Icône du handball hexagonal, symbole de la France qui gagne, Nikola Karabatic offrait l'image du sportif parfait jusqu'à ce qu'elle soit écornée par cette affaire de paris frauduleux et les soupçons de match truqué entre son ancien club de Montpellier et Cesson, en 2012.
Nicolas Karabatic nie avoir parié sur la rencontre et dément tout trucage. Malgré ses dénégations, l'affaire a quelque peu terni l'aura du champion qui est au handball français ce que Zinedine Zidane et Tony Parker sont au football et au basket.
Immense star de sa discipline, le joueur aux origines serbo-croate fait partie de ces sportifs dont la célébrité a dépassé les frontières nationales.
Super champion
A 31 ans, il a tout gagné à plusieurs reprises: double champion olympique, triple champion d'Europe et du Monde, il également été désigné meilleur joueur de la planète en 2014, distinction qu'il avait déjà décrochée sept ans plus tôt.Sélectionné pour la première fois en équipe de France à sa majorité, ce talent précoce en est devenu au fil des années son "maître à jouer". "Il représente le prototype du joueur parfait", estimait en janvier Jérôme Fernandez, le capitaine des Bleus, le comparant au footballeur Cristiano Ronaldo pour son aptitude à se dépasser.
"Depuis sa première licence, son objectif n'est pas de devenir l'un des meilleurs joueurs du monde mais le meilleur", dit son entraîneur sous le maillot tricolore, Claude Onesta dans son ouvrage intitulé "Le règne des affranchis".
Nikola Karabatic lui-même ne s'en cache pas. "Je veux marquer l'histoire de mon sport. Je ne dis pas ça de manière prétentieuse. C'est juste que je suis un compétiteur depuis tout petit. Mes parents m'ont inculqué ces valeurs", expliquait en janvier à l'AFP cet enfant de la balle, né à Nis, en Serbie, avant de rejoindre la France à l'âge de 4 ans.
Le handball passion familiale
Sa passion du handball, il la tient de son père Branko, un ancien gardien international yougoslave, dont il était très proche avant son décès au printemps 2011.Avec son jeune frère Luka, jugé dans la même affaire de paris, Nikola a marché sur ses traces. Passé par le centre de formation de Montpellier, il débute à 17 ans en pro et contribue très tôt aux succès du club héraultais, dont le plus marquant est la victoire en Ligue des champions en 2003.
Une année plus tard, il quitte le confort douillet de Montpellier pour le club allemand de Kiel. C'est là, sur les bords de la Baltique, qu'il va polir son jeu, basé sur une puissance physique exceptionnelle (1,96 m, 107 kg), au service d'une lecture du jeu remarquable.
Il devient très vite l'idole des supporteurs de Kiel, auxquels il ramène quatre titres de champion consécutifs et une Ligue des champions en 2007, mais l'histoire d'amour se finit mal. En 2009, il quitte le club, soupçonné d'avoir corrompu des arbitres, même si lui-même n'est pas impliqué dans ce scandale.
Le retour à Montpellier
Il revient à Montpellier, qui continue avec lui à engranger les titres de champion de France, mais peine sur la scène européenne. Avec l'équipe de France aussi, il accumule les victoires (Euro-2010, Mondial-2009 et 2011, JO-2008 et 2012) et les distinctions individuelles (meilleur joueur du Mondial-2011 et de l'Euro-2008 notamment).Malgré les louanges, sa renommée et ses revenus de star (estimés à un million d'euros annuels), il reste simple et discret. Mais, élu champion des champions français 2011 par le journal L'Equipe, il connaît une année 2012 beaucoup plus difficile. Très affecté par le décès de son père, il passe au travers, comme toute l'équipe de France, à l'Euro en Serbie en janvier.
Les critiques fusent et l'affectent terriblement. Il s'en souviendra sept mois plus tard à Londres, après avoir gagné son deuxième titre olympique. "On a toujours eu une relation très proche avec les médias, mais quand ça n'allait pas, on a vu que ce n'étaient pas nos amis", lâche-t-il, aigri.
Exil à Barcelone
Vindicatif, il est même, avec Onesta, en première ligne, le soir de la finale olympique, pour démonter le plateau de L'Equipe TV (aujourd'hui L'Equipe 21), la chaîne du groupe qui l'avait porté au pinacle mais qu'il trouve désormais trop critique à son égard.Cet épisode aurait pu être mis sur le compte d'une soirée trop arrosée et rapidement oublié si son nom n'était apparu quelques semaines plus tard dans cette affaire de paris sportifs frauduleux et de soupçons de match truqué.
Dans la tourmente, Nikola Karabatic quitte alors Montpellier avec son frère, pour Aix, avant de s'exiler seul, à l'été 2013, au FC Barcelone où il étoffe sa collection de trophées. Il en gagnera sept rien que cette saison, notamment la Ligue des champions, avec le club catalan, ainsi que le Mondial, avec les Bleus.
A l'issue du procès, il devrait effectuer son retour en France au Paris SG où son frère et son ex-mentor à Kiel Zvonimir Serdarusic ont déjà signé.