Les confinements semblent avoir fait naître des vocations. Les cours de musique et les instruments sont pris d'assaut. Pour beaucoup de débutants, il s'agit de réaliser un vieux rêve.
Depuis plus d'un an, les écoles et magasins de musique voient un nouveau type d'élèves franchir leur porte. Plus âgés, mais aussi plus motivés. Ils sont nombreux à vouloir se lancer dans l'apprentissage d'un instrument suite aux confinements. Les professionnels observent une envie de créativité et de "retour à l'essentiel".
Réaliser des rêves longtemps repoussés
Christian Pelizzari, gérant d'Azema Musique, un magasin de musique de l'agglomération montpelliéraine, est formel : sa clientèle a changé. Habitué aux musiciens confirmés qui viennent changer leur instrument, il accueille désormais davantage de débutants. "Ce ne sont pas de jeunes de 17, 18 ans... Ce sont plutôt des personnes entre 50 et 60 ans, qui se sont trouvées à passer beaucoup de temps chez eux avec le confinement."
Ces nouveaux clients disent s'être sentis oppressés par le confinement, ils ont eu envie de canaliser leur mal-être à travers la musique. Beaucoup d'entre eux veulent aussi réaliser un rêve qu'ils ont longtemps repoussé.
Christian Pelizzari observe une prise de conscience chez ces débutants. "Souvent, leur discours c'est : "je faisais de la musique quand j'avais 20 ans, j'ai arrêté parce que j'ai fait ma vie, mais aujourd'hui j'ai envie de me faire plaisir."
Dans son école de musique, "Beaux-Arts Musique", Lili Panadan constate un phénomène similaire. "D'habitude, on a des inscriptions en septembre et en janvier. Mais cette année, il y a des demandes en permanence ! C'est inédit, et c'est vraiment l'effet Covid."
Souvent on se dit “j’ai le temps, je le ferai plus tard, je me mettrai à la musique quand je serai à la retraite”. Mais avec le Covid, la notion de temps a changé pour beaucoup de personnes. Avec l'incertitude de la vie, on se dit plutôt "autant y aller tout de suite !"
La musique adoucit les moeurs
"Ce confinement a été un déclencheur d'envie, a fait sauter le pas à beaucoup de personnes", poursuit Lila Panadan, assise devant le piano aux côtés de Marie-Hélène Rey, son élève. "Ca a toujours été un refuge pour moi, et encore plus pendant le confinement !", sourit-elle.
Dans le magasin de Christian Pelizzari, un couple de clients tient le même discours. "Cette période nous a poussé à changer de vie : on déménage en Corse, on s'est mis à la musique et au dessin. On veut se concentrer sur l'essentiel."
"Il y a vraiment cette envie de créer quelque chose par soi-même", résume Christian Pelizzari. Il se réjouit de revoir certains clients venus à l'issue du premier confinement, et qui ont progressé dans leur pratique musicale. "Ils nous disent “je viens de réaliser un de mes plus beaux rêves, je pensais que je n'étais pas capable de le faire, mais avec du travail, ça m'est accessible !".