A Montpellier, se faire dépister peut relever du parcours du combattant. Particulièrement pour accéder à un test PCR. Pharmacies et centres de dépistage sont débordés.
« Ne répondez plus au téléphone, sinon on ne va pas s’en sortir ». Il est à peine 9 heures du matin, et dans cette pharmacie non loin du centre de Montpellier, 6 clients attendent déjà pour se faire tester. Le téléphone sonne quasiment sans discontinuer et la pharmacienne n’a pas d’autre choix que de donner des priorités à ses employées. Au moment de procéder au prélèvement, la patronne de la pharmacie soupire :
On n’arrête pas… On en fait toute la journée. Et le pire c’est le taux de tests positifs : hier il était de 20%. Au mois d’août, on était aux alentours de 5 ou 7%, et ça nous paraissait déjà beaucoup.
une pharmacienne
A Montpellier, le Covid-19 est désormais partout. Le taux d’incidence, selon le dernier bilan de l’ARS Occitanie en date du 3 janvier flirte avec les 1300 cas pour 100 000 personnes. C’est le deuxième pire taux de la région, derrière les Pyrénées-Orientales (à 1348 cas pour 100 000 personnes). Les malades sont nombreux, les cas contacts aussi. Particulièrement avec le développement du variant Omicron, beaucoup plus contagieux que les précédents, dont le Delta, qui était majoritaire dans le pays jusqu’aux fêtes. Les besoins en dépistage sont donc conséquents.
Comme on le voit sur le graphique ci-dessous, selon l'ARS au 31 décembre 2021, le taux de positivité a atteint un niveau record de 10,8 % avec + 8 753 cas positifs en moyenne par jour en Occitanie.
Record de 14 000 tests PCR ce lundi 4 janvier
Pour le groupe Labosud qui gère deux grands centres à Montpellier, à Grammont et à l’ancienne mairie, les chiffres du dépistage sont au plus haut depuis mi-décembre avec même un record : les 75 antennes du groupe dans l’Hérault, le Gard et les Bouches-du-Rhône, ont réalisé lundi 3 janvier pas moins de 14 000 tests PCR. Le précédent record était de 12 000 tests à l’été 2021. Dans le détail, ce lundi 3 janvier 2022, 965 personnes sont venues se faire dépister au centre de Grammont, elles étaient 990 dans ce même centre le 23 décembre dernier. Depuis, l’afflux est continu. Générant parfois des attentes très longues. Nos confrères de Midi libre évoquent quatre heures de queue lundi 3 janvier pour se faire tester sans rendez-vous. A tel point que Labosud a dû fermer le drive sans rendez-vous proposé jusqu’ici à Grammont : les automobilistes venus se faire dépister engorgeaient trop fréquemment le rond-point du Zénith tou proche. Seul le centre de la salle Pagézy, à proximité du Polygone et de la place de la Comédie, propose désormais de se faire dépister sans rendez-vous.
La carte indique les 2 centres Drive piétons et/ou véhicules de dépistage de la Covid ouverts à Montpellier : Salle Pagezy au centre-ville place F- Ponge près du Polygone et sur le parking à l'arrière du zénith site Grammont.
Près de 48 heures de délai avant un rendez-vous
Et pour trouver un créneau, mieux vaut s’y prendre de bonne heure ! La réservation se fait par un site internet, mais les rendez-vous proposés se raréfient à vue d’œil. Et les délais ne cessent de s’allonger. Il faut désormais réserver un créneau plus de 24 heures à l’avance, et le délai se rapproche petit à petit des 48 heures. La fréquentation augmente, les taux de positivité aussi. La semaine de Noël, 17,04% des personnes qui se faisant tester étaient positives au Covid-19, contre un peu plus de 13% la semaine d’avant. La semaine du jour de l’an, ce taux est monté au- dessus des 25%. Et lundi 3 janvier, 29 % des résultats étaient positifs. D’après Guillaume Teissier, médecin biologiste référent Covid-19 chez Labosud, ce sont des taux similaires à ceux connus lors d’autres pics épidémiques, notamment pendant l’été 2021.
On n’est pas loin de la limite actuellement. On ne pourra pas augmenter le nombre de tests réalisés chaque jour indéfiniment. Nos machines sont utilisées à 80%.
Guillaume Teissier, médecin biologiste référent Covid pour Labosud
Chaque pic apporte son lot de difficultés dans les laboratoires
Pour Guillaume Teissier, la situation est malgré tout différente : «Cela fait deux ans que nos équipes sont en première ligne. On a effectué notre premier test PCR en mars 2020, et depuis on n’a pas arrêté. Il y a de la fatigue dans nos équipes, qui ne sont pas toujours épargnées par le Covid. Et le fait que l’on travaille par vagues ne facilite pas les choses.»
Le médecin continue : «Comme la charge de travail évolue beaucoup entre les pics, nous avons recours à des CDD pour nous renforcer. En octobre, on ne faisait que 2500 à 3000 tests pour nos 75 sites. Mais à chaque nouveau pic, il nous faut recruter, et former. C’est une vraie difficulté pour nous.»
Et l’ampleur de la vague Omicron pourrait en générer d’autres. Avec des tensions sur les approvisionnements en produit réactif, indispensables pour les tests par exemple. "On n’est pas loin de la limite actuellement. On ne pourra pas augmenter le nombre de tests réalisés chaque jour indéfiniment. Nos machines, celles qui analysent les échantillons, sont utilisées à 80%. Les utiliser plus pourrait provoquer des pannes à terme. Et on serait tous perdants" prévient le médecin. Qui appelle aussi au calme autour des centres de dépistage : «On sait qu’il y a beaucoup d’attente. Mais il y a trop d’incivilités et d’agressivité. Notre personnel est en première ligne depuis longtemps et fait le maximum. Il faut que tout le monde se montre respectueux.»