Alors qu'une start-up de Montpellier tente actuellement de trouver des fonds pour développer la technique de l’insecte stérile pour lutter contre le moustique tigre, l'EID Méditerranée précise que cette méthode expérimentale, déjà testée sur l'île de La Réunion, pourrait être efficace à long terme mais que sa mise en place reste très onéreuse.
La "technique de l’insecte stérile" (TIS) consiste à élever et à stériliser par rayonnement des moustiques tigres mâles, puis à les relâcher en grande quantité dans la nature pour qu'ils s’accouplent aux femelles sauvages. Ces dernières pondent alors des œufs non-fécondés qui ne pourront donc jamais éclore.
Cette technique est actuellement au cœur d'une enquête d'opinion auprès du public de l'Hérault. Les créateurs d’une jeune société montpellieraine, qui espèrent pouvoir développer la TIS dans le département, demandent aux habitants de se prononcer en ligne sur leur perception du moustique tigre et son degré de nuisance au quotidien.
Autre question posée : seriez vous d'accord ou pas pour qu'une partie de vos impôts serve à financier ce dispositif ?
L'EID réservée sur cette nouvelle technique
L’EID-Méditerranée, Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen, une instance financée par le Département et el Région, a pour mission de contrôler les moustiques endémiques des marais issus des zones humides littorales. Elle lutte aussi de manière curative contre le moustique tigre, installé depuis une quinzaine d’années dans la région.
Cette espèce urbaine se développe souvent dans de petits récipients pouvant recueillir un peu d’eau. Très pénible à cause de ses piqûres récurrentes en journée, cet insecte peut aussi transmettre des maladies comme la dengue ou le chikungunya.
Une technique innovante mais onéreuse
"Nous connaissons les scientifiques qui font partie de cette start-up montpelliéraine et nous ne sommes pas opposés à cette technique innovante. Au contraire, la TIS fait partie des outils contre le moustique tigre. Le problème, c’est qu’elle reste très onéreuse puisqu’il faut d'abord faire irradier des millions de mâles dans une usine spéciale, en Italie. Il n' y en a pas en France. Ensuite, il faut les disperser, ce qui demande des moyens humains très conséquents." explique Grégory L'Ambert, entomologiste et responsable de pole à l'EID Méditerranée.
L’EID Méditerranée se fonde sur des expérimentations effectuées sur l’île de La Réunion par l’IRD et le CIRAD et mais aussi à Prades-le-Lez, dans l’Hérault. Si la TIS paraît prometteuse, elle reste loin d'être opérationnelle.
Il ne faut pas faire croire aux gens qu’on va régler le problème du moustique tigre grâce à la TIS dès cet été !
Grégory L'Ambert, entomologiste médical chez EID Med
Des tests à La Réunion et à Prades-le-lez
Sur l'île de La Réunion, 12 millions de moustiques ont été lâchés sur 20 hectares. Là, l'expérience a été assez positive, car elle a permis de réduire de 60 % la présence du moustique tigre sur la zone traitée. Néanmoins, si elle n'est pas menée à grande échelle, son efficacité reste moindre, les moustiques pouvant vite recoloniser le secteur.
Dans ce milieu insulaire, la TIS représente une stratégie intéressante et prometteuse, selon Grégory L'Ambert mais "son coût est énorme car il faut reproduire l’expérience très souvent."
A Prades-le-Lez, près de Montpellier, cette technique a été expérimentée par l'EID il y a deux ans : près de 44 000 moustiques stériles ont été lâchés entre juin et août 2021 par drone, au-dessus d'un quartier de la commune. "Le but de l’opération était d'observer les capacités de dispersion de ces moustiques irradiés et leur capacité de survie avant d’aller plus loin", explique encore l'entomologiste.
Pour le moment, l’EID précise que l'action préventive qui vise à faire la chasse à tout récipient pouvant contenir de l'eau dans les jardins dès les premiers jours du printemps reste encore la meilleure manière de lutter contre le moustique tigre et la moins chère.
Méthode qui restera indispensable, même si la TIS devenait un jour pleinement opérationnelle.