Coronavirus : moins de consultations aux urgences du CHU de Montpellier hors COVID-19 et en ville, les médecins inquiets

En mars, le CHU de Montpellier a constaté une baisse de près de moitié de la fréquentation de l’ensemble des services d’urgences hors COVID. Même diminution de l'activité chez les généralistes de l'Hérault, alors que les pharmaciens voient de plus en plus de malades dans leurs officines.

En mars 2020, selon les données du CHU de Montpellier, tous les services d'urgence hors COVID ont vu leur activité diminuer.

Une baisse particulièrement sensible pour les urgences cardiaques, en chute de 26%.

Le CHU explique craindre que des patients qui auraient recours à l'hôpital en temps normal refusent de s'y rendre par peur du coronavirus, alors même que leur état de santé justifie parfaitement un appel au Samu.

Pour le directeur général du CHU de Montpellier Thomas Le Ludec, "il faut garder le réflexe d'appeler le 15 en cas d'urgence. Même si on est confiné, on peut se déplacer."

Des personnes arrivent trop tard à l'hôpital, le confinement ne doit pas jouer contre leur santé, ce n'est pas le but.

Une situation qui se répète partout en Occitanie, le professeur Vincent Bounes, directeur du Samu à Toulouse a lui aussi fait part de ses craintes vendredi 10 avril.
 
La direction du CHU de Montpellier rappelle qu' un circuit dédié et sécurisé de prise en charge des urgences hors COVID a été mis en place à l'hôpital, les patients ne se croisent pas.

"Pour assurer une prise en charge en toute sécurité de ces patients, le CHU de Montpellier a identifié depuis plus d’un mois, deux filières distinctes et séparées. Une filière sécurisée COVID+ a été créée au niveau -2 de l’Hôpital Lapeyronie."

Les filières habituelles de prises en charge des urgences du CHU de Montpellier sont maintenues :

 - Urgences adultes, psychiatriques et pédiatriques à l’hôpital Lapeyronie ;
 - Urgences gynécologiques et obstétricales à l’hôpital Arnaud de Villeneuve ;
 - Urgences spécialisées Tête et Cou à l’hôpital Gui de Chauliac.

Et le CHU de rappeler qu'au-delà des urgences, il continue d’assurer le suivi de tous les patients qui en ont besoin et pour lesquels un report de prise en charge constituerait une perte de chance.

Si votre consultation, votre examen ou votre hospitalisation a été maintenue, c’est que cela est nécessaire pour votre santé. Vous pouvez venir à l’hôpital en toute sécurité, en veillant à respecter les gestes barrières.



Une baisse des consultations chez les généralistes 


Jean-Christophe Calmes, vice-président du syndicat MG France et lui-même médecin à Frontignan, a noté lui aussi une baisse d'activité dans les cabinets médicaux de l'Hérault.

Même si les téléconsultations ont nettement augmenté en mars, passant de 10 000 à 80 000 dès la première semaine de confinement, 600 000 téléconsultations pour le mois de mars, selon les chiffres de l'Assurance Maladie en France, cela ne compense pas la diminution des consultations en cabinet.
 

Les cabinets médicaux sont pourtant ouverts et ont pris toutes les mesures pour que ceux qui se rendent sur place pour autre chose que des symptômes Covid soient pris en charge sans risque de contamination.

D'autant que les masques nécessaires à la protection des soignants et des patients sont là et régulièrement distribués.

"Malgré nos efforts sur les téléconsultations et une réorganisation de nos consultations, avec des moments dédiés aux patients soupçonnés de Covid, et des tournées à domicile, les patients viennent moins dans les cabinets médicaux. Ceux qui nécesitent un suivi pour maladies chroniques, comme ceux qui auraient une crise aiguë."

Le gouvernement a tellement dit de rester chez soi que les patients ne vont pas consulter même quand c'est nécessaire.

"Il faut faire passer le message que le système de santé en france fonctionne bien, les généralistes sont là pour 80% des soins, le reste du suivi est fait ensuite par l'hôpital."

On ne risque rien dans nos cabinets.

"Restez chez soi si le confinement dure deux semaines, ça va, mais s'il s'installe dans la durée comme aujourd'hui, il faut aller chez son médecin, comme on l'aurait fait sans l'épidémie. On ne risque rien dans nos cabinets."

Les médecins généralistes craignent, qu'après le pic d'épidémie, il y ait un afflux de patients dans les cabinets, avec des symptômes plus graves, et donc une prise en charge tardive qui altère les chances de guérison.


Les pharmaciens inquiets aussi


Dans les pharmacies de l'Hérault, la situation est quasi inversée. 

Les officines voient passer de plus en plus de personnes malades qui viennent en pharmacie soulager leurs symptômes au lieu de consulter leur médecin comme ils le devraient. 
 

Frédéric Abécassis, président du syndicat des pharmaciens de l’Hérault, et ses collègues constatent "chaque jour dans les pharmacies que les patients ne consultent plus! C’est préjudiciable pour la santé publique." 

Ils ont peur d’aller chez le médecin malgré  les mesures prises, la séparation des flux de patients , la téléconsultation, les créneaux réservés...

Pour lui, "la communication nationale Covid n’incite pas à aller consulter."

Les pharmaciens peuvent parfaitement gérer les mesures de renouvellement de médicaments, comme le gouvernement le leur a demandé, pour les maladies chroniques.

"Nous voyons dans les pharmacies des patients malades et/ou soufrant qui refusent d’aller consulter. Nous les incitons vivement à contacter leur médecin traitant mais il y a beaucoup de réticences."

Pour l'ensemble des professions médicales, le retard pris dans la prise en charge des malades est un risque important pour la santé publique, "une bombe à retardement", comme le résume Frédéric Abécassis.
 
Rappel des signes d'alerte pour contacter immédiatement le 15 :
Le CHU de Montpellier continue de prendre en charge toutes les urgences vitales.

"En cas de signes neurologiques évocateurs d’un accident vasculaire cérébral, de douleurs thoraciques ou de difficultés respiratoires, appelez immédiatement le 15."

Certains signes doivent particulièrement vous alerter :
  • Une déformation de la bouche ;
  • Une faiblesse d’un côté du corps, d’un bras ou d’une jambe ;
  • Des troubles de la parole ;
  • Des troubles de la sensibilité d’une partie du corps ;
  • Une douleur thoracique ;
  • Des difficultés à respirer.
Une prise en charge rapide est nécessaire dans ces cas, pour assurer les meilleures chances de récupération possible.
 
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