Covid : avec le couvre-feu, clients et restaurateurs s'adaptent à Montpellier

Avec le couvre-feu à 21h sur le territoire de la métropole de Montpellier, certains restaurateurs ont simplement décidé d'annuler le service du soir. D'autres s'adaptent, tout comme les clients, obligés de dîner beaucoup plus tôt.  

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Il n'est que 18 heures au restaurant La Factory, situé dans le quartier Port-Marianne à Montpellier mais on s'active déjà en cuisine. Pendant une semaine, ce restaurant tente une expérience. Il sera  l'un des rares du quartier à maintenir un service du soir. Ici, les patrons misent sur une clientèle de résidents mais aussi d'employés de bureaux. Pour la responsable du restaurant Caroline Curtet, il a fallu réorganiser les équipes. 

On a une équipe qui reste toute la journée pour faire la préparation, puis deux ou trois personnes reviennent pour le service du soir à 18h

Caroline Curtet

 

Des clients pressés 

Dans la salle, les clients apprécient le fait de se retrouver ensemble à table, mais il ne faut pas être trop nombreux : la législation limite le nombre de convives à 6 par table. Le service commence vraiment vers 19h30. Une cliente l'avoue, il a fallu se dépêcher pour ne pas arriver en retard : «On est arrivé un peu en retard, on était inquiet. On s'est pressé pour venir, il faut prendre ses précautions», son mari ajoute « il est 20h19 et là il nous reste 11 minutes avant de rentrer».  
À la table à côté, un autre convive regrette de manger aussi rapidement « On ne peut pas passer du temps ensemble et apprécier le moment», et selon lui, les nouvelles mesures imposent de revoir le rythme des repas. 

Il a fallu se réorganiser et manger plus tôt à midi. Il ne faut pas manger à 14h si vous dînez le soir à 18h30

Un client d'un restaurant de Montpellier


Seulement 12 couverts 

Ce soir, le restaurant aura servi à peine une douzaine de couverts au lieu de 30 un soir de semaine en temps normal. À la fin de la semaine, les propriétaires du restaurant ont rendez-vous avec leur expert-comptable pour évaluer la rentabilité de ce petit service de début de soirée, et décideront s'ils continuent d'ouvrir le soir. 
 

Un secteur fragilisé

Pour Jacques et Christian Mazerand, à la tête d'un restaurant gastronomique depuis 32 ans, maintenir un service du soir est impossible avec le couvre-feu. "Les gens qui viennent chez nous font de la route, ils sont là pour prendre leur temps alors on a décidé de fermer le service du soir. A la place, on va ouvrir le samedi midi, mais ça ne compensera pas".
Plus de séminaire, moins de clientèle d'affaires, des repas de famille annulés ou réduits, le chiffre d'affaire du restaurant a diminué de moitié cette année. "Ce qu'on espère", précise Jacques Mazerand, le cuisinier du duo, "c'est faire un bon mois de décembre, c'est en général l'un des meilleur mois de l'année, avec l'été." Mais, complète son frère Christian, "On est vraiment dans le flou, on ne sait pas comment on va finir l'année."

Le secrétaire d'Etat au Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, en visite dans leur restaurant à Lattes lundi 19 octobre après-midi, a tenté de rassurer les professionnels. "L'Etat est au côté du secteur de l'hôtellerie-restauration depuis le début de ma crise. Et on va continuer"

Depuis le 14 mai, 18 milliards d'euros ont été mis sur la table, avec le prêt garanti par l'Etat, le fonds de solidarité, augmenté jusqu'à 10 000 euros par mois, le chômage partiel jusqu'au 31 décembre.

Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au tourisme
 


L'union des métiers de l'industrie hôtelière (UMIH) continue de négocier avec le gouvernement des aides spécifiques pour les traiteurs, particulièrement touchés par la crise sanitaire, et le report d'un an du remboursement du prêt garanti par l'Etat.

Avec les hôtels, les restaurants et l'évenementiel, c'est tout un pan de l'économie de l'Occitanie qui bascule dans la crise : ces secteurs sont d'importants pourvoyeurs de petits boulots d'appoint, saisonniers souvent, qui permettaient à des étudiants, des retraités ou des travailleurs précaires, d'arrondir leur fins de mois. "Il ne faut pas oublier notre agriculture, rappelle Cyril Meunier, maire de Lattes et vice-président de la Métropole de Montpellier en charge du tourisme, "nos producteurs n'ont plus leurs débouchés locaux habituels." Egalement conseiller général de l'Hérault, il explique avoir constaté que les demandes d'aides sociales, APA, RSA etc, ont explosé dans le département de l'Hérault ses dernières semaines. 
 
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