L'épidémie de Covid progresse-t-elle ou non ? Quels sont les régions menacées ? Les projections réalisées à Montpellier par le MIVEGEC sont essentielles pour aider les pouvoirs publics dans leur prise de décision. Seuls quatre laboratoires français sont spécialisés en la matière.
Avec ces bâtiments décrépis en bord du Lez, le lieu paraît anodin. Pourtant, ici, à Montpellier, les chercheurs du laboratoire MIVEGEC traquent le Covid-19 sur tout le territoire français. Actuellement, c'est le variant Delta qui retient leur attention. Selon Pierre Ricordeau, le directeur de l'ARS qui donnait une conférence de presse mercredi midi, "il représente 20 % des cas au niveau national et environ 10 % en Occitanie où sa montée est progressive".
A partir de données fiables comme le nombre de cas détectés ou de personnes hospitalisées, ces spécialistes en biologie et en statistiques tentent d'anticiper les tendances de la maladie au niveau local et national. Avec cependant quelques limites. "Etablir des prévisions solides sur le Covid à plus de 2 semaines est quasiment impossible", affirme Samuel Alizon, directeur de recherche au CNRS.
Seuls 4 laboratoires spécialisés en France
Mais les scientifiques peuvent explorer différents scénarios, voir quel est le champs des possibles entre ce qui est probable et quasiment impossible. Et pour cela, il faut être capable de bien connaître le virus et ses variants.
Dans le cas du variant Delta, c'est important de comprendre à quel point il est plus contagieux que les autres variants afin d'établir des projections.
Actuellement, seuls quatre laboratoires français dont l'Institut Pasteur et le MIVEGEC sont spécialisés en la matière. Leur objectif est d'aider les pouvoirs publics en optimisant leur prise de décisions. Mais leurs préconisations ne sont pas toujours suivies par le gouvernement.
C'est dur d'être considérés comme des annonciateurs de mauvaises nouvelles car notre objectif justement est d'éviter de rebasculer dans une crise avec un confinement généralisé pendant des semaines.
Régulièrement, ces chercheurs montpeliérains informent le Comité scientifique et Santé publique France. Un travail de l'ombre qui leur a permis d'annoncer, dès juillet 2020, l'arrivée de la deuxième vague de contamination trois mois plus tard.