Un professeur d'histoire-géographie de 47 ans a été assassiné vendredi à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines. Dans l'académie de Montpellier, professeurs et parents d'élèves se disent consternés. "Mais nous ne céderons jamais à la peur", assurent-ils ce samedi.
"Nous sommes submergés par la consternation et l'effroi". Ce samedi, Stéphane Audebeau, représentant du syndicat enseignant SNES-FSU 34, est encore sous le choc.Vendredi en fin d'après-midi, un homme a égorgé un professeur d'histoire-géographie à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines : quelques jours plus tôt, l'enseignant avait montré en classe des caricatures de Mahomet dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression.
L'acte a été revendiqué sur Twitter par l'agresseur, qui a été abattu quelques minutes après par des policiers. Une enquête a été ouverte par le parquet antiterroriste : selon les premiers éléments recueillis par nos confrères de franceinfo, l'homme de 18 ans est d'origine tchétchène et était inconnu des services de renseignement.
Cela peut nous arriver à toutes et tous, et c'est ça qui est inquiétant. Mais nous ne céderons jamais à la peur et nous ne changerons pas notre façon d'enseigner.
Rassemblement hommage ce samedi devant la préfecture de l'Hérault
A l'initiative du SNES-FSU, un rassemblement a eu lieu ce samedi, devant la préfecture de l'Hérault. Une minute de silence en hommage à l'enseignant décédé a été respectée.Le maire de Montpellier Michaël Delafosse, lui-même professeur d'histoire-géographie, a également tenu à apporter son soutien à la famille de la victime et à la profession.
"On doit tous se réveiller"
Dominique Pons est professeur de Sciences Economiques et Sociales (SES) au lycée Jules Guesde de Montpellier et dispense également un cours d'Enseignement Moral et Civique (ECM).En classe, elle aborde régulièrement la question de la liberté d'expression. Toutefois, elle constate depuis quelques années que le sujet provoque parfois des réactions inattendues.
Attachée à la laïcité et aux libertés, l'enseignante en SES remarque une évolution des moeurs et valeurs "pas toujours rassurante" au sein de cette nouvelle génération d'élèves. "L'école est le lieu où l'on doit parler de tout et aider les citoyens à se construire. J'ai l'impression que nous rentrons dans une spirale du tabou et du politiquement correct. On doit tous se réveiller."Il y a un mois, deux de mes élèves présentaient la revue de presse de la semaine : ils ont parlé de la republication des caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo, à l'occasion de l'ouverture du procès. A l'ensemble de la classe, ils ont demandé : "parmi vous, qui pense qu'ils ont eu raison de republier ces dessins ?" Seule la moitié des élèves a levé la main.
Dominique Pons l'assure : elle abordera l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine avec ses classes dès la rentrée des vacances de la Toussaint.
Renforcer la coopération entre les professeurs et les parents d'élèves
Du côté des parents d'élèves, on se dit également "très choqués par cet acte de barbarie". "Nous sommes de tout coeur avec le corps enseignant", assure Rémy Landri de la FCPE des Pyrénées-Orientales.Le représentant syndical est également convaincu que la coopération entre les parents d'élèves et les enseignants doit être renforcée. "Nous devons aborder ce sujet avec nos enfants et soutenir encore davantage les professeurs : nous avons les mêmes objectifs qu'eux et la même vision du rôle de l'école."
A Perpignan, le maire Louis Aliot a également décidé de rendre hommage à l'enseignant assassiné : les drapeaux des édifices publics sont en berne, a-t-il annoncé. Une centaine de personnes, dont des élus, étaient réunies ce samedi à 12h devant l'Hôtel de Ville pour une minute de silence.