Déconfinement : le MHSC et le MHR de Montpellier se sentent les grands oubliés du sport de haut niveau

Si vous pouvez faire du sport depuis ce lundi à votre guise à l’extérieur, les sportifs professionnels eux attendent toujours le feu vert du ministère des sports. Pas de reprise en vue pour les sports collectifs. D'où cette inquiétude chez les footballeurs et rugbymen de Montpellier.

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 On entend dire que les sportifs de haut niveau sont à risque avec ce virus là donc oui on est inquiet 

Cette petite phrase de Benoit Paillaugue, le rugbyman du MHR, résume à elle seule l’état des sportifs de la région. Confinés depuis deux mois et demi, les sportifs ont bien du mal à entrevoir le bout de cette crise

Le club de rugby de Montpellier a mis l’ensemble de ses salariés en chômage partiel jusqu’au 2 juin au moins. Résultat: pas de salle de musculation ouverte, aucune reprise d’activité en vue, même en petit groupe. A ce sujet les directives ministérielles sont claires : pour les sports collectifs un point d’étape sera fait le 2 juin mais avant cette date rien ne devrait bouger.


Des risques cardiaques liés au virus


Si le ministère des sports attend de savoir si la France sera soumise à une 2e vague, les médecins eux s’inquiètent plus du protocole de reprise des sportifs de haut niveau. Pour Bernard Dusfour médecin montpelliérain, en charge de définir le protocole de reprise du rugby mais aussi des autres sports collectifs, il s’agit d’abord de protéger la santé des joueurs en définissant des règles sanitaires strictes.

« Le protocole comporte 4 phases, explique Bernard Dusfour, la première est de tester chaque sportif au Covid 19. S’il est porteur ou a eu le virus il faudra alors engager toutes une batterie de tests d’effort. On s’est aperçu que le virus peut entrainer des séquelles cardiaques. Une fois ses deux phases pratiquées, il faut passer à la  "réathlétisation". On va compter six à huit semaines pour en arriver à la dernière, celle d’un retour à la compétition. ».
 
Tester tout le monde c’est bien là le problème. Pour l’heure le Ministère des Sports a indiqué que le sport de haut niveau n’était pas prioritaire pour obtenir des tests. Sachant qu’il en couterait par club pour tester tout le monde tous les trois jours plus de 20 000 euros par semaine.


Bruno Carotti «on attend une date de reprise»


Pour ce début de déconfinement, on a voulu prendre quelques nouvelles d’un club touché de près par ce virus. Le MHSC se remet à peine de l’épisode Junior Sambia.
  

 on est encore touché par ce qu’a vécu Junior

raconte Bruno Carotti le Directeur général du MHSC. "Pas traumatisé mais touché. Je suis d’ailleurs très fier de notre groupe. Les joueurs ont été extraordinaires pendant la maladie de leur coéquipier. Ils ont fait preuve de beaucoup de solidarité et je sais que le groupe va sortir grandi de cette épreuve ».

Junior lui est sorti d’affaires après une grosse frayeur. Il va devoir suivre un protocole de remise en forme très strict. Deux mois d’arrêt minimum mais c’est finalement un moindre mal. Le groupe héraultais, lui de son côté, attend.

« On devrait en savoir plus dans les 15 prochains jours, souffle Bruno Carotti.Pour l’instant on n’a pas encore de date officielle pour une éventuelle reprise du championnat. Certains parlent du 23 d’autres du 15 aout »


Une reprise le 22 juin pour le MHSC


Quelle que soit la date fixée, l’effectif professionnel du MHSC doit se retrouver le 22 juin. Les joueurs sont en chômage partiel jusqu'à la fin du mois de mai, ils prendront ensuite leurs vacances puis retour à l’entrainement.

« Enfin on espère, poursuit Bruno Carotti. On navigue quand même un peu à vue. On va regarder avec beaucoup de curiosité la reprise du championnat allemand notamment. Ils ont mis en place un protocole sanitaire très strict. Mais même avec ces mesures, on s’aperçoit qu’ils ont des cas qui continuent à se déclarer. Mais on espère entrer dans une phase où on va avancer un peu plus. 


Recrutement compliqué pour la saison prochaine

"On va aussi essayer de se projeter sur le recrutement mais là encore c’est assez flou. On avait des vues sur des joueurs étrangers mais si leur championnat n’est pas fini ça complique la donne".

Et Bruno Carotti de conclure « c’est quand même un truc de dingue qu’on est en train de vivre. On relativise tellement plus les choses. On s’inquiète pour nos proches. On s’est aussi aperçu à quel point le sport était important pour les français. Pendant ce confinement tout le monde en a eu besoin pour s’évader un peu. Alors oui il me tarde que tout reprenne un cours normal. »


S'entretenir c'est la priorité pour les joueurs 

Depuis le début du confinement, que ce soit les joueurs du MHSH ou le MHR, il est déterminant de poursuivre un entraînement individuel sinon la reprise sera trop difficile.
 
3 questions à Benoît Paillaugue, demi de mêlée du MHR
Qu’est-ce qui est le plus dur à vivre pendant cette période ?
B.P :Le plus dur c’est de ne pas pouvoir être avec les copains. Se brancher un peu. L‘atmosphère du rugby qui manque un peu, les terrains bien sur. En temps normal on passe dix douze heures par jour ensemble . C’est tout simplement cette ambiance de vie de groupe qui me manque le plus.

Est-ce que vous êtes inquiet pour votre avenir ? 
B.P: Oui un peu. On est au courant de pas grand chose. On ne sait pas quand on va reprendre les entrainements encore moins la compétition. Est ce qu’on va reprendre la compétition et est ce qu’elle va ensuite être elle aussi arrétée si y a une seconde vague. C’est un peu l’inconnu . l’incertitude sachant qu’on a pas pu terminer cette saison non plus. Oui oui je suis inquiet. Mais bon il faut aussi en tirer du positif on a pu se reposer. C’est vrai que le repos on en a pas beaucoup. Maintenant ça fait long. Et on est inquiet de notre état à la reprise. Dans quelle condition physique. Est ce que ça va être dangereux parce qu’on entend que les sportifs de haut niveau peuvent être à risques avec ce virus la. Donc voilà pas mal d’inquiétude et d’impatience aussi de reprendre les entrainements pour la vie de groupe.

Et le mental comment va-t-il? Le sport de haut niveau c’est un peu comme une drogue. Avec la baisse d’adrénaline,n'y a-t-il pas un manque ?
B.P: Si un peu. C’est vrai qu’au début ça allait, maintenant ça devient de plus en plus compliqué. Ma famille en paye un peu les pots cassés. En restant à la maison j’essaye de m’occuper de la maison, de ma fille. J’essaye de trouver des points positifs mais j’ai hâte de retrouver la vie entre guillemet normale d’un sportif de haut niveau.
 
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