La fermeture obligatoire du refuge et l'arrêt des adoptions suite aux mesures gouvernementales de confinement inquiète la SPA de Montpellier. L'association doit en effet s'occuper de ses pensionnaires sans aucune rentrée d'argent. Elle en appelle aux dons.
"C'est une période très difficile, au niveau humain mais aussi pour ces pauvres bêtes qui n'ont rien fait." Alors que son refuge est fermé au public, depuis le 15 mars dernier et jusqu'à nouvel ordre, en conformité avec les mesures gouvernementales de confinement prises pour lutter contre le Covid-19, la directrice de la SPA de Villeneuve-lès-Maguelone, près de Montpellier, exprime son désarroi."La fermeture du refuge va freiner drastiquement les adoptions, l’association s’inquiète de l’avenir des animaux et du refuge", explique Annie Benezech.
Impossible de faire adopter les 180 animaux du refuge pour une durée indéterminée. Une mesure qui prive en même temps la SPA de tout financement.
Les frais d'adoption remboursent à peine l'argent dépensé dans l'animal (vaccin, stérilisation). Il fallait absolument limiter les coûts sinon c'était impossible.
Une équipe divisée par deux
Sur les 24 employés du refuge, huit ont dû être placés en chômage partiel, et un en arrêt maladie pour garde d'enfant. Une cinquantaine d'animaux ont été placés en famille d'accueil chez les bénévoles, avant l'annonce du confinement. Beaucoup de changements qui affectent les animaux.
Vous savez, du jour au lendemain il n'y a plus personne qui vient, plus de bénévoles, juste nous. On fait tout pour leur éviter un traumatisme, mais les animaux le sentent. Depuis le confinement, ils restent prostrés, muets. Ils ne comprennent pas.
L'équipe divisée par deux continue de se relayer, coûte que coûte, 7 jours sur 7, pour s'occuper des animaux. "Le matin, on leur donne à manger et on nettoie les box ou la chatière, et l'après midi, on s'occupe des chats et on laisse les chiens sortir à l'intérieur de la structure. Quelques fois on les promène à l'extérieur puisque c'est autorisé", raconte la directrice du refuge.
Tous ces animaux, ils dépendent de nous. Heureusement, on a un personnel extraordinaire, tout le monde fait ce qu'il peut. On a aucune rentrée d'argent mais on a un super vétérinaire qui continue à venir une fois par semaine et à assurer les urgences.
Les arrivées continuent dans un refuge déjà plein
Moins de personnels veut aussi dire moins de temps avec les animaux, qui continuent malgré tout d'arriver. "Il nous reste encore quelques places, mais on ne peut pas en accueillir beaucoup, compte tenu du nombre de personnels. On a toujours quelques arrivées de chiens errants. Hier, on nous a amené un Chihuahua qui a failli se faire écraser sur la route de Frontignan. D'habitude, pour s'en occuper, on a les bénévoles, mais là..."
Alors, pour sortir de l'impasse, la SPA de Montpellier lance un appel aux dons.
Votre générosité est essentielle en cette période difficile... Il en va de notre survie. C'est vraiment un appel à l'aide, on n'a plus que ça !
Pas Contagieux
La SPA tient par ailleurs à marteler que la transmission du Covid-19 ne peut pas se faire entre l’homme et l’animal, et met en garde suite à l'apparition de fake news à ce sujet.
Toutes les sources scientifiques, l’Organisation Mondiale de la Santé en tête, concordent : le Covid-19 n’atteint pas les animaux de compagnie comme les chiens et les chats, et ils ne sont pas impliqués dans la propagation de l’épidémie. La SPA en appelle à la responsabilité des propriétaires d’animaux de compagnie à ne pas croire les fausses informations qui circulent à ce sujet et qui pourraient avoir des conséquences catastrophiques en termes d’abandon.
#Coronavirus #COVID19 - A la lumière des connaissances scientifiques disponibles, il n'existe aucune preuve que les animaux de compagnie et d’élevage jouent un rôle dans la propagation du virus SARS-CoV-2 à l’origine de cette maladie.
— Anses (@Anses_fr) March 11, 2020
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Si Annie Benezech n'a pas remarqué un bond spectaculaire des abandons dans la région de Montpellier, elle constate que certains animaux arrivent au refuge car leur propriétaire, malade, ne peut plus s'en occuper.
Si tout le monde fait ça, le refuge ne pourra jamais assurer. J'ai donc fait passé le mot aux services de l'Etat, je leur demande de mettre en place la prise en charge du coût d'une pension privée pour garder l'animal en attendant que son propriétaire puisse à nouveau s'en occuper.
En France, chaque année près de 100 000 chiens et chats sont abandonnés. L'abandon est puni par la loi et passible de deux ans de prison et de 30.000 euros d'amende.