Après la mort de son père à cause du Covid-19, Sophia Ayache a attaqué en justice Édouard Philippe, Olivier Véran et Agnès Buzyn pour leur gestion de la crise sanitaire. La plainte de cette ex-adjointe à la mairie Montpellier a été retenue par la Cour de justice de la République.

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Sophia Ayache a été entendue. Fin juillet, cette élue de l'ancienne majorité municipale de Montpellier annonçait sur une vidéo YouTube qu'elle attaquait en justice trois membres actuels ou anciens membres du gouvernement pour leur gestion de la crise sanitaire. Fin octobre, elle a appris que sa plainte à l'encontre d'Édouard Philippe, Agnès Buzyn et Olivier Véran a été jugée recevable par la chambre des requêtes de la Cour de justice de la République, chargée d'instruire les dossiers impliquant des ministres dans le cadre de leur fonction.

Cette ancienne adjointe au maire chargée de l'handicap, de la jeunesse et la vie étudiante tenait un bureau de vote lors du premier tour des élections municipales le 15 mars. Le 18 mars, Sophia Ayache elle présente des symptômes du Covid-19, alors que le confinement général débutait et qu'elle hébergeait à son domicile ses parents septuagénaires.
 
À l'époque, les masques sont introuvables et sa mère tombe malade. Sophia Ayache prévient le Samu qui refuse de prendre en charge son parent. Emmenée à l'hôpital au moyen d'une ambulance privée, la mère de Sophia Ayache est hospitalisée quinze jours en soins intensifs après avoir été testée positive. Elle s'en est sortie, mais son père n'a pas la même chance. Souffrant à son tour et admis aux urgences du CHU de Montpellier le 30 mars, il y décède 5 jours plus tard.

Tirer les leçons de la crise

Contactée, l'ancienne élue montpelliéraine espère que son action en justice servira à tirer les leçons en matière de gestion de crise sanitaire, ce dont elle doute étant donné l'organisation du deuxième confinement. Elle est représentée par Me Fabrice Di Vizio qui conseille notamment les collectifs Victimes Coronavirus France et C19.

Tous deux espèrent que la Cour déterminera la responsabilité de l'Etat. "La commission des requêtes de la Cour de justice de la République estime qu'il faut enquêter, premièrement, pour savoir pourquoi les masques n'ont pas été commandés suffisamment tôt, considère Me Di Vizio. Car les premier bons de commande datent du 20 mars [il en a la preuve par un document de la Direction générale de la Santé, NDLR]."

L'avocat poursuit : "Deuxièmement, on peut s'interroger sur les raisons de maintenir les municipales, alors qu'on est passé en phase 3 et en confinement total quelques jours après le premier tour. Pourquoi ne l'a-t-on pas annulé ? Parce que pour Mme Ayache, ces municipales sont un noeud : elle était conseillère municipale, était en charge des scrutins, a été contaminée là-bas et a contaminé ses parents. Et l'un d'un est mort, tout de même."

Pourquoi avoir maintenu les municipales ?

Pour Me Di Vizio, la Cour devra interroger des témoins sur l'état de connaissance de l'épidémie ce 15 mars. "Cette question est fondamentale, car on va s'appuyer sur les propos de Mme Buzyn qui, dans les colonnes du journal Le Monde, affirmait quelques jours après le début du confinement qu'elle savait tout, qu'elle avait averti et qu'elle avait quitté le ministère de la Santé en pleurant sachant que les élections n'allaient pas se tenir," estime le conseil, citant l'interview de l'ex-ministre publiée dans Le Monde le 17 mars.
 

On est en raison de se demander pourquoi, si Mme Buzyn savait qu'un tsunami allait s'abattre sur nous au point de remettre en cause la tenue des municipales, celles-ci ont été maintenues ? Elles sont sont tenues sans gel, sans masques, ça a été une hécatombe.

Me Fabrice Di Vizio, avocat de Mme Sophia Ayache



 
 
Le gouvernement a-t-il volontairement tardé à prendre des mesures ? Et a-t-il donné les moyens aux hôpitaux d'accueillir les patients ? Le SAMU du CHU de Montpellier a refusé de se déplacer pour la mère de Sophia Ayache, qui s'est rendue à l'hôpital en ambulance privée. Pour l'avocat, cela pose question. "On peut raisonnablement se demander si il y a eu une application trop zélée ou des instructions visant à trier les patients. Est-ce que tout cela ne releverait par d'instructions nationales ?" soutient Me Di Vizio.

En plus de son initiative à l'encontre du gouvernement français, Sophia Ayache a déposé plainte contre X au parquet de Montpellier pour le refus de prise en charge de sa mère par le Samu pour faire saisir l'enregistrement des appels. Cette affaire est toujours en cours.
 
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