La crise du coronavirus décourage bon nombre de Français à aller se faire dépister. Pourtant, "un cancer détecté à un stade précoce permet de plus grandes chances de guérison" affirment les spécialistes de l’Institut du Cancer de Montpellier, dans l’Hérault.
"Nous allons vivre avec le virus pendant plusieurs mois et cela ne doit pas pénaliser la détection et prise en d'autres pathologies comme le cancer" ,s’inquiète le professeur Marc Ychou, directeur général de l’Institut du Cancer de Montpellier. "Lors du premier confinement, nous avons reçu beaucoup moins de patients, en enregistrant une baisse de 30 à 40% de diagnostics."
En effet, bon nombre de patients repoussent leurs examens en raison de la crise du coronavirus. Aujourd’hui, les professionnels de l’Institut du Cancer de Montpellier reçoivent des patients avec des tumeurs à des stades plus avancés qu’habituellement.
"Il est dangereux de retarder un diagnostic"
"Nous savons déjà que ce retard de diagnostic aura un impact. Malheureusement, il est aujourd’hui impossible de savoir combien de patients seront concernés" affirme le professeur Marc Ychou.Le retard de ces prises en charge représente un réel danger pour les patients. Une étude anglaise publiée le 4 novembre 2020 dans la revue British Medical Journal démontre qu’un retard des traitements contre le cancer, même d’un mois, augmenterait la mortalité de 6 à 13%. "Un cancer pris à un stade précoce permet de plus grandes chances de guérison" insiste le directeur général de l’ICM.
"Prenons l’exemple de l’une de mes patientes : elle avait passé une mammographie en février dernier, un nodule avait été détecté. Elle a attendu le mois d’octobre pour consulter" explique le professeur Ychou.
Malheureusement, quand elle a fini par consulter, la tumeur était à un stade avancé.
"Vous n’attraperez pas la Covid dans un cabinet médical"
"Si vous avez un rendez-vous de dépistage prévu ou le moindre symptôme, il faut consulter" ajoute Marc Ychou.Pour le moment, aucune intervention chirurgicale liée au cancer n’a été déprogrammée à l’Institut du Cancer de Montpellier. "Nous repoussons les interventions de reconstruction, mammaire par exemple, cela peut-être pénible pour les patientes" confie le professeur Marc Ychou.Vous n’attraperez pas la Covid dans un cabinet médical ou dans une salle d’examen. Toutes les précautions sont respectées.
Plusieurs campagnes existent pour mettre en lumière le dépistage : Octobre rose a pour vocation de lutter contre le cancer du sein. L’opération Movember, qui a lieu en ce moment même, sensibilise l’opinion publique aux maladies masculines telles que le cancer de la prostate ou des testicules.
Pour autant, interrogé par la journaliste Caroline Roux sur France 2, Axel Kahn, médecin et président de la Ligue Nationale contre le Cancer évoquait son inquiétude :
Je peux vous affirmer que dans les 5 ans qui viennent, il y aura des milliers de personnes qui mourront du cancer comme effet collatéral de la Covid19.
« Je peux vous affirmer que dans les 5 ans qui viennent il y aura des milliers de personnes qui mourront du #cancer comme effet collatéral de la #Covid19 (...) »
— Caroline Roux (@Caroline_Roux) November 11, 2020
? @axelkahn Président de la Ligue Nationale Contre le Cancer
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