Les dix statues de la place des Grands Hommes à Montpellier n'avaient pas fait parler d'elles depuis longtemps. Mais il y a quelques jours, celle de Mao a été vandalisée. Ou plutôt, un tag ajouté sur le socle, sous la sculpture de trois mètres de haut du "Grand Timonier" chinois.
Avant même son installation le 24 juillet 2012, sur la place des Grands Hommes à Montpellier, la statue monumentale de Mao Zedong soulevait la polémique. Comme celle de Lénine deux ans auparavant.
Il faut dire que le dirigeant chinois et sa révolution culturelle ont fait, selon des estimations, entre 40 et 80 millions de morts, de 1949 à 1975.
C'est ce que le tag fait sur le socle de la statue de Mao a probablement voulu rappeler et dénoncer.
Des "Grands Hommes" polémiques
En 2010, lors de la première vague d'installation, la présence de Lénine avait créé la polémique tout comme l'absence de femmes. En 2012, c'est Mao qui faisait débat. Et le coût jugé astronomique de l'opération en pleine crise économique. Son montant était estimé à l'époque entre 200 000 et 400 000 euros.
Mais le président de l'agglomération de Montpellier, Jean-Pierre Moure (PS) expliquait vouloir assumer l'héritage de Georges Frêche.
Ces statues ne sont pas là pour glorifier des individus, dont certains ont bien sûr une part d'ombre. Ces personnages symbolisent les idéologies politiques majeures qui ont traversé le 20e siècle.
Jean-Pierre Moure, président de l'Agglomération de MontpellierJuillet 2012
Pour leur part, des militants de la Ligue du Midi (extrême droite) déploraient que Montpellier soit "la seule ville en Europe à avoir une statue de Mao". "Avec Mao, l'Agglomération fait l'apologie des crimes contre l'humanité", avaient-ils dénoncé, en tentant de perturber la cérémonie d'inauguration.
Les 10 statues de la place du XXe siècle
C'est Georges Frêche, à l'époque président du Conseil régional du Languedoc-Roussillon et président de l'Agglomération de Montpellier qui est à l'origine de cette place des statues dans le quartier Odysseum en hommage "aux Grands Hommes" du XXe siècle.
Un projet qui en 2010 n'avait pas soulevé l'enthousiasme dans la ville. Mais peu de monde avait osé critiquer voire contester les choix du tout-puissant Georges Frêche.
Et pour cause, quand les noms des 10 "personnages historiques" retenus ont été annoncés, beaucoup ont été surpris. Les présences notamment de Lénine et Mao ont fait polémique. Mais l'objectif était "l'ambition d'ouvrir une passerelle sur l'histoire".
Le 17 septembre 2010, les statues de Jaurès, Churchill, Lénine, Roosevelt et de Gaulle étaient inaugurées. Puis cinq autres statues sont arrivées, deux ans plus tard, celles de Mao Zedong, Gandhi, Golda Meir, Mandela et Nasser.
Mais le projet initial envisageait une place de 15 statues. Georges Frêche avait envisagé à terme l'ajout de Pancho Villa, Léopold Sédar Senghor, Lula, Deng Xiaoping et Staline, les deux derniers suscitant des réactions houleuses.
Mais le décès de celui qui a été maire de Montpellier de 1977 à 2004 a eu raison de ces cinq-là.