Fin de l'instruction à la maison : des parents dénoncent une stigmatisation injustifiée

Pour lutter contre le séparatisme religieux, Emmanuel Macron a annoncé que l'instruction à domicile serait désormais strictement limitée, sauf "impératifs de santé". Une décison catastrophique pour de nombreuses familles, pour qui cette éducation alternative serait indispensable.

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Pour Lionel René, "c'est la double peine". Papa d'un garçon de dix ans aux reins défectueux, il a été contraint de retirer son fils de l'école il y a trois ans. Face aux difficultés, il a fondé une association "Le lien pour l'instruction en famille", qui accompagne 70 familles dans l'Hérault.

Une stigmatisation injustifiée

Parmi elles, Lionel l'assure,  "Je n'ai jamais connu de cas de sortie d'école pour raison religieuse dans la région." Si le séparatisme est une réalité, il ne représente qu'une infime partie des cas qui s'avèrent extrémement variés : harcèlement, phobie scolaire, pédagogies alternatives et problèmes de santé pour la moitié d'entres eux.

Suite à l'annonce d'Emmanuel Macron, qui souhaite limiter au maximum l'école à domicile, ce père de famille se sent incompris et dénonce une stigmatisation de la part de l'Etat : "lier l'instruction à domicile et le séparatisme religieux, ça ne donne pas une bonne image." Plusieurs donateurs ont déja annoncé vouloir quitter l'association.

L'école à la maison c'est un choix, mais un choix contraint. Le but est de maintenir le maximum de liens avec l'école.

Lionel René, père d'un enfant scolarisé à la maison

Une mesure contre-productive

50 000 enfants ont été scolarisés à domicile cette année en France, soit 14 000 de plus en seulement deux ans. Une augmentation qui s'explique aussi par l'abaissement de l'âge de l'instruction obligatoire de six à trois ans. Ce qui a encore accru le nombre d'enfants scolarisés à domicile. Les déscolarisations pour raisons religieuses ne sont pas comptabilisées, impossible donc de quantifier ce phénomène.

Selon Henri Siino, président du "Lien pour l'instruction en famille", cette réforme pourrait même être contre-productive : "Les familles sont controlées chaque année par un inspecteur, mais comment un professeur peut-il déceler un cas de radicalisation dans une classe d'une vingtaine d'enfants ?". Pour cet ancien enseignant, cette décision risque d'isoler encore un peu plus les familles, qui risquent de se marginaliser face au manque d'accompagnement : "Sous le prétexte du séparatisme, les efforts des familles vont êtres sacrifiés. C'est injuste."

Quelle place sera faite à ces enfants différents, forcés de réintégrer l'école ? "Ces enfants autistes dont personne ne veut, il va falloir tous les intégrer d'un coup ?" s'interroge Henri Siino. Car ces enfants nécessitent souvent un accompagnement spécialisé alors même que les classes sont nombreuses et que les assistants de vie scolaire (AVS) se font rares.

Le projet de loi sera débattu en Conseil des ministres le 9 décembre, puis discuté au Parlement au premier semestre 2021.

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