Ils seront peut-être les premiers mariés gays de France. Vincent et Bruno, 2 Montpelliérains en couple depuis 6 ans, attendent la promulgation de la loi sur le mariage pour tous avec bonheur.

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Salle, invités, festivités, une fois la loi sur le mariage pour tous définitivement adoptée, tout est prêt pour que Vincent Autin et son compagnon Bruno, Montpelliérains, en couple depuis six ans, se disent oui, par amour et aussi militantisme.

La porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem l'a promis en septembre: dès promulgation du texte, dont la discussion va commencer le 29 janvier à l'Assemblée nationale, la maire de Montpellier Hélène Mandroux, très en pointe sur cette question, célèbrera le premier mariage gay. Et cette union, ce sera celle de Vincent Autin, bientôt 40 ans, président de l'association Lesbian and Gay Pride Montpellier Languedoc-Roussillon, avec Bruno, bientôt 30 ans, fonctionnaire d'Etat (qui préfère ne pas donner son nom).

"On va se dire oui par amour", expliquent en écho les deux hommes, bien décidés à fonder une famille et à adopter, mais qui savent aussi que ce premier mariage homo aura une résonance très particulière.
"Une loi, c'est quelque chose de froid. En nous désignant, Mme Vallaud-Belkacem a mis de l'amour sur cette loi. Elle y a mis deux visages", souligne Vincent Autin.
"On ne s'y attendait pas. On est fiers. Et on va faire de ce mariage un moment pour tous. Il sera public, ouvert à tous les militants, aux responsables d'associations français et internationaux, à la presse", ajoute-t-il. Avant de rassurer son compagnon: "Il y aura aussi des moments d'amour".

Fin 2006, a priori, rien ne prédisposait les deux hommes à se rencontrer. Bruno est tout en discrétion, fonctionnaire, à l'époque il habite la région parisienne et n'est pas encore tout à fait certain d'être homosexuel.
Encore aujourd'hui, ce féru d'équitation et de photo refuse de donner son nom, et s'il accepte la médiatisation annoncée de son prochain mariage, il répugne d'être mis en avant. "Il n'y a rien de paradoxal. Nous sommes complémentaires", affirme-t-il.

Vincent, passionné de rugby, de voitures et d'informatique, est, lui, expansif. Patron d'une agence de communication, il est aussi directeur d'InterPride World pour la France, le Benelux et Monaco. Il est devenu le porte-parole d'une cause contre laquelle, dit-il, "les opposants utilisent l'ignominie pour avoir les projecteurs sur eux".

Insultes et crachats

"On se fait insulter, cracher dessus. Quand on voit l'argent que dépensent les opposants pour lutter contre une avancée sociétale, on se dit qu'ils se trompent de combat", souligne M. Autin.
C'est internet qui va faire le lien entre les deux. Et plus précisément leur intérêt commun pour l'émission de M6 "La nouvelle Star" et Christophe Willem.
"Depuis, on a élargi notre répertoire. On aime d'autres chanteurs", rigolent les deux hommes, qui ont du mal à citer un autre artiste commun.
C'est grâce au site du chanteur dit La Tortue qu'ils vont commencer à discuter. Qu'ils vont se rencontrer, lors d'une virée de Vincent à Paris. Et ne plus se quitter.
"Je me suis découvert vraiment homo, et là, je l'ai dit autour de moi. Il me paraissait alors impossible de ne pas l'assumer", raconte Bruno qui est, au fil des ans, devenu un bénévole actif d'associations, sans jamais prendre trop de responsabilités.
A l'inverse de Vincent, devenu un interlocuteur reconnu sur les thèmes aussi variés que le dépistage du sida, la violence conjugale dans les couples homosexuels, l'accueil dans les maisons de retraites.

Samedi 12 janvier, à la veille du défilé à Paris contre le mariage homosexuel, Vincent et Bruno ont tracté sur la place de la Comédie pour "la manifestation de l'égalité pour tous" le 27 janvier, pour laquelle Vincent a nolisé le "TGV de l'égalité".

Le 29 janvier, le couple sera encore à Paris où il assistera ensemble à la première journée de débat à l'Assemblée de la loi sur le mariage pour tous. "Je pense que cette loi aurait dû comporter un volet sur la procréation. Car il est difficile d'avoir deux lois fortes sur un seul mandat", constate Bruno.

Reportage AFP : REMY ZAKA et PASCAL GUYOT
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