Montpellier : des élus déclarent l'urgence ferroviaire pour la LGV vers Perpignan après les inondations

Les intempéries dans l'Hérault et la coupure totale de la ligne ferroviaire entre Sète et Béziers montrent l'urgence de la construction d'une nouvelle liaison LGV entre Montpellier et Perpignan. D'abord pour sécuriser la liaison et réduire le temps de parcours. Comme entre Nîmes et Montpellier.

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Depuis une semaine, des voix s'élèvent en Occitanie, notamment des élus et des usagers, pour réclamer une nouvelle ligne TGV ou mixte entre Perpignan et Montpellier. Elle doublerait la voie ferrée actuelle, soulagerait le trafic très dense et permettrait de boucler la liaison TGV entre Paris et Madrid.

Ce projet de 150km baptisé LNMP existe depuis 30 ans mais est quasi au point mort. Il faut dire que la facture serait au bas mot de 5 milliards d'euros. Autant dire une somme colossale en période de crise.
En 20 ans, seule la partie entre Nîmes et Montpellier a été réalisée et est opérationnelle depuis juillet 2018. La gare TGV Nîmes - Pont du Gard ouvrira aux voyageurs le 15 décembre prochain sur la commune de Manduel.

Dans un communiqué, Philippe Saurel, le maire de Montpellier demande en urgence, l'inscription du tronçon Montpellier-Béziers dans la programmation nationale de la loi d'orientation sur les mobilités.

De son côté, Carole Delga, la présidente socialiste de la Région Occitanie, demande que le dossier progresse enfin.
 

Cela fait 2 ans que la LNMP n'avance pas. Cela fait 2 ans que je demande au gouvernement que l'enquête publique soit faite rapidement. Nous l'attendons toujours (...). Pourtant, en 2017, j'avais obtenu des engagements fermes de la part du secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies. Ce corridor ferroviaire entre Montpellier et l'Espagne est l'un des plus fréquenté d'Europe.


"Cela fait plus de 27 ans que le projet d'une nouvelle ligne à grande vitesse est annoncé. J'ai fait de ce dossier une priorité", a indiqué ce jeudi Carole Delga.
  

L'inondation et les dégâts de trop ?


Voici les arguments de Philippe Saurel.

"Les intempéries du 23 octobre dernier ont rappelé l'état de dégradation dans lequel se trouve la ligne ferrée actuelle puisque cette dernière est coupée dans la section Sète-Béziers et ce, jusqu'au 30 novembre prochain d'après la SNCF. Cette situation présente un risque tant sanitaire que sécuritaire.
De plus, en imposant une interruption du trafic ferroviaire pendant plus d'un mois, l'ouest du croissant languedocien et l'Espagne se retrouvent isolés de Montpellier et des grands axes de communication nationaux et européens, ce qui pénalise l'attractivité économique et écologique de ces territoires".
  

Montpellier-Béziers : un tronçon prioritaire à près de 2 milliards d'€


Grâce au «doublet de lignes» qu’elle forme avec la ligne historique, la LNMP a le double avantage d'offrir une mixité frêt plus voyageurs et une mixité Grande vitesse avec les trains du quotidien et les Intercités (Bordeaux-Marseille).

La construction de la phase 1 (Montpellier-Béziers) est l'un des grands projets d'infrastructures les moins chers avec un investissement de 1,855 milliards d'euros.
Rapportée au nombre de voyageurs attendus, elle est le projet d’investissement public ferroviaire le plus rentable, tous critères confondus. Inscrite au réseau prioritaire des lignes européennes, elle répond à une urgence constatée par l’Observatoire de la saturation ferroviaire qui a conclu en 2016 que la ligne existante entre Montpellier et Béziers est l’une des plus saturée au niveau national, source de dysfonctionnements, de retards et de surcoûts d’exploitation, y compris pour SNCF-Réseau, notamment en raison du Pont amovible de Sète dont l’obsolescence ne permet plus de fiabiliser son exploitation.

Fort de ce constat, la LNMP permet de libérer des sillons sur la ligne classique pour les trains du quotidien, sachant que ces trains sont aujourd’hui les premiers pénalisés en matière de service offert, de coût d’exploitation et de développement.
Aujourd'hui, les gares Montpellier-Sud de France et Montpellier St Roch sont déjà dimensionnées pour accueillir l’augmentation des trains sur le doublet de lignes à l’ouest de Montpellier et l’Etat Espagnol a par ailleurs livré la ligne nouvelle à l’écartement international jusqu’à la frontière française depuis plusieurs années en temps et en heure.

Enfin, la Commission européenne a mis en demeure l’Etat Français de respecter les normes-plafond de la qualité de l’air, or sur le territoire, les dépassements de seuils sont principalement dus aux camions qui évoluent sur l’axe Vallée du Rhône à Espagne, via l’A9, faute d’une ligne fret ferroviaire performante on constate régulièrement déjà que : « les péages de Montpellier enregistrent le passage de 16 000 poids lourds par jour soit environ 4 fois le trafic moyen des autoroutes françaises » (rapport ASF 2017).

Face à ces constats, la construction de la ligne nouvelle Montpellier-Perpignan est indispensable pour accompagner le développement économique, démographique et touristique du territoire.
   

Des élus du littoral en colère


Plusieurs autres élus d'Occitanie réclament désormais la réalisation, sans cesse repoussée, de la ligne nouvelle Montpellier-Perpignan permettant une liaison TGV entre Montpellier et l'Espagne.

Emmanuelle Ménard, la députée (non inscrite, proche du Rassemblement national) de la région de Béziers, fortement touchée par les inondations, estime dans une lettre adressée à la ministre des Transports Elisabeth Borne que "le chantier de la ligne nouvelle Montpellier-Béziers-Perpignan doit devenir une priorité majeure du gouvernement pour répondre à la fragilité de nos installations SNCF".

Frédéric Lacas (DVD), président de l'Agglo Béziers Méditerranée et maire de Sérignan, a pour sa part lancé un "coup de gueule" dans un communiqué, parlant d'un "territoire paralysé, impacté dans sa mobilité et dans son activité économique".

"Depuis près de trente ans, le développement de notre territoire est bloqué. Plusieurs dizaines de millions d'euros sont engloutis à perte pour des études et des acquisitions foncières inutiles. Des centaines d'habitants sont expropriés ou en suspens (...) pour se retrouver aujourd'hui dans une situation de paralysie économique !", conclut-il.
 

La LNMP, 25 ans après l'acte fondateur à Madrid...


- En 1995, les accords de Madrid actent la construction et l'exploitation de la section internationale d'une ligne ferroviaire le long de la façade méditerranéenne entre la France et l'Espagne pour assurer la liaison Montpellier - Barcelone.

- Le 17 octobre 2013 :  la commission européenne confirme le caractère prioritaire du réseau européen de transport dont la ligne nouvelle Montpellier - Perpignan constitue un barreau Nord-Sud.

- En avril 2015 : RFF (devenue SNCF Réseaux) organise une large concertation sur le tracé.

- Le 29 janvier 2016, une décision ministérielle confirme la mixité de la ligne, approuve le tracé, fixe le coût du projet à 5, 52 milliards d'euros et prépare le Dossier d'Utilité Publique.
- En 2016 : l'Observatoire de la saturation ferroviaire confirme que la ligne ferrée historique est l'une des plus saturées du réseau national entre Nîmes et Béziers, avec de nombreux dysfonctionnements constatés.

- Le 1er février 2017 : une décision ministérielle est prise pour engager la première phase de la LNMP et notamment le segment Montpellier-Béziers pour un montant de 1,855 milliards d'euros.
- Fin 2017 : une nouvelle décision ministérielle vient mettre un coup d'arrêt au projet en prévision des Assises de la Mobilité et de l'adoption de la LOM (Loi d'Orientation sur les Mobilités).

En conclusion, le ville de Montpellier et la métropole appellent à :

- inscrire le premier tronçon (Montpellier-Béziers) dans la programmation nationale issue de la LOM (loi d'orientation sur les mobilités) à une échéance convenable.
- relancer sans tarder les études de constitution de son dossier d'enquête publique.
- remettre en place une commission pour définir son plan de financement entre l'Etat, SNCF-Réseau, les départements et intercommunalités concernées (Métropole, Communauté urbaine et Communautés d'agglomération), pièce constitutive du dossier d'enquête publique, en tenant compte des financements européens envisageables compte-tenu de l'intégration de cette ligne au réseau prioritaire européen RTE-T.
 
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