Il y a un an, un amphithéâtre occupé par des étudiants était évacué par un commando armé. Des violences qui ont provoqué deux enquêtes, administrative et judiciaire. Des étudiants se sont rassemblés devant la faculté de droit vendredi 22 mars avec un slogan : "ni oubli ni pardon".
Environ 200 étudiants se sont rassemblés ce vendredi midi, devant la faculté de droit de Montpellier un an après les violences lors de l'évacuation d'un amphithéâtre occupé.
Leur slogan : ni oubli ni pardon.
Un rassemblement à l'appel de syndicats étudiants. Les étudiants venus de l'université Paul-Valéry étaient les plus nombreux. Certains étudiants de la fac de droit dénoncent une mauvaise ambiance et des pressions à l'intérieur de leur université.
C'est important de marquer le coup, à la fois pour que l'enquête en cours continue d'avancer et à la fois en interne parce qu'il y a encore des problèmes et des pressions.
Reportage de Florent Hertmann et Benoît de Tugny :
Les faits :
Le 22 mars 2018, en plein mouvement de contestation étudiante sur la réforme de l'accès à l'université prévue par le gouvernement, des étudiants décident d'occuper un amphithéâtre de la faculté de droit de Montpellier.C'est une première depuis mai 68. La soirée démarre dans le calme. Pour la première fois , des étudiants occupent un amphi de la faculté de Droit. Ils se mobilisent contre une réforme des droits d'entrée à l'université.
Mais vers minuit, tout dérape. Un commando d'hommes armés et cagoulés pènètre dans l'établissement pour faire évacuer par la force les manifestants.
Les vidéos témoignent de la violence de la scène. Plusieurs étudiants sont frappés et blessés.
Rapidement, les témoignages convergent.
Certains membres du commando seraient des professeurs de la faculté de Droit.
Deux enquêtes sont dilligentées : une administrative et une judiciaire...
Le doyen et un professeur de droit sanctionnés :
Le rapport de l'enquête administrative est accablant pour le doyen de la faculté de droit et pour un professeur d'histoire du droit.Une commission de discipline dépaysée à Paris suit ses conclusions et abouti à de lourdes sanctions en février dernier.
Philippe Pétel, le doyen de l'époque, considéré comme le commanditaire de l'action, se voit infliger 5 ans d'interdiction d'exercer, ce qui, compte tenu de son âge, revient à une mise à la retraite d'office.
Jean Luc Coronel de Boissezon, un professeur d'histoire du droit, accusé d'avoir lui-même participé au commando, a été révoqué.
Cinq mises en examen et des questions :
Parallèlement, l'enquête judiciaire conduit à la mise en examen des deux hommes ainsi que de 3 autres personnes, proches des milieux d'extrême-droite et de la Ligue du Midi.
En septembre 2018, Philippe Pétel, qui avait démissionné de son poste de doyen après les incidents, a été mis en examen pour complicité d'intrusion et Jean-Luc Coronel, professeur d'histoire du droit, a été mis en examen pour complicité d'intrusion et violences en récidive, en raison d'une condamnation datant de 2013.
Tous les deux sont placés sous contrôle judiciaire.
Et aujourd'hui ?
Un an après les faits, certaines victimes déplorent de n'avoir toujours pas été entendues par les enquêteurs.Ce que regrette Sophie Mazas, avocate et préseidente de la Ligue des Droits de l'Homme à Montpellier.
La direction de la faculté de droit n'a pas souhaité répondre à nos questions.Le temps presse et les souvenirs s'estompent (...) Un autre professeur a été vu par deux étudiants qui l'ont décrit et nommé. Mais il n'y a eu aucune diligence contre ce professeur qui est toujours en chaire à la fac de droit.
Reportage Sébastien Banus et Nicolas Chatail :