L'accélération de l'épidémie de coronavirus fait redouter le confinement total du pays d'ici mardi et donc la fin de nombreux chantiers pour les artisans autour de Montpellier, comme dans toute l'Occitanie. Emmanuel Macron s'adressera de nouveau aux Français ce lundi à 20h.

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Ce lundi 16 mars serait-il le dernier jour de chantier avant longtemps pour de nombreux artisans ? C'est ce que redoutent Jennifer et Benoît Coupevent. 

Installé à Saint-Jean-de-Védas, près de Montpellier, ce couple d'artisans travaille depuis dix ans dans le secteur de l'isolation, activité où le travail ne manque pas.

Les aides gouvernementales destinées à inciter les familles faire des économies d'énergie en isolant leur habitat ont fait exploser leur carnet de commande depuis l'année dernière : ils n'ont plus un créneau de libre avant le mois de juin.   

Et s'il fallait tout arrêter brutalement sur ordre de l'Etat ? 

Nous avons la chance d'être une structure légère, sans salariés. S'il fallait arrêter toute activité à cause du virus, on aurait de quoi tenir deux à trois mois en trésorerie, mais pas plus ! 

 
 

Le report des charges, oui mais....


Vendredi 13 Mars,  le ministre de l'Économie a annoncé que les entreprises et artisans qui subiront le contrecoup de l'épidémie pourront bénéficier d'étalement de charges sociales et fiscales (Urssaf, impôts mais pas la TVA),

Dans les situations les plus difficiles, des remises d'impôts directs pourront être décidées dans le cadre d'un examen individualisé des demandes, peut on lire sur le site du ministère de l'Économie. 

Pour Benoît Coupevent, reporter les charges, ce n'est pas la solution idéale, "C'est plutôt se tirer une balle dans le pied, car quand l'activité repart, il ya trop à payer ..."
 

Du fournisseur aux clients, le casse-tête des règlements


Ce lundi matin, près de Lunel, un de leur fournisseur de matière première est venu leur rendre visite sur un chantier. Ensemble, ils ont évoqué cette situation exceptionnelle liée à la crise du coronavirus.

La petite entreprise héraultaise "mange" 26 palettes de ouate de cellulose tous les 15 jours pour le besoin de ses chantiers. Si elle venait à suspendre son activité, payer les fournisseurs deviendrait vite compliqué !

Marc Carlier, qui travaille avec cette entreprise depuis une dizaine d'année, se montre déjà conciliant : " pour le règlements des factures, on peut attendre, surtout avec les gens qu'on connaît bien." 

 


Épée de Damoclès


Mais pour d'autres artisans, la situation est plus angoissante.

C'est le cas de Dorothée Le Rolland et Benoît Laurent qui ont créé leur entreprise d'isolation et d'agencement en 2011 à Saturargues, au nord de Lunel , dans l'Hérault.

Eux, emploient 4 salariés et ont déjà dû réorganiser des chantiers en urgence à cause d'un manque de matière première, l'un de leur fournisseur ayant fermé à cause de la crise sanitaire.

S'il faut tout arrêter, on donnera la priorité au paiement de nos salariés, car dans une très petite entreprise comme la nôtre, le gérant, c'est comme le capitaine d'un bateau : c'est lui qui part ou qui se paie en dernier, explique Dorothée.

"On fait très peu de marge, on travaille à flux tendu avec peu de trésorerie d'avance d'autant qu'on a beaucoup d'argent à l'extérieur, qui doit rentrer dans les caisses. Si on ne peut plus travailler,  même avec des charges lissées  sur plusieurs mois, cela va être très compliqué, on n'a pas la capacité d'absorber cela...."

Le jeune couple d'artisan espère donc des mesures de la part du gouvernement en cas d'arrêt forcé des chantiers et espère que la fédération française du Bâtiment pourra, elle aussi, les épauler dans cette épreuve qui s'annonce redoutable.
 
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