C'est un canton que l'on pourrait qualifier d'extrême. Saint-Pons-de-Thomières à l'ouest du département de l'Hérault, est le plus vaste, le plus richement doté en communes et surtout il est le canton du Président sortant, Kléber Mesquida, élu depuis 27 ans à l'assemblée départementale.
C'est un canton qui ne paie pas de mine mais qui remplit bien l'espace. Le canton de Saint-Pons-de-Thomières, 24ème du nom sur les 25 que compte le département de l'Hérault, est de loin celui qui est le plus étendu.
Il faut presque 2 heures pour le traverser du nord au sud ou d'est en ouest. Avec ses 59 communes, entre plaine et montagne, il a la particularité de donner sur deux versants. L'Atlantique quand on est à la Salvetat-sur-Agout et la Méditerranée quand on redescend vers le littoral en direction de Saint-Chinian. Un canton qui compte près de 35 000 habitants.
Un canton inscrit à gauche depuis plus de 70 ans
Trois listes s'affronteront pour cette élection départementale, trois listes de deux binômes homme/femme comme partout sur le territoire. A la tête de l'une d'entre elles, on retrouve le président du conseil départemental, Kléber Mesquida. Il sera associé à Marie-Pierre Pons, maire de Cessenon-sur-Orb et Vice-Présidente du département.
Cette liste majorité départementale, réélue en 2015 devant le Front National, possède une assise solide sur ce territoire. Ce canton penche depuis très longtemps à gauche. C'est un bastion du parti socialiste depuis la fin de la guerre. Pour Kléber Mesquida, il s'agira de conserver un siège sur un territoire qu'il connait comme sa poche mais que certains aimeraient bien lui ravir.
Elu depuis 27 ans, ce socialiste indéfectible possède une longue carrière politique. A bientôt 76 ans, cet ingénieur, diplômé du Conservatoire des Arts et Métiers, né en Algérie a été successivement Maire de Creissan, de Saint-Pons-de-Thomières, conseiller départemental de l'Hérault puis président, député... en tout près de 75 ans de mandats cumulés. Ces adversaires aimeraient bien le voir vasciller, avançant que c'est le mandat de trop pour le vieux lion. Mais c'est mal connaître cet animal politique qui a maillé le territoire en près de 30 ans de carrière. Un travail de fond qu'il a su concrétiser en prenant la présidence du département de l'Hérault à la suite d'André Vézinhet.
Le département, qu'il préside, a consacré plus de 325 millions d'euros à son canton avec près de 46 millions d'euros pour les Allocations Individuelles de Solidarité qui ont bénéficié à 3 107 personnes. Mais le volet financier le plus important affecté dans le canton concerne l'économie et en particulier l'agriculture et la viticulture. Ce n'est donc pas un hasard si Kléber Mesquida nous a donné rendez-vous à la cave coopérative de Saint-Chinian, vitrine de l'oenotourisme cher au président du conseil départemental.
Saint-Chinian c'est un lieu emblématique du canton avec l'appellation Saint-Chinian, c'est aussi le cœur géographique du canton. C'est aussi ce qui représente cette carte paysagère du département. Que serait l'Hérault sans cette mer de vignes avec ses disparités depuis la plaine jusqu'aux Hauts-Cantons? On a cette richesse et n'oublions pas qu'après le tourisme, la viticulture est la deuxième économie départementale.
La viticulture, enjeu local et enjeu départemental
Nous voulons instaurer des quotas de 80% d'alimentation locale dans tous les collèges du département, créer des jardins familiaux en mettant à disposition des terres départementales en concertation avec les communes, accompagner les activités agricoles afin de faciliter leur transition écologique et revaloriser les friches agricoles afin de permettre l'installation de jeunes agriculteurs à moindre coût...
Les récentes calamités qui ont touché le département, le gel et la grêle, n'ont pas épargné les agriculteurs et les viticulteurs. Il est certain que ce sujet devrait jouer dans l'élection du futur conseiller départemental à moins que d'autres problématiques n'interpellent les électeurs.
Un canton où une personne sur 4 est au chômage
Le chômage atteint sur ce canton près de 24 % de la population. Un enjeu majeur pour Pierre Polard, 49 ans, maire de Capestang et Laurie Baron, professeure des écoles et conseillère municipale à Pardailhan. Avec leur liste sans étiquette "Hérault Debout", ils ont décidé de défendre l'emploi local tout en s'appuyant sur la reconquête agricole.
A la Salvetat-sur-Agout où nous avons croisé cette liste, le sentiment d'éloignement de certains habitants par rapport aux lieux de décisions et aux villes centres laisse parfois un goût amère. Dans cette ville située à équidistance de Toulouse et de Montpellier, soit deux heures de route, le sentiment d'abandon n'est pas un euphémisme.
La problématique, c'est la diversité de ce canton, de quelques dizaines de mètres en plaine à plus de 1000 mètres ici à la Salvetat-sur-Agout. Oui on peut avoir le sentiment quand on habite ici qu'on est loin de tout! Le rôle du département, c'est d'avoir une action constante pour un aménagement équilibré du territoire, et notamment avec le levier de la reconquête agricole et là, il y a beaucoup de choses à faire pour revaloriser cette activité, les productions agricoles et créer de l'emploi et des richesses localement.
Sur cette terre ancrée à gauche, les sujets ne manquent pas pour donner du piquant à cette élection peut-être pas si fermée qu'il n'y paraît...