La cour d'assises de l'Hérault a condamné Michel Boulma et Bouziane Hélaili à 20 ans de réclusion criminelle pour l'assassinat d'Abdelaziz Jhilal. Cet homme a été tué le 21 décembre 1997 de 108 coups de couteau à Lunel.
C'est vers 16 heures 30 après trois heures de délibéré que le verdict est tombé.
Le président a alors lu les réponses des jurés. Le jury condamne les deux accusés coupables d'assassinat. La condamnation est motivée par au moins quatre éléments essentiels.
il est établi que tous les deux se trouvaient sur les lieux, que le très grand nombre de blessures constatées caractérise l'intention homicide et que les éléments constitutifs de la co-action sont réunis. Enfin la thèse de chacun des accusés manque totalement de vraisemblance aux yeux du jury.
Le crime qui a été commis dans un contexte de trafic de stupéfiants qui a nécessité une concertation préalable à l'action. La cour a donc décidé de condamner Michel Boulma et Bouziane Hélaili à vingt ans de réclusion criminelle.
Une peine plus lourde que ce qu'avait requis l'avocat général, qui n'avait demandé que 18 ans contre Bouziane Hélaili.
Le verdict a été accueilli en silence par une salle comble, où la présence policière avait été renforcée, afin d'éviter tout débordement.
Deux hommes ont été condamnés samedi à à des peines de 20 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de l'Hérault pour l'assassinat fin 1997, à Lunel, d'un dealer de cannabis retrouvé lardé de 112 coups de couteau.
Leur condamnation devrait ouvrir la voie au procès en révision de deux autres hommes qui avaient été condamnés en 2003 à 20 ans de réclusion pour ce meurtre.
Dans cette affaire sur fond de trafic de cinq kilos de résine de cannabis, Abdelkader Azzimani, 47 ans, et Abderrahim el-Jabri, 46 ans, ont passé 12 et 13 ans derrière les barreaux pour le meurtre d'Abdelaziz Jhilal, 22 ans.
Mais après le revirement d'un témoin et des expertises ADN mettant en cause Michel Boulma, 34 ans, la condamnation des deux hommes a été annulée par la cour de révision en mai.
Durant les quatre jours d'audience, Michel Boulma et l'autre accusé, Bouziane Helaili, 36 ans, ont campé sur leur version des faits: Helaili a admis avoir porté une vingtaine de coups de couteaux non mortels quand Boulma a affirmé avoir été un simple témoin.
Le scénario avancé par les accusés ne tient pas debout aux yeux de l'avocate générale, Marion Brignol qui a mis en exergue les "mensonges" et les "invraisemblances".
"Heureusement, il y a quelques certitudes", a-t-elle constaté, listant l'utilisation d'au moins deux couteaux, la multiplicité des agresseurs, ou encore les trois traces ADN incriminant Boulma.
"C'est un assassinat crapuleux, pour faire peur, avec un acharnement inutile", a-t-elle dit en réclamant 20 ans contre Boulma parce qu'il "n'assume pas ses actes", et 18 ans contre Helaili qui a admis ses responsabilités et "a montré sa volonté de rédemption". Il est devenu éducateur et directeur d'un centre de loisirs.
"Mais on ne saura pas pourquoi Jhilal a été sauvagement tué le premier soir d'hiver à cause de la loi du silence dans le milieu de la toxicomanie", a déploré la magistrate.
Une "erreur judiciaire" ?
Me Anthony Chabert, défenseur de Boulma, avait plaidé l'acquittement. Il a dénoncé un procès "surréaliste", "irrationnel". L'avocat a aussi souligné le rôle de Helaili, "un homme différent à l'époque", qui veut échapper à la justice.
"S'il avait dit: +je n'étais pas là+, rien ne mettait en cause Helaili, à part le témoignage de Boulma", a rétorqué Me Iris Christol, soulignant que son client avait accepté d'endosser ses actes. "On ne rattrape une double erreur judiciaire avec une injustice", a-t-elle lancé.
La cour d'assises a considéré que la version des accusés manquait de vraisemblance.
Leur condamnation, si elle est définitive, ouvrira la voie, à l'automne, à Nîmes au procès en révision d'Azzimani et d'el-Jabri.
Seulement huit condamnés pour crimes ont été acquittés depuis 1945 au terme d'une procédure de révision. Azzimani et el-Jabri, dont la culpabilité avait été confirmée en appel en 2004, pourraient être les suivants. Jeudi, ils sont venus demander avec force "la vérité".
Dans son réquisitoire, Manon Brignol a rappelé les événements qui avaient amené à mettre en cause les deux hommes, à l'époque deux grossistes de drogue qui cherchaient à récupérer de l'argent auprès de la victime.
"Tout convergeait vers Azzimani et el-Jabri", a fait valoir la magistrate. Soulignant qu'ils avaient été "mis hors de cause par les accusés", elle a toutefois précisé qu'elle restait "sceptique".
"C'est une affaire incroyable, un dossier complexe. Dix-sept ans après, il manque des pièces, on nous cache des choses. Tout le monde se contredit, les accusés, les témoins, les experts. Il est difficile de savoir qui a fait quoi", a-t-elle conclu.