Il y a un an, le 23 juin 2017, le gendarme Mathieu Caizergues a disparu alors qu'il randonnait à La Réunion. Le parquet de Saint-Denis considère que le jeune homme est décédé, mais aucun élément n'a permis de comprendre cette mystérieuse disparition. L'information judiciaire reste ouverte.
"Malheureusement, pour nous, ce jeune homme est considéré comme décédé. D'ailleurs, son décès a été déclaré pour permettre à la famille d'effectuer les démarches nécessaires d'état-civil", a indiqué le procureur de Saint-Denis, Eric Tuffery qui a ouvert une information judiciaire pour non-assistance à personne en danger le 28 juillet 2017.
Une disparition mystérieuse
Disparu le 23 juin dernier dans le cirque de Mafate, inaccessible en voiture, Mathieu Caizergues allait avoir 24 ans. Gendarme mobile détaché pour trois mois à la brigade de La Possession, il randonnait avec deux hommes, un gendarme et le mari d'une gendarme, sur un sentier montagneux et parfois dangereux.
Selon les déclarations de ces randonneurs, Mathieu Caizergues aurait été vu pour la dernière fois, à une demi-heure de marche du parking où les trois hommes étaient censés se retrouver.
Il n'est jamais arrivé jusqu'au point de rendez-vous. En fin d'après-midi, il a envoyé à ses proches de métropole une photo de lui, avec une bosse sur le front, via le réseau social Snapchat. Un selfie laissant penser qu'il aurait pu faire une chute.
Partis du lieu de randonnée sans l'attendre, les deux hommes qui l'accompagnaient ont été placés en garde à vue un mois après sa disparition. L'un d'eux a affirmé avoir reçu un appel de Mathieu Caizergues lui disant que tout allait bien.
Les deux hommes avaient fini par alerter les secours, ne le voyant pas revenir.
Ils ont indiqué n'avoir pu le faire qu'en début de soirée, une fois de retour en ville, car leurs batteries de téléphone portable étaient déchargées.
Mais pour la mère du disparu, Delphine Caizergues, "ils ont menti en disant qu'ils avaient attendu Mathieu alors qu'ils sont allés tout de suite retrouver leur voiture. Ils l'ont abandonné dans la montagne".
Les deux gardés à vue ont été relâchés sans poursuite. "Ils pourraient être mis en examen si le juge d'instruction estime avoir assez d'élément pour leur reprocher une non-assistance à personne en danger ou une autre infraction", selon le procureur de Saint-Denis.
Ce que la famille de Mathieu Caizergues espère. "Ils doivent être punis pour ne pas avoir donné l'alerte dès que possible, quand il faisait encore jour", déclare Delphine Caizergues.
Un détective privé
Après avoir reçu l'alerte, les gendarmes du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) ont entamé des recherches.
La famille Caizergues, résidente dans l'Hérault, s'est aussi déplacée sur les lieux pour participer aux investigations.
D'importants moyens ont été déployés, des chiens spécialisés dans la recherche de cadavres sont venus de métropole. En vain.
La famille a aussi fait appel à un détective privé. Sans succès.
L'enquête pour non-assistance à personne en danger est toujours en cours. "Les enquêteurs continuent à réfléchir où pourrait se trouver le corps de Mathieu Caizergues ou du moins ce qu'il en reste", dit le procureur.
"On privilégie une chute, une fois la nuit tombée, lorsqu'il remonte au point de rendez-vous. Mais on ne sait pas où exactement. C'est bien là le problème".
La famille trouve l'hypothèse plausible. Même si des zones d'ombre subsistent.
"La plupart des témoins et des habitants de Mafate le disent : quand on tombe, il y a des objets qu'on retrouve comme des lunettes, des bouts de tissu, un sac, etc. Là, on n'a absolument rien trouvé", affirme Delphine Caizergues.
Selon le détective privé, "une affaire comme celle-là, on n'en voit pas souvent sur l'île. Surtout dans le milieu de la gendarmerie". Pour le parquet, c'est "très fréquent" sur le territoire national.
A La Réunion, le 8 septembre 2010, un homme de 20 ans a disparu dans les locaux du Régiment du service militaire adapté de Saint-Pierre (sud) où il passait un test d'aptitude.
Autre disparition mystérieuse, qui a défrayé la chronique il y a 30 ans : celle d'une institutrice de 24 ans, habitante de Saint-Joseph (sud), disparue la veille du scrutin des élections municipales de 1988.