Les universités ne peuvent désormais accueillir en présentiel que la moitié des effectifs, une limitation déjà en vigueur à Montpellier. La mesure annoncée ce lundi par la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal s'applique dans toutes les zones d'alerte renforcée et maximale Covid.
Lundi 5 octobre, le ministère de l'Enseignement supérieur de la Recherche et de l'Innovation a demandé dans une circulaire adressée aux directions de réduire de moitié les capacités d'accueil des universités et autres établissements d'enseignement supérieur.
Sophie Béjean, la rectrice de l’académie de Montpellier a aussitôt relayé la consigne sur les réseaux sociaux.
Une jauge à 50% des effectifs & un respect des gestes barrières, des étudiants sentinelles & des campagnes de sensibilisation au « sans contact », c’est l’engagement des universités & écoles @RA_Occitanie pour contribuer à la gestion de la crise sanitaire @ARS_OC @PrefetOccitanie pic.twitter.com/OXj2Q7Ksbs
— Béjean Sophie (@sophiebejean) October 5, 2020
Une mesure évidemment destinée à limiter la propagation de la Covid-19 parmi les étudiants. Mi-septembre, on apprenait ainsi que 60 étudiants de la faculté de Médecine étaient positifs au coronavirus. Les cours avaient été interrompus pour tous les étudiants en deuxième année. 17 cas positifs avaient aussi été recensés à l'école de chimie, et à l'IAE, une classe de 60 élèves avait été mise à l'isolement suite à un cas de coronavirus.
Une limitation des jauges déjà en vigueur
Dans les faits, les universités montpelliéraines pratiquent déjà la limitation des jauges. A l’Université de Montpellier, qui regroupe les anciennes facs de sciences et de droit, les étudiants n’assistent, depuis le début de la rentrée qu’à une semaine de cours sur deux, en fonction du numéro inscrit sur leur carte d’étudiant. « On va devoir généraliser ce que l’on pratiquait déjà largement. C’est relativement facile pour les cours magistraux en amphi et les travaux dirigés. Mais pour les travaux pratiques, en sciences par exemple, c’est beaucoup plus compliqué », explique Agnès Fichard-Carroll, enseignante, vice-présidente à la responsabilité sociale de l’université et référente Covid de l’établissement.On ne peut pas multiplier les séances, il y a des contraintes de salles, d’emplois du temps. Les enseignants vont devoir faire des choix pour continuer d’assurer la qualité de nos formations, tout en respectant les contraintes sanitaires.
A l’Université Paul Valéry, le système de limitation est entré en vigueur une semaine avant qu’il ne soit obligatoire. Il fonctionne sur le même principe qu’à l’Université de Montpellier, en fonction du numéro, pair ou impair, de la carte d’étudiant. « On a laissé la rentrée se faire en présentiel car il était important que les étudiants se rencontrent entre eux, qu’ils rencontrent leurs professeurs, explique Fabrice Chomarat, le directeur de la communication. Mais on pressentait malheureusement ce passage en semi-présentiel et on l’avait anticipé pendant l’été. »
Le contrepoint d'un syndicat étudiant
Ce n’est pas vraiment le sentiment du SCUM, le syndicat de combat universitaire de Montpellier. Son porte-parole, qui n’a pas souhaité que son nom soit cité dans cet article, dénonce au contraire l’impréparation des universités montpelliéraines :On continue d’entasser les étudiants. Il faut réfléchir par salles et par cours pour limiter les jauges, il ne suffit pas d’alterner les étudiants une semaine sur deux
Les universités montpelliéraines contestent cette analyse : « Je ne peux pas vous assurer que c’est toujours parfait, tout le temps, pour tous les cours, mais on a quand même restreint énormément la promiscuité. De manière générale, on fait beaucoup d’efforts pour faire respecter les distances physiques. Ce matin, pour mon cours en amphi, il y avait peut-être 150 étudiants pour 600 places », témoigne Agnès Fichard-Carroll.
Les problèmes de l’enseignement à distance
Les étudiants des universités de Montpellier vont donc devoir apprendre à travailler en ne pouvant assister aux cours qu’une semaine sur deux. Et là encore, le Syndicat de combat universitaire de Montpellier s’inquiète : « C’est un problème qui date d’avant la Covid, et qui est aggravé par la crise. Beaucoup de professeurs ne mettent pas leurs référentiels de cours sur Internet. Du coup c’est parfois compliqué de les récupérer. Et les cours magistraux ne sont pas systématiquement filmés et mis en ligne. » Là encore, les universités montpelliéraines se défendent : « On a développé des outils pendant le confinement et l’été qui permettent de partager des documents. On a équipé 40 salles en moyens audio-visuels pour permettre la captation des cours. Après, les enseignants de l’université sont libres de l’utiliser ou pas. Il est possible que certains ne le fassent pas, mais c’est de l’ordre du choix individuel.Il essaye aussi de remettre les choses en perspective : « Depuis début septembre, nous avons été informés d’une trentaine de cas de Covid-19 sur les 23 000 étudiants de Paul Valéry. Et d’après les enquêtes de traçage, les contaminations étaient pour la plupart extérieures au cadre universitaire, lors de fête ou de soirées privées. »L’université a tout fait pour rendre l’enseignement à distance possible
Au lendemain de la révélation du foyer d’infection à la faculté de Médecine de Montpellier, mi-septembre, la rectrice, Sophie Béjean, en avait d’ailleurs déjà appelé à la responsabilité des étudiants pour limiter les rassemblements privés.