Coronavirus : "nous sommes des porteurs sains et on se balade toute la journée" témoigne un ambulancier héraultais

Les ambulanciers font partie des premières personnes à intervenir en cas de suspicion de coronavirus chez un patient. Aujourd'hui, ils dénoncent le manque de matériel de protection. Pour eux-mêmes et pour leurs patients. Ils s'inquiètent de leur rôle dans la diffusion du Covid-19. Témoignages.

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Ils travaillent dans l'ombre des médecins, mais en tant qu’ambulanciers, ils sont en première ligne. 

Manque de matériels de protection 

Le Samu fait appel aux ambulanciers ou aux pompiers pour transférer des patients aux urgences. Et depuis plusieurs semaines, ils vivent au rythme du Covid-19. Les patients, potentiellement atteints, conduits à l'hôpital, se multiplient, sans qu’ils aient des moyens supplémentaires :

Nos moyens sont minimes, on arrive bientôt à la fin des stocks et on ne va pas en avoir plus, nous sommes dans le même cas que le personnel médical de toute façon, et nous sommes directement en contact avec les malades, on touche les gens en permanence, 
- Franck Sambe, ambulancier à Vailhauquès, près de Montpellier.
 


Lorsqu’ils prennent en charge un patient suspecté d’avoir contracté le covid-19, ils doivent enfiler une tenue spéciale. Ils ont avec eux ce qu’on appelle des kits covid avéré. Dans ce kit, une blouse, un masque, des gants et des lunettes aussi.
Mais dans son ambulance des kits comme cela, Franck en a quatre, à peine :

Le pic va arriver et nous n’aurons plus de kits. Les masques c'est important, mais la protection comme les blouses et les gants tout autant. On va chez des gens on touche tout, les portes, les ascenseurs, les plaies.....on porte les patients, on les habille aussi, c’est la proximité à l'état pur, quoi.

Même constat en Aveyron, Valentin est ambulancier à Capdenac-Gare, dans son ambulance, il a un seul kit de protection : 

Nous sommes les premiers maillons de la chaîne et nous ne sommes pas prioritaires, bien-sûr je comprends que les médecins passent avant nous, mais il y a une différence entre pas prioritaire, et rien du tout. 

 

"Nous sommes des porteurs sains et nous nous baladons toute la journée"

Franck, ambulancier à Vailhauquès, va plus loin. Il estime que les ambulanciers sont potentiellement des vecteurs de propagation du virus, sans le savoir.

Nous sommes des porteurs sains et nous nous baladons toute la journée.


"Après on ramène tout ça dans l'ambulance, devant et derrière aussi. On y passe la journée dans cette ambulance, ça peut aller jusqu’à 12h des fois, nous n’avons pas de lavabo à l’intérieur pour nous laver les mains jusqu’à la prochaine intervention et après on ramène tout ça à l’hôpital, nous allons toute la journée d’hôpitaux en hôpitaux." 

Pour limiter la propagation du virus au maximum, Franck nous explique que l'intérieur de son ambulance est bâchée et qu'il y a très peu de matériel dedans. Il ajoute que l'ambulance est désinfectée après chaque prise en charge de patients. 

Pour Valentin aussi la crainte de propager le virus est bien présente. Il vit avec sa femme et ses deux enfants, et chez lui il a organisé un "sas de décontamination" dit-il : 

Avant de rentrer, je passe par la cave, je mets mes affaires à la machine à laver, et je désinfecte tout, je prends une douche avant de les rejoindre. Mais ça m'angoisse quand même.

"Certaines ambulances n'ont pas encore été bâchées, mais tout est désinfecté après le passage d'un patient potentiellement contaminé". 

 

"Limitez vos activités s’il vous plaît"


C’est ce que demande Franck. Selon lui, les gens n’ont toujours pas compris ce que voulait dire le mot confinement :

Nous transportons des patients qui ont des symptômes du covid-19 oui, mais nous continuons d’intervenir pour d’autres urgences. Des gens qui sortent, des enfants qui jouent dehors et qui se cassent le pied, des gens qui font leur jogging et qui trébuchent. Et ces patients se retrouvent dans les hôpitaux à coté de gens potentiellement atteints du covid-19.

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