Coronavirus en prison : les chiffres de la contamination en Occitanie

Au 24 avril, sur la centaine de détenus testés positifs dans les établissements pénitentiaires français, 5 l'ont été en Occitanie, selon la Direction de l’Administration Pénitentiaire et l'Observatoire International des prisons.

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Sur les 16 établissements pénitentiaires que compte l'Occitanie, 14 ont eu des cas de détenus et personnels pénitentaires atteints des symptômes du Covid-19. Tous n'ont pas été testés, mais tous ont vu des précautions être prises et ont été pris en charge. 

Nous sommes montés à plus de 50 personnels pénitentiaires atteints et à plus de 30 détenus. Mais depuis une dizaine de jours les chiffres sont à la baisse : 23 cas dont 1 positif chez le personnel et 17 détenus.
(Stéphane Gély, directeur interrégional Services pénitentiaires Occitanie)


Sur les 17 détenus atteints actuellement (sur 65 depuis le début de l'épidémie), deux ont été testés positifs : l'un est hospitalisé dans l'Unité Hospitalière de Sécurité Interrégionale (UHSI) de Rangueil au CHU Toulouse (dotée d'une quinzaine de lits et qui a soigné 3 détenus de la région atteints du coronavirus), le second est isolé à la prison de Muret (Haute-Garonne). Les autres sont incarcérés et sous traitement médical dans les établissements pénitentiaires de Béziers (4 détenus), Muret, Nîmes, Seysses, Tarbes et Villeneuve-lès-Maguelones.
 


Un détenu testé deux fois positif


Parmi les détenus atteints par le coronavirus, Jean Bauer, sexagénaire multirécidiviste qui purge une peine de 25 ans pour home-jacking à la Maison d'Arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault). 

C’est après la visite d’un kinésithérapeute qu’il ressent les premiers symptômes à la mi-mars : mal de tête, légère toux. Son état de santé va se dégrader rapidement avec une infection des poumons. Le 19 mars, un test effectué sur lui se révèle positif. Le 23 mars, 40 degrés de fièvre, diarrhées, vomissements. Il est alors transféré à l'UHSI du CHU de Rangueil à Toulouse.
 


Après placement sous antibiotiques, les symptômes disparaissent et il est renvoyé en cellule à Villeneuve-lès-Maguelone : « ils m’ont dit que je n’avais plus de symptôme, mais sans me dépister. Et ils me demande de porter le masque pendant une dizaine de jours par précaution, raconte-t-il. Mais à mon retour, j’ai été à nouveau testé positif par un docteur venu du CHU La Peyronie de Montpellier ! »
 


Un défilé au confinement ?


Il est alors placé  dans un "quartier" aménagé pour des cas comme le sien depuis le début de la crise :
«On m’a isolé dans une cellule de confinement pendant plus de deux semaines après un autre test positif. OJe mets le masque, les surveillants aussi mais ils ne rentrent jamais dans la cellule et je prends le plateau repas servi sur une chaise qui est placée en séparation à l’entrée. Je sors pour ma promenade tout seul, mais pas avec les autres détenus. Depuis samedi je n’ai plus rien. Mais je dois garder le masque par précaution. Je suis énormément fatigué, complètement à plat et je suis sous Doliprane encore. »

L'autre cas détecté chez les détenus dans cette maison d'arrêt, il n'en a pas été informé :

Il y a pu y avoir d’autres cas ici, mais difficile de le savoir avec précision. On ne nous le dit pas. Au confinement, ils mettent des gens qui toussent. Et au bout de quatorze jours, ils les ressortent. En pratiquement un mois, j’en ai vu beaucoup défiler.  

 


Pas de test systématique


Tous les détenus ne sont pas forcément testés comme le confirme François Bes, du Pôle Enquête de l’Observatoire International des Prisons (OIP) : « c’est en fait très disparate d’un établissement à l’autre. Chaque unité pénitentiaire dépend d’un hôpital et donc d’une Agence Régionale de Santé. Et tout dépend des politiques appliquées sectoriellement. Et, on y revient, des moyens dont ils disposent… ». Du coup, certains prisonniers sont confinés par suspicion mais sans certitude que cela soit le Covid-19. Ou alors en étant positifs mais sans entrer dans la compatbilité tels que, car non testés.
 Etat des lieux Source : Observatoire International des Prisons au 24 avril 2020


Des confinements pas forcément individuels


Un confinement qui a aussi ses disparités à l’intérieur des prisons : « Certaines prisons comme à Villeneuve-les-Maguelones peuvent isoler individuellement un prisonnier. D’autres ont aménagé des quartiers de confinement…mais où elles regroupent par deux ou trois des prisonniers infectés ! C’est le résultat de la surpopulation. »

Car malgré les directives de la Ministre de la Justice  et Garde des Sceaux Nicole Belloubet et la libération de 4 951 détenus de droit commun en mars, il manque encore de la place dans ces établissements pénitentiaires.

Pourtant en Occitanie, "près de 800 places ont ainsi été récupérées entre le début de la crise et aujourd'hui, avec une baisse du nombre de personnes incarcérées tombées de 6 200 à 5 230", explique Stéphane Gély, Directeur interrégional des Services Pénitentiaires Occitanie.

478 détenus libérés par précaution


Dans notre région, 478 détenus ont été relâchés à la suite de l'ordonnance du 24 mars permettant les remises supplémentaires exceptionnelles de deux mois de peine pour les détenus. Un chiffre complété par des exécutions de peine transformées en assignation à domicile, même si depuis quatre détenus qui n'avaient pas respectés la règle sont revenus à la case "Prison" en Occitanie.

 
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