Fin des terrasses chauffées, les restaurateurs inquiets : "on est tous écolos mais il ne faut pas devenir des ayatollahs"

Depuis ce jeudi 31 mars, il n'est plus possible pour les professionnels de la boisson et de la restauration de chauffer leurs terrasses. Les restaurateurs et cafetiers de Montpellier s'inquiètent des conséquences.

Le décret est paru ce jeudi matin 31 mars au Journal Officiel. C'est une conséquence de la loi climat adoptée en août 2021 : les chauffages et climatisations (dont les brumisateurs), sont désormais interdits sur l'espace public. Et la date tombe particulièrement mal pour les professionnels montpelliérains : pile au moment où la météo annonce un coup de froid jusqu'en début de semaine prochaine !

La terrasse, c'est 80 % de mon chiffre d'affaire

Thomas Nunez, patron d'un restaurant à Montpellier

"La terrasse, c'est 80 % de mon chiffre d'affaire", explique Thomas Nunez, le patron du Bouchon Catalan, un bar à tapas proche de la gare de Montpellier Saint-Roch. "J'ai dix tables à l'intérieur et vingt en terrasse. Cet espace pour nous, jusque là, c'était notre deuxième salle", poursuit-il. Et effectivement, tout cet hiver, la terrasse du commerce était fermée par des bâches de chaque côté, qui protégeaient les consommateurs du vent. Et des chaufferettes permettaient d'adoucir les températures.

Le patron du Bouchon Catalan estime que sans ces dispositifs, son restaurant ne sera plus attractif une bonne partie de l'année : "On va devenir un commerce saisonnier, on a pas le choix. A la rentrée prochaine, on va fermer d'octobre à mars. Et on versera un loyer pour rien, mais au moins on n'aura pas toutes les autres charges à payer."

Un mouvement qui pourrait ne pas être isolé, selon Jacques Mestre, le président de l'Union des métiers de l'industrie de l'hôtellerie dans l'Hérault, le principal syndicat du secteur. Qui s'inquiète lui aussi des conséquences pour ses adhérents : "Nous sommes des villes du Sud, touristiques. Nos établissements sont faits pour recevoir des gens à l'extérieur." Le syndicaliste y voit un choix au nom de l'écologie mais au détriment de l'économie locale : "Aujourd'hui, on est tous écolos et conscients des enjeux. Mais il ne faut pas devenir des ayatollahs. Les gens qui prennent ces décision ne se rendent pas compte du mal qu'ils nous font."

Des professionnels déjà fragilisés

Une mesure qui tombe particulièrement mal pour les professionnels, déjà fragilisés et souvent endettés après la crise du Covid : "On vient de faire une réunion à la banque de France, pour faire le point sur les prêts garantis par l'Etat accordés pendant les confinements. Et j'ai demandé un doublement des délais, car de nombreux restaurateurs sont encore en difficulté. Vu le contexte de guerre et de baisse du pouvoir d'achat, on peut penser que les consommateurs vont rester prudents cet été, ne pas trop dépenser. Alors rajouter ça...," détaille Jacques Mestre.

L'UMIH 34 n'a pas prévu de mobilisation pour l'instant sur ce sujet. Mais la base grogne et certains restaurateurs envisagent de manifester leur mécontentement bientôt, d'une manière ou d'une autre. Car un autre élément inquiète les professionnels montpelliérains. Le "nouveau règlement de l'espace urbain" de la ville, adopté en 2021, interdit aussi l'éclairage des terrasses, qui ne doit désormais reposer que sur les candélabres publics.