François Trinh-Duc, le Montpelliérain et Rémi Tales, le Castrais, concurrents pour le poste d'ouvreur du XV de France et opposés vendredi, à 20h45, lors de la 4e journée de Top 14, possèdent un style de jeu différent. Le premier est plus créatif, le second plus gestionnaire.
Pour l'instant, l'encadrement des Bleus fait confiance à Tales, installé depuis juin 2013. Mais les progrès dans différents secteurs de Trinh-Duc, propulsé par Marc Lièvremont ouvreur du XV de France à seulement 21 ans, en 2008 (et jusqu'en 2011), pourraient lui valoir d'être convoqué pour la première fois dans une liste initiale d'avant-compétition depuis le Tournoi-2013.
DÉFENSE : TALES PLUS GAILLARD ?
Tales, au gabarit plus +gaillard+ (1,84 m pour 91 kg), est réputé meilleur défenseur que Trinh-Duc, au physique moins imposant (1,84 m pour 82 kg). Un argument que réfute l'ancien ouvreur ou centre des Bleus Christophe Lamaison, pour lequel, "d'une façon générale, le 10 est toujours passé pour être un mauvais défenseur".
"François fait partie de ces 10 qui n'ont pas peur d'aller au contact. D'ailleurs il a aussi évolué au centre (à Montpellier), où il faut forcément être un gros défenseur. Si ça n'avait pas été le cas, Fabien (Galthié, manageur du MHR) ne l'aurait pas mis à ce poste", précise auprès de l'AFP le détenteur du record du nombre de points marqués avec le XV de France (380 pts). Trinh-Duc (27 ans), peut-être plus naturellement doué que Tales (30 ans), à la maturation plus lente, a travaillé ce secteur, comme son jeu au pied.
JEU AU PIED : TRINH-DUC PROGRESSE
Vendredi dernier, Trinh-Duc a offert une historique victoire au MHR sur la pelouse de Clermont (21-20) en passant une pénalité de 45 mètres à la sirène, point d'orgue d'un quasi sans-faute et preuve des progrès qu'il a accomplis depuis la saison dernière, grâce notamment à un travail spécifique effectué avec un spécialiste, Fabrice Amadieu. "Jusque-là, je ne voulais pas pénaliser mon équipe dans le souci égoïste d'être buteur. Je voulais attendre le moment opportun et être prêt. Aujourd'hui je prends du plaisir à rester une heure ou deux à buter tout seul. On voit les progrès, c'est sûr", expliquait-il la saison dernière. Il lui faut cependant gagner encore en constance, en témoigne le déchet qu'il a connu lors des deux premières journées cette saison.
Il doit également encore poursuivre sa progression dans le jeu au pied courant: "Il a progressé là où il est pointé du doigt. Il est peut-être plus puissant dans son jeu de déplacement, plus précis dans ses petits coups de pied. Au regard de ce qu'il montre depuis trois mois, il franchit un palier. Désormais, il faut le faire sur une saison", estimait ainsi en fin de saison dernière le demi de mêlée montpelliérain Benoît Paillaugue. Tales, lui, semble avoir un jeu au pied plus profond, mais laisse son demi de mêlée buter, à Castres (Kockott) ou avec le XV de France (Parra, Machenaud, Doussain).
GESTION CONTRE CRÉATION
Grâce notamment à ce jeu au pied plus précis et profond, Tales est capable de gérer le tempo d'une rencontre. Une qualité appréciée par l'encadrement du XV de France, qui ne cesse de réclamer une charnière capable de maîtriser davantage les temps forts et les temps faibles. "Ce qui frappe chez (Tales), c'est qu'il est plus là pour sécuriser, faire avancer son équipe, et pas forcément faire des éclats", souligne Lamaison.
"François est par contre bien plus créatif. Mais c'est à double tranchant: quand ça passe c'est joli, quand ça casse ça pénalise l'équipe et le joueur", ajoute l'ancien ouvreur des Bleus. En l'occurrence, ce côté fantaisiste l'a ces dernières saisons plus pénalisé que servi avec le XV de France. Même si Philippe Saint-André a souligné en mai dernier qu'il s'était, là encore, "énormément remis en question sur son jeu".