L’eau est une ressource précieuse, surtout dans une région comme la nôtre confrontée régulièrement à la sécheresse. Il est désormais possible de l’économiser et de limiter son utilisation. Nereus, une entreprise héraultaise basée au Pouget, a inventé une machine pour recycler les eaux usées.
À Vias, le camping Tokapi le Petit Mousse, sollicite la nappe phréatique pour ses besoins quotidiens en eau. Une nappe en tension. Alors depuis trois ans, elle a installé à l’arrière de l’établissement une machine révolutionnaire imaginée par Nereus. Cette technologie permet de recycler les eaux usées. Et la démonstration est parlante. Les eaux grises sont envoyées grâce à un système de pompes sur l’unité de filtration qui contient deux barrières physiques dont la principale est une membrane en céramique.
« C’est notre coeur de procédé. Cette membrane en céramique rotative est très poreuse. Ses trous mesurent la taille de quelques nanomètres, c’est-à-dire qu’ils sont infiniment petits. Ainsi ils ne laissent passer que l’eau. Ils retiennent toute la matière organique mais aussi les virus et les bactéries »
Une eau limpide, de qualité
À la sortie, quand on ouvre le robinet et qu’on laisse couler cette eau filtrée, le résultat est sans appel. L’eau noirâtre est devenue claire et limpide. Elle est de très grande qualité. On aurait presque envie de la boire mais la réglementation l’interdit. Cette eau sera utilisée pour arroser les espaces verts du camping.
« Cette machine est positionnée en amont de notre système d’assainissement. Elle va traiter 60m3 d’eau recyclée par jour qui vont être envoyés dans nos canaux d’irrigation. Cela va couvrir 80% de nos besoins en irrigation sur le camping. Ce n’est pas négligeable. »
Une station d’épuration nouvelle génération
Cette technologie intéresse aussi les collectivités territoriales notamment la communauté de communes de Saint-André-de-Sangonis. Elle a accepté qu’un pilote soit installé cet été 2021 à côté de leur station d’épuration.
Le projet s’appelle « Save » pour « Station Avancée pour la Valorisation des Effluents ». Ce prototype prometteur représente une rupture technologique avec les traitements traditionnels.
Outre l’élimination de la pollution conventionnelle, cette filière repensée cible les micropolluants présents dans les eaux usées et les résidus médicamenteux qui polluent nos rivières et nos nappes phréatiques.
Des économies sur le foncier et l’électricité
Cette station d’épuration présente le gros avantage de faire gagner de l’espace. Alors que la pression démographique s’accroît, trouver du foncier disponible pour traiter de nouveaux effluents est souvent très difficile. Cette machine, elle, fait la taille d’un container maritime. Elle est donc beaucoup moins volumineuse qu’une station d’épuration classique.
L’autre poste de dépense important des stations d’épuration est l’électricité. Pour faire tourner les grandes pâles d’une station conventionnelle, il faut un abonnement électrique très énergivore et souvent tirer des câbles vers des sites isolés. La machine de Nereus, elle, fonctionne avec un moteur de machine à laver !
« Cette station nouvelle génération peut rendre un service important à la population, déjà par le service rendu en améliorant le traitement des eaux usées mais aussi en réduisant la facture des ménages. »
L’ambition olympique
Nereus vient de décrocher un nouveau marché. Et cette fois c’est en ville, en plein Paris que leur machine va être exploitée. La société des ouvrages olympiques a retenu cette innovation pour les JO de 2024. Elle sera installée au coeur du village olympique pour lutter contre les îlots de chaleur urbains qui vont se généraliser avec le changement climatique.
L’idée est de filtrer cette fois l’eau des égouts. Une première.
« Avec cette ressource disponible en permanence, nous allons irriguer les espaces verts et un grand nombre d’arbres pour qu’ils puissent évapotranspirer. Nous rafraîchirons ainsi l’espace et gagneront entre 4 à 6 degrés. Cela permettra de limiter la consommation de climatisation dans les bâtiments alentours. »
Les JO représentent un beau défi et une belle vitrine à l’international pour cette start up héraultaise qui emploie déjà 37 salariés. Elle espère ainsi accélérer son développement.