Florence Rodhain chercheuse à Montpellier alerte "le numérique pollue déjà notre environnement et nos rapports humains"

Quelles sont les conséquences de la pollution numérique ? En 2025, elle serait la première pollution mondiale. Florence Rodhain, enseignante-chercheuse à l'Université de Montpellier et auteure du livre "La nouvelle religion du numérique" nous alerte dans l'émission "Ensemble c'est mieux".

Très gourmands en énergie, les équipements numériques, les serveurs et les réseaux d'échanges de données sont responsables d’une pollution importante en raison d'une très grande quantité de CO2 dégagée pour les fabriquer et les faire fonctionner. Le débat autour des conséquences de l'industrie du numérique s'est tenu au Sénat qui a adopté le 12 janvier 2021, une loi visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique en France.

Florence Rodhain, docteure en systèmes d'information, maître de conférence à l'Université de Montpellier nous ouvre les yeux sur les dangers causés par la pollution numérique.

A travers ses recherches et dans son quotidien d'enseignante, elle observe déjà en 2021 l'impact de l'empreinte de l'industrie du numérique sur l’environnement mais aussi sur les relations humaines. Et ce n'est qu'un début car d'après ses recherches : "Aujourd'hui, l'industrie lourde du numérique pollue 33% de plus que l'aviation civile. Si on ne fait rien, en 2025, elle polluera trois fois plus".

Alors si, vous vous demandez pourquoi et comment, voilà ce qu'elle répond aux questions de Michaël Potot, présentateur de l'émision de France 3 Occitanie "Ensemble c'est mieux" :

Comment le numérique pollue l'environnement ? 

  • L'empreinte carbone. Cette pollution est dûe à une forte consommation d'électricité qui entraîne des émissions importantes de CO2 dans l'atmosphère. Une box consomme plus d'énergie qu'un grand réfrigérateur. 
  • La fabrication des équipements numériques et les déchets électroniques polluent les sols à cause des métaux lourds qui les composent. 80% des déchets électroniques sont gérés de manière irresponsable en les envoyant dans des pays pauvres où ils sont stockés dans des décharges à ciel ouvert.
  • Le renouvellement des équipements encore en état de marche provoque un amoncellement de déchets électroniques. 88% des français changent de téléphone alors que l’ancien fonctionne encore.
  • Les centrales de stockages munériques climatisées (centres de données) se multiplient sur la planète.

Envoyer un mail consomme autant qu’une ampoule allumée pendant 25 minutes.

Florence Rodhain.

Les relations humaines seraient-elles en danger ?

  • Désormais, il existe aussi une pollution des rapports humains. En effet, nous sommes de moins en moins attentifs à ce que dit la personne avec qui nous parlons. Même à table le smartphone s’invite. Il crée une barrière entre les personnes. Les alertes, les messages captivent toute notre attention au détriment de l'échange oral et visuel.
  • L'enseignement soutenu par les tablettes (distribution de tablettes par les Académies et les municipalités) n'est pas pour aider les plus jeunes à gérer une utilisation responsable du numérique. 
  • Pendant les cours à l'Université de Montpellier, on se retrouve face "une forêt d'ordinateurs" devant des étudiants distraits.

Le prof est en concurrence avec la dopamine des likes 

Florence Rodhain enseignante chercheur à l'Université de Montpellier

Oui ou non au "tout numérique" ?

A l’heure où nos enfants sont de plus en plus connectés, la question de l'utilisation du numérique dans l'éducation interroge aussi. Pendant plusieurs mois, une étudiante en thèse a mené une étude sur le comportement d'élèves munis de tablettes en classe. En moyenne, lorsqu'ils les utilisent, c'est à 80% du temps pour se distraire (facebook et jeux) et 20% pour travailler sur le contenu pédagogique.

Dans cet extrait de l'émission, elle explique comment les pollutions numériques sur l'environnement et sur les rapports humains sont liées.

Dématérialisation, une chimère ? 

Concernant le mot "dématérialisation" à propos du numérique, Florence nous met en garde. L'abandon du papier pour conserver nos données ne nous débarasse pas de la matière puisque tous les appareils comme les ordinateurs, disques durs nécessitent bien de l'énergie pour les fabriquer et également pour sauvegarder les données sur les centres de données.
De plus, la carte de voeux numérique reste souvent plus longtemps dans notre boîte mail que celle que l'on recevait par la poste dans notre tiroir de bureau. Donc, la dématérialisation est un terme incorrect, c’est un mythe qu’il faut détruire.

Mais alors, il faut supprimer le numérique demande Mickaël ? Non, répond Florence mais il faut apprendre les gestes responsables et un usage mesuré de nos actions.

Les gestes à apprendre pour moins polluer

  • Vider ses mails régulièrement pour limiter le stockage dans des centres de données.
  • Eviter les appareils connectés énergivores.
  • Privilégier le téléchargement plutôt que le streaming.
  • Eteindre à la maison la box pendant la nuit et pendant notre absence.

    Revoir l'intégralité de l'émission "Ensemble c'est mieux" diffusée le 18 janvier 2021sur France 3 avec Florence Rohdain et Julia, coach en détox digitale qui présente sa jomobox.

     

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