Le secteur de l’aviation promet la neutralité carbone à l’horizon 2050. Des scientifiques de Montpellier ont étudié l’impact de l’aviation verte sur les passagers. Ils viennent de publier un rapport.
2,3 milliards de passagers ont été transportés par les airs l’an dernier dans le monde. L’aviation est l’un des secteurs les plus pointés du doigt dans la crise climatique. L’Organisation de l'Aviation Civile Internationale a conclu un accord pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.
Dans ce contexte, des Scientifiques de la Chaire Pegase, chaire dédiée à l’économie et au management du transport aérien, ont enquêté sur l’acceptabilité des innovations vertes dans le secteur aérien. Les chercheurs montpelliérains ont ainsi interrogé mille personnes représentatives de la population française pour concevoir leur dernière étude.
Bien que les Français soient préoccupés par l’environnement de façon générale (79% des personnes interrogées lors de l’enquête), l’importance accordée à l’aviation verte semble moindre, selon le rapport. Le critère environnemental est important pour 36% d’entre eux, ils sont 41% des répondants à essayer de moins prendre l’avion.
Les fortes préoccupations environnementales des Français ne se traduisent pas forcément par des actions concrètes en matière de transport aérien. Seuls 12% des passagers aériens ressentent de la honte lorsqu’ils prennent l’avion. C’est intéressant, car de manière générale, on a un effet loupe qui met l’accent sur ces quelques passagers, qui ne sont pas forcément représentatifs de la population française.
Paul ChiambarettoDirecteur de la Chaire Pegase
Les innovations vertes méconnues
Le grand public est globalement peu informé sur les efforts de l’industrie pour diminuer son impact environnemental. L’étude montre qu’à peine un tiers des Français connaissent les nouvelles technologies vertes. Pour réduire son empreinte environnementale, le transport aérien parie sur des innovations : nouveaux designs d’avions (comme les ailes volantes), nouveaux types de moteurs (comme les open rotors), nouveaux types de carburants (comme les SAF, les Sustainable Aviation Fuels).
Il travaille aussi sur les nouvelles formes d’énergie, dont l’hydrogène est la plus “connue”. 50% des répondants en avaient déjà entendu parler. A l’inverse, seulement 19% des Français connaissaient l’existence des nouveaux types de moteurs, comme les open rotors.
Le vrai paradoxe, c’est qu’on peut comprendre que les Français ne connaissent pas les innovations au stade de développement. En revanche, il est surprenant qu’ils ne connaissent pas les innovations ou des technologies qui sont déjà utilisés par le secteur aérien, comme les carburants d’aviation durable. Aujourd'hui la quasi totalité des vols au départ de la France sont alimentés par un mélange intégrant 1% de carburant durable.
Paul ChiambarettoDirecteur de la Chaire Pégase
Les Français prêts à payer leur billet 15% plus cher pour voler avec des innovations
Ces innovations vertes étant coûteuses, les aéroports et les compagnies aériennes seront probablement dans l’obligation de répercuter une partie des coûts supplémentaires sur le prix du billet. Les chercheurs de la Chaire Pégase montrent tout d’abord que seulement 56,5% des Français sont prêts à payer un supplément pour voyager avec une compagnie aérienne qui utilise des technologies vertes, et qu’en moyenne, ceux-ci sont prêts à payer 15,6% plus cher leur billet.
En attendant les innovations, les passagers misent sur une réduction de leurs vols. Le rapport précise que parmi les passagers qui ont pris l’avion moins d'une fois (un aller simple), 87% pensent réduire leurs vols. À l'inverse, parmi ceux qui ont volé plus de 12 fois, seuls 54% comptent réduire leur nombre de vols. Au final, les Français qui ont pris l’avion ces 12 derniers mois estiment réduire leur nombre de vols de 14,5% dans les cinq prochaines années.
La baisse de nombre de vol est inégale selon le profil du passager. Ceux qui sont prêts à réduire leur nombre de vol pour des raisons environnementales, sont ceux qui utilisent le moins l’avion. Finalement, l’impact en réduction des vols est limité.
Paul ChiambarettoDirecteur de la Chaire Pégase
En conclusion, le rapport souligne que la méconnaissance et la faible acceptabilité des innovations vertes par les passagers aériens pourraient constituer un frein à la transition environnementale du secteur aérien.