La parole mesurée de Patrice Canayer a fait du bien après une semaine harassante où les 16 prévenus et leurs 19 avocats se sont succédés à la barre du tribunal de Montpellier, lors du procès des paris suspects.
"J'ai dit que quand on pariait sur la défaite, c'était compliqué de jouer dans les meilleurs dispositions mentales pour être au maximum de ses performances.".
Patrice Canayer résume à l'extérieur pour la presse ce qu'il a dit devant le tribunal correctionnel de Montpellier, pendant plus d'une heure ce vendredi, à la fin des débats. Et son ton, le choix posé de ses mot,s tranchent avec le flot de paroles entendues depuis cinq jours.
Paroles, paroles
Il y a eu Les "je ne sais plus", les "je n'ai pas dit cela", les "c'est vous qui le dites", le "y a pas mort d'homme", des incidents de séance à profusion et même un prévenu qui dicte aux experts judiciaires ce qu'ils auraient dû dire après le visionnage du match Cesson-Montpellier.Le contenu des téléphones effacés, la polémique à propos des bornes téléphoniques ont occupé une borne partie des débats.
On a surtout parlé de sommes astronomiques misées en comparaison avec le salaire moyen d'un citoyen. 25 000 euros par-ci, 7 500 euros par-là, plus de 100 000 euros pariés au total. Et tout ceci s'échange en espèces comme dans les films des années 50 avant l'invention de la carte bleue.
Le hasard est aussi un élément central du récit. Pur hasard quand tous les parieurs entrent chez un détaillant de la Française des Jeux quasi simultanément entre 10 h 00 et 10 H 50, ce samedi 12 mai au matin, après avoir discuté au téléphone de choses et d'autres.Hasard encore s'ils parient tous sur la défaite de leur club ou de celui de leurs compagnons et seulement sur la première mi-temps.
Rien d'anormal pendant le match
Les entraîneurs, les arbitres et un journaliste de Canal+ affirment le cinquième jour du procès sur les paris suspects de handball, qu'ils n'avaient rien constaté d'anormal lors du match du 12 mai 2012 présumé truqué, entre Cesson et Montpellier.La veille les deux experts, un arbitre international et un professeur agrégé de sport, avaient listé les carences de jeux.
Les cinq premières minutes désastreuses, 7 ballons perdus en 1ère mi-temps, zéro en seconde période, et un manque de rapidité d'engagement flagrant, constituent les principaux éléments de leur rapport.
Les deux hommes avouent honnêtement qu'ils ne peuvent être catégorique sur un éventuel trucage.
C'est là que le plus grand joueur au monde, Nikola Karabatic, donne sa leçon de handball en expliquant qu'il aurait souhaité que le rapport soit rédigé par de vrais spécialistes. "Ce que je voulais dire, c'est que le handball n'est pas un sport de statistiques.Se dire expert du handball, ce n'est pas facile".
On en aurait oublié que c'est lui le prévenu, mis en examen pour escroquerie.
Difficile d'écorner l'image des icônes du handball
Pendant ces 5 jours, on a relevé nombre de précautions oratoires de la part de l'accusation ou du tribunal quand il s'agit de s'attaquer aux idoles du handball français. Les magistrats semblent impressionnés devant ces champions internationaux dont plusieurs dépassent le mètre 90.Dans leurs dépositions les compagnes et les joueurs n'égratignent jamais le capitaine Karabatic. Celui qui a toujours nié avoir parié.
Retour lundi 9 h 00
Lundi les différents protagonistes se retrouveront pour écouter les réquisitions du procureur de la République puis s'enchaîneront 4 jours de plaidoirie des 19 avocats de la défense. Le jugement sera mis en délibéré.Sans oublier la plainte restée en suspens pour violation du secret de l'instruction et l'appel que doit lancer Me Phung suite à la première journée d'audience.
Un procès à suivre en live
Nous vous proposons de suivre minute par minute l'audience correctionnelle en direct du tribunal de Montpellier.A revoir.