avoir un enfant. "La loi va le permettre, mais on sait très bien que ce n'est pas demain que nous aurons l'enfant que nous voulons. Il faudra changer les mentalités. Et puis le parcours de l'adoption est long, même pour les hétérosexuels", admet Vincent Autin. "Tout ne se fera pas du jour au lendemain", renchérit Bruno.
Une chose est sûre, pour ces deux hommes, cette union dont ils avouent attendre avec une certaine impatience de connaître la date exacte, apparaît comme un aboutissement.
D'abord à titre personnel, c'est celui de leur amour. Ensuite, parce qu'il a un sens politique après des années de militantisme. D'ailleurs, à ce titre, ils sont décidés à lui donner un très fort retentissement.
Un mariage public
"On va faire de ce mariage un moment pour tous. Il sera public, ouvert à tous les militants, aux responsables d'associations français et internationaux, à la
presse", affirme Vincent Autin. Avant de rassurer son compagnon: "Il y aura aussi des moments d'amour".
Fin 2006, a priori, rien ne prédisposait Vincent et Bruno à se rencontrer. Bruno est tout en discrétion, fonctionnaire, à l'époque il habite la région parisienne et n'est pas encore tout à fait certain d'être homosexuel.
Encore aujourd'hui, ce féru d'équitation répugne à se mettre en avant. Même s'il accepte la médiatisation de son prochain mariage pour le besoin de la cause.
Vincent, passionné de rugby, de voitures et d'informatique, est, lui, au contraire expansif. Patron d'une agence de communication à Montpellier, il est aussi directeur d'InterPride World pour la France, le Benelux et Monaco.
Il est devenu le porte-parole de cette cause contre laquelle, dit-il, "les opposants utilisent l'ignominie pour avoir les projecteurs sur eux". "Il n'y a rien de paradoxal. Nous sommes complémentaires", estime Bruno.
Rencontre sur internet
C'est Internet qui va faire le lien entre les deux. Et plus précisément leur intérêt commun pour l'émission de M6 "La nouvelle Star" et Christophe Willem.
"Depuis, on a élargi notre répertoire. On aime d'autres chanteurs", rigolent les deux hommes, qui ont du mal à citer un autre artiste commun.
C'est grâce au site du chanteur qu'ils vont commencer à discuter. Qu'ils vont se rencontrer, lors d'une virée de Vincent à Paris. Et ne plus se quitter.
"Je me suis découvert vraiment homo, et là, je l'ai dit autour de moi. Il me paraissait alors impossible de ne pas l'assumer", raconte Bruno qui est, au fil des ans, devenu un bénévole actif d'associations, sans jamais prendre trop de responsabilités.
A l'inverse de Vincent, interlocuteur reconnu sur des thèmes aussi variés que le dépistage du sida, la violence conjugale dans les couples homosexuels, l'accueil dans les maisons de retraite...
Toute cette période de vote de la loi avec les manifestations d'opposants est vécue difficilement par le couple. "Notre identité, notre capacité d'aimer, d'élever des enfants ont été remises en cause", déplore M. Autin, pour qui la radicalisation des opposants au fil des jours n'a cependant pas été une surprise.
"On a enfin vu leur vrai visage. J'ai toujours considéré que c'était un front anti-républicain avec des chapelles d'extrémistes religieux ou politiques", affirme-t-il. "Nous, on défend les valeurs de la République. Et puis on se bat aussi pour les enfants de certains de ces opposants qui, demain, se découvriront homo", conclut M. Autin.
Un autre mariage en Lozère
En juillet deux femmes ont l'intention de se marier au Monestier près de Marvejols en Lozère.